Sous l'Emprise de la Musique

Prologue + Chapitre 1

"Seuls les plus petits secrets ont besoin d'être protégés. Les plus gros sont gardés par l'incrédulité publique."

Marshall McLuhan,

Professeur Canadien, philosophe et intellectuel

Prologue

J'ai repris contact avec la réalité graduellement. Allongée sur un lit, je n'avais aucune idée d'où je me trouvais, ou comment j'avais pu aboutir là. L'air sentait les algues et j'entendais les vagues se briser au loin. Aucun autre son ne parvenait à mes oreilles.

Puis j'ai ouvert les yeux et senti mon cœur s'emballer. Je ne voulais pas succomber à la panique alors j'ai tenté de rester concentrée sur des indices pouvant me remémorer les événements précédant mon arrivée dans cet endroit.

La chambre était décorée avec goût, très sobrement, dans des tons clairs et la brise faisait danser un rideau transparent dans la grande fenêtre entrouverte. Une porte semblait donner sur une pièce voisine et l'autre sur une galerie. J'ai cligné des yeux, aveuglée par la lumière provenant de l'extérieur et j'ai vu l'océan à quelques dizaines de mètres de là. Une plage de sable blanc...

Cela m'était vaguement familier. Ou était-ce un rêve? Je me suis sentie isolée et la panique s'est mise à me tordre les entrailles. Comme si tout mon corps savait que je ne devais pas être là, mais que ma tête ne parvenait pas à me fournir une explication satisfaisante.

Je me suis levée d'un bon pour courir vers la porte, mais mes jambes ont croulé sous mon poids. J'ai percuté le plancher brutalement et je suis restée affalée pendant quelques secondes... ou quelques minutes. J'avais totalement perdu la notion du temps.

J'ai usé de toute ma volonté pour me remettre debout. Mes jambes me portaient difficilement et j'ai titubé jusqu'à l'extérieur.

- Allo? Il y a quelqu'un?

Aucune réponse.

Je me suis appuyée à la rambarde de la véranda et j'ai observé les alentours. Il n'y avait que cette petite maison en bois blanc usé par l'air marin, isolée par des graminées et des palmiers et aucun voisin à proximité, à ce qu'il semblait. Les herbes éparses cédaient rapidement place à la plage et j'ai tenté de détecter des traces de pas. Dans le sable mou, cela m'est vite apparu impossible.

J'ai baissé les yeux sur mes mains qui supportaient majoritairement mon poids et j'ai vu des marques sur mes poignets. C'est à ce moment que j'ai pris conscience de la douleur qui les accompagnait et j'ai entendu ma respiration accélérer.

- Que m'est-il arrivé?

Des larmes ont piqué mes yeux. Mon corps me faisait mal, je me sentais si faible que je craignais d'avoir été droguée et j'ignorais combien de temps s'était écoulé depuis mon dernier souvenir, à Los Angeles.

J'ai marché avec difficulté sur la véranda et j'ai ouvert une porte qui donnait dans une cuisine à aire ouverte adjacente à un salon. Sur le comptoir était posé un pichet d'eau, deux comprimés blancs non identifiés et une note :

«Vous avez besoin de repos. Un docteur viendra vous visiter à tous les jours, ainsi qu'un psychologue. Nous vous apporterons le courrier de vos fans sur une base régulière. Il y en a déjà une pile sur la table du salon. Ça vous aidera à passer au travers. Prompt rétablissement, Mme Lewis. PS. Prenez-les cachets, vous vous sentirez mieux.»

Chapitre 1

C'était un après-midi suffocant de juin et l'air de la métropole était chargé d'humidité, pratiquement irrespirable. New York était une ville magnifique mais ses canicules la transformaient en une sorte d'enfer brûlant et insupportable.