Chapitre 41 : débrouille

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Je soupirai, et déposai mon crayon sur la table, déjà encombrée de feuilles volantes, livres, fioles et échantillons en tous genres.

-Bordel... Comment je me suis retrouvé avec cette merde déjà ?

Il regarda par dessus mon épaule.

-Cela m'a l'air de s'agir d'un simple problème de pondération dans la réaction d'oxydo-réduction. Il me semblait que tu t'étais spécialisé dans les branches scientifiques lors de tes études... Si tu ne sais pas effectuer ce genre d'opérations, à quoi bon-

-Fermez-la ! le coupai-je sèchement. Je vais me démerder seul, merci bien !

Sur ce, et sans lui laisser le temps de me donner je ne sais quelle réponse satisfaite, je me levai pour aller prendre quelque chose à boire et sortir de la pièce.

Il me tapait déjà sur les nerfs avant d'accepter de l'aider, et maintenant c'était encore pire... Je devais travailler avec lui, pour ses expériences, rapports à rédiger, et machines toujours plus étranges à construire.

Mais, même si leur utilité potentielle m'intriguait fortement, ce n'étaient pas celles-ci les plus inexplicables, selon moi. Le plus bizarre de tout de qu'il me demandait de faire était certainement les mélanges quotidiens de substances étranges et aux couleurs vives. Vert foncé, jaune, orange, rouge, mauve, bleu roi, et bleu cyan, la plupart du temps.

Et surtout, avec tout ça, je ne voyais toujours pas de lien concret avec la fuite de ma petite sœur, et mon inquiétude à son égard grandissait d'heure en heure...

Je la savais juste blessée, mais je l'imaginais exsangue, malade, à terre, suppliant pour avoir de l'aide et entourée de silhouette sombres de monstres en tous genres tout droit sortis de mon esprit, lui voulant du mal.

En clair, je ne tenais pas en place. Incapable de me concentrer, j'étais comme fou ici. Ce lieu dégageait une atmosphère malaisante, presque malfaisante.

Il m'arrivait de me réveiller en sursaut, croyant entendre des bruits de pas, de cris, de pleurs. Mais cela ne pouvait être que mon esprit qui me jouait des tours, vu qu'à part Gaster et moi, il n'y avait personne ici.

Du moins, je l'espérais...

Je me mis à marcher sans but dans les couloirs, ces longs boyaux noirs et pourtant éclairés depuis je-ne-sais-quelle source. Aucune lampe, rien, en dehors des pièces. Et pourtant, il n'y faisait jamais sombre. Pour peu qu'on s'y égare, et encore, on en perdrait très facilement la notion du temps.

M'asseyant à même le sol dans un coin, les jambes vaguement ramenées contre moi, et le bras gauche négligemment reposé sur mes genoux, je me mis à siroter mon gobelet de café, pris à la sortie de la salle, en soupirant légèrement.

Cela devait faire un bon mois que j'étais ici. Peut-être plus, peut-être moins. Encore une fois, aucun moyen de savoir, dans cet endroit si étrange.

Ma boisson bue, je rejetai ma tête en arrière, les yeux fermés, reposant ainsi mon crâne contre le mur.

Le son de chaussures résonnant doucement contre le sol fit frémir mes paupières, me réveillant de la douce torpeur dans laquelle je commençais à m'enfoncer, et entrouvrir les yeux, parcourant du regard la direction de laquelle provenait le bruit.

-... Z'êtes vraiment obligé de me suivre partout ou quoi ?

Il ne répondit pas.

Pourquoi donc le ferait-il, alors que je connaissais déjà très bien la réponse ?

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