La laideur des faubourgs

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Je rentrais d'Angleterre, d'Holbrook pour être plus précise. J'habite à Montpellier. En rentrant, la laideur de Paris m'a frappée, surtout en tant que provinciale, les gens dans le métro qui se bousculent, qui s'insultent, qui hurlent, c'est jeunes décadent dont une insulte ponctue chaque phrase, c'est génial.

C'est la réaction, la réaction à cette vie de campagnard au soleil, où tout le monde est censé s'aimer alors qu'en fait, on se crache dans le dos, sans jamais jouer franc jeu.

Je pensais que Montpellier me ferait grandir, la ville, la grande ville pour moi, et je peux vous assurer que j'adore ce climat méditerranéen, on parle fort, on fait des grand gestes, on rit à gorge déployée.

Dans ce contraste, j'ai vu Paris et ses milles visages fermés, tournés vers le vide, dans une obscurité qu'aucun sourire ne peux illuminer. Offrir un rictus désapprobateur à votre bizarrerie serait déjà trop donner.

Alors pourquoi, pourquoi cette fascination ? Pourquoi nous parle-t-on de Paris pour sa beauté ?

N'allez pas croire que je suis une vieille rabougrie qui connaît tout de la vie, je ne vaux pas mieux que les autres, je vois juste le monde tourner autour de moi, comme s'il gravitait autour d'une entité inconnue, insoluble, si vaporeuse, presque invisible ? Ce serait sans doute cliché de vous dire que je suis comme toutes ces ados qui se cherchent, qui cherchent encore l'approbation de leurs parents et pourtant en quête d'émancipation. Ok, ben vous me mettez le même descriptif, avec cinq ans de plus. Je crois que j'ai dû rater une étape à ce merveilleux moment qu'on appelle l'adolescence, parce que du haut de mes 22 ans, ma mère me répète encore que je suis en pleine crise d'adolescence. En vérité, je suis plutôt en crise identitaire...

Attendez, on parlait pas de Paris à la base ? Et des jeunes décadent ! Est-ce qu'on était comme ça nous aussi, à insulter tout le monde en permanence ? Avouez qu'on s'est tous posés la question ! C'est amusant de me dire qu'on est tous passé par là, à notre manière, parce que même si la couche superficielle a changé, quand on creuse un peu, on retrouve cet ado qu'on jette dans un "monde de grand", qu'on oblige à se conformer, ou bien qui s'oblige tout seul à se conformer, de peur du rejet, de la différence, de l'abandon, de la solitude. C'est fou parce qu'en les voyant, bien que je sois différente, je me suis revue. Et je me revois souvent dans tout un tas de gens, comme si mes yeux me projettaient de partout, sur tous, peut-être pour avoir un sentiment d'appartenance. Me dire que je ne suis pas la seule. Et c'est sans doute dans cet environnement que je me sens le mieux, ou à ma place, noyée dans une foule, dans l'anonymat. Ce tourbillon incessant de visages, de caractères, de vies, de passés. Au fond, on est tous un peu lié par nos différences, ces côtés éclectiques qui nous définissent, nos diversités, notre richesse. C'est certainement pour ça que Paris est belle.

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⏰ Last updated: Dec 11, 2020 ⏰

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Spleen enjouéWhere stories live. Discover now