[FR] HYUNG × Yoonkook

Stay

« Hyung, on s'est promis qu'on serait des frères pour toujours. Qu'on souriait toujours, tant qu'on serait ensemble. Tu as dis que tu aurais mes arrières et moi que j'aurais les tiennes. Je suis si désolé hyung, je t'ai failli. Parce que d'une façon inconnue, j'ai évité l'ombre derrière ton sourire et la douleur derrière tes yeux. Elles t'ont consumé. Et je t'ai perdu. J'essaie d'imaginer, à quel point tu as souffert, mais ce n'est jamais assez. J'ai réalisé que je ne peux pas continuer sans toi, hyung. Alors s'il te plait, attends moi là, de l'autre côté. »

J'ai déposé ma lettre et mes yeux sur la pierre tombale où la gravure inscrivait :

« Min Yoongi, 1993-2016. Fils et ami pour toujours dans nos cœurs »

Puis j'ai tourné les talons en laissant avec l'homme que j'aimais, celui que j'étais, que j'avais été. Il ne reviendrait plus jamais. J'avais enterré Jeon Jungkook avec lui cet après-midi, sous la fine neige du mois de février.

J'avais été invité à aller au genre de petite fête que ses parents donnaient ensuite. Pourquoi fêter ? À quoi cela servait-il de fêter quelqu'un qui n'était plus ? C'était dans un mois qu'on aurait du le fêter. Dans un mois, il aurait dû avoir 25 ans, mais il n'aura jamais vu plus loin que ses 24. Il avait encore toute la vie devant lui, pourquoi avait-il fallu qu'elle se termine si abruptement et dans de telles circonstances ? Il n'y avait rien à fêter. Si on avait voulu fêter Yoongi, on aurait fait plus attention à lui, à comment il se sentait et ce soir-là, il n'aurait pas vidé la bouteille de whiskey avant de mettre le feu à sa chambre au motel, dans laquelle il avait brûlé vif, insensible à la vie.

J'avais une part de responsabilité dans cette histoire. Je ne l'avais pas plus aidé alors que j'aurais du être la première personne à le remarquer. J'étais celui qui passait le plus de temps avec lui, mais son sourire et ses yeux brillants lorsqu'il était avec moi m'avaient aveuglés. Je n'ai jamais pensé qu'il voudrait mettre fin à ses jours d'une façon si atroce. Et pourtant, il l'avait fait et maintenant, j'étais seul, terriblement seul et brisé moi aussi.

Le pire aura été de ne jamais avoir pu lui dire de vive voix ces trois mots qui me brûlaient les lèvres chaque fois que je le voyais. Ils restaient toujours coincés au fond de ma gorge, je n'avais jamais osé lui dire alors que c'était pourtant si simple. Rien de compliqué pourtant, juste trois mots qui voulaient tout dire, qui auraient pu changer nos vies, mais j'ai été trop trouillard pour les dire et je les regrette encore amèrement.

« Hyung, je t'aime. »

Si j'avais dit ses mots, je n'aurais pas passé l'après-midi à entendre tout le monde parler de comment il était avant de quitter le monde des vivants. Peut-être que j'aurais passé la journée à l'écouter jouer sur son piano, ma tête posée sur ses cuisses. J'aurais préféré le regarder, sa peau blanche, ses lèvres rosées et ses cheveux, qu'il avait décolorés en blond. Je n'aurais pas été obligé de regarder ce cercueil noir, lequel on ne pouvait pas ouvrir puisqu'il contenait les restes carbonisés de ce qu'avait autrefois été mon Yoongi. Il était le plus bel homme que j'avais vu, avec ses traits fins et masculins à la fois. Puis ses mains, porteuses de rêves sur un trottoir noir et blanc.

Son doigté allait me manquer. La façon dont ses doigts se déplaçaient rapidement sur les touches noires et blanches était tellement impressionnante, j'étais fasciné de le voir faire chaque fois. Il avait toujours eu un don musical, sans même penser, il pouvait enfiler les notes sur une partition et créer de magnifiques morceaux que jamais personne n'avait entendus. Sauf moi.

Le tir à l'arc allait aussi me manquer chez lui. La façon dont son corps s'allongeait dès qu'il levait l'arc, l'arme devenait une prolongation de son corps et le rendait complètement parfait. Chaque muscle de son corps était tendu, comment ses doigts tenaient la poignée tandis que l'autre tirait sur la corde et l'encoche pour faire plier les branches. Son regard dans le viseur était toujours rivé sur la cible et au tir à l'arc, il avait toujours cette adorable manie de tendre les lèvres avant de relâcher la corde. Il avait gagné tellement de compétitions, j'étais toutes allé les voir.