Ne pensons qu'au futur

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Nous marchions main dans la main vers une destination inconnue. Je me fichais bien d'où il pouvait m'emmener, sa chaleur touchant ma peau était suffisante.
Ses cheveux bouclés qui s'emmêlaient à chaque brise passant fut une vue merveilleuse pour moi qui me trouvait légèrement en retrait. Sa nuque aussi blanche qu'une poupée de porcelaine semblait doucement m'attirer vers elle. Était-ce là, l'amour ?

Sa masse s'arrêta soudainement devant une maison. Une bâtisse que je connaissais bien, dans laquelle j'avais passé le plus clair de mon enfance. Par ailleurs, les plats que la mère d'Izuku nous préparait étaient délicieux.
Il me lâcha la main pour taper un code et ouvrir la porte, m'invitant à l'intérieur avec son sourire timide. Comme un enfant contrarié, je m'avançai et repris sa main dans la mienne.
Je ne voulais plus le lâcher.

Je savais que mon bouclé ne m'avait pas emmené ici sans raison, et ne pas connaître l'origine de ses actions me braquait. Je détestais ne pas savoir tout comme je détestais les surprises.
Il me débarrassa de ma veste, l'accrocha au porte-manteau et prit un air grave. Ses doigts se détachèrent des miens pour fermer la porte d'entrée à clés.

Il hésita quelques secondes la bouche entrouverte avant de parler.

« - Kacchan... Retire ton jean. »

Pendant quelques secondes, j'étais resté muet suite à la demande qu'il me faisait. N'était-ce pas un peu tôt pour écraser toute pudeur entre nos deux corps ? Mais ce premier sens ne fut pas la réelle demande d'Izuku.
Ses yeux émeraudes fixaient mon mollet droit brûlé.

Je recula et m'appuya contre la porte d'entrée, terrifié. S'il y avait bien une personne à qui je ne souhaitais pas le montrer, c'était bien lui !
Aussi apeuré que moi, Izuku se ravisa en se justifiant comme il le put. Il déblatérait des mots d'une telle vitesse que tout me devenait incompréhensible.
Je me sentais flotter, ma vision se flouait. La silhouette de mon homme disparaissait doucement. Les changements soudains de cette journée suivie de mon angoisse n'avaient pas réussi à cohabiter dans mon esprit.

Deux mains sur mes épaules me firent écrouler fessier à terre ramenant ma vision claire.

« - Kacchan ! Désolé... »

Et après ses paroles, il entoura de ses bras mon cou et s'écroula contre moi. D'ordinaire si arrogant, je n'avais dit mot.
Mon cou se mouillait des larmes d'Izuku. J'aurais voulu le bercer, lui chanter une chanson qui me rappelait mon enfance où je pensais que les montres tels que le croque-mitaine se cachait sous mon lit et n'attendaient que la nuit pour venir m'effrayer. Je me rappelle que devant mon père, je montrai les poings et criai en tapant sur mon lit que je n'avais pas peur d'eux, que je deviendrais le meilleur héros du monde et les vaincrai tous un par un.
Mais l'homme qui pleurait dans mes bras ce jour-là était le type d'enfants qui avait peur de tout, même du vent tapant sur ses vitres les jours de tempête. L'innocence de l'enfant, elle m'avait quittée depuis si bien longtemps qu'elle me manquait. Elle était partie pour ne laisser place qu'à la réalité cruelle d'un monde où les hommes ne sont pas égaux et ne le seront certainement jamais.
La paix de l'enfant avec lui-même, je la voulais à tout prix.

D'un soupir, je me relevai ainsi qu'Izuku par la même occasion, les joues rougies.

« - Ce n'est pas de ta faute. Je vais me déshabiller. »

Je retirai mon jean et le jeta sur mon épaule. Mes cuisses, musclées par les entraînements n'étaient plus aussi belles après mon accident. Ma peau cramée faisait tâche et j'en avais terriblement honte.
J'étais terrifié à l'idée qu'il ne m'aime plus après l'avoir vu de nouveau. Je pense surtout que mon esprit avait tenté de se convaincre par toutes les excuses du monde, bien qu'elles soient irrationnelles, que peu importe mes actions, j'allais perdre celui que j'aime.

Selfish (KatsuDeku)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant