Bleu

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C'est un coucher de soleil perpétuel et pourtant le ciel se montre toujours bleu. Trop bleu pour qu'il n'existe réellement dans le monde qui nous est familier. Il n'y a rien d'autre autour, la teinte céruléenne existe d'elle même et le soleil est partout sauf ici. Le ciel est vide, comme ton regard. La plage s'étend vers de grands horizons juqu'à ce qu'une fine ligne parallèle puisse la couper juste là, devant nos pieds. Un miroir océanique, beaucoup trop calme, beaucoup trop blême et trop exactement immobile. Le temps se serait-il après tout figé ? Soudain tu te tournes vers moi, et cette étrange habitude que mes doigts ont d'essuyer tes larmes en caressant tes joues se déclenche, je suis pour toi le chien et tu es Pavlov mais tu n'es plus qu'une idée. Tes yeux sont la mer et quand tu me regardes, je nage.

Encore et encore et encore et encore et encore et encore. Comment pourrais-je te prouver que je viens du futur ? Toi tu es toujours là, dans un présent distant que je ne peux plus atteindre. Toi tu es toujours là, sans que je puisse te regarder sans voir du vide à perpétué. Sommes nous jusqu'ici dans la même dimension ? Aurais-je encore besoin de briser les paroi de l'univers afin d'avoir ton avis sur les restaurants mornes du bas de la rue ?

Où es tu ? Où es tu ?

Je suis figé sur la plage. Je n'irais jamais nulle part, je ne verrais jamais personne. Pourtant je

suis conscient qu'il y a des jours comme ça, qui doivent

inévitablement arriver.

Un opéra, des lumières et un chant lointain et vague.

C'est une histoire d'amour. Nous sommes quelques siècles plus tôt. Le corset te colle alors à la peau et tu te penches sur la rembarde pour mieux voir. Je suis assis près de toi et le bas de ta robe touche mes mollets. Tu te retournes vers mon visage, je me dillue sous le poids de ton regard.

Te souviens-tu du jour où je t'ai déclaré vouloir

devenir poète ?

Tu sais, j'ai toujours tout aimé à ton propos, même les choses que malgré moi, il m'était impossible de comprendre, et je sais que je n'aurais jamais réellement voulu que tu sois différente de ce que tu es déjà.

Je ressens maintenant une formidable distance entre moi et la réalité, et j'en souffre. Le soleil va bientôt se ever et je suis partout à la fois, particulièrement dans les espaces abstraits où toi et moi, avons vu des choses que personne d'autre ne pourrait voir. Le soleil va bientôt se lever, et je me penche sur la vitre de la voiture, les mains autour de mes yeux pour mieux pouvoir

regarder à l'intérieur.

Je vois tout. Je me souviens de tout, amoureusement, tendrement. Cette nuit, tu sais, je crois avoir vu dans le ciel toutes les étoiles de l'univers. J'ignore absolument comment tout cela a pu commencer.

Tu le sais,

toi ? C'était un regard dans le vide, et puis le sol, et puis tes yeux, et puis il y eut juste un petit bout d'amour, n'est ce pas ? Ce sont peut être des mensonges, peut être que la brutalité de la chose, aveugle mes pensées. Mais peu importe, la mer s'étend encore, et je pense, sincèrement que c'est peut être le plus heureux

moment de ma vie. J'ai peur néanmoins de ne jamais

pouvoir être heureux avec ce que j'ai, simplement parce

que je ne sais pas ce que je désire. Les sapins grimpent plus haut dans le paysage et tout se peint de gris et de brouillard. Nous sommes tous les deux couchés sur la route, froide. Tu n'es qu'un rêve, et tu es dangeureusement malade. Brutalement, des oiseaux s'échappent de ta peau et te couvrent complètement. Il y a beaucoup d'oiseaux.

Plus que,

toutes les étoiles

de l'univers entier.

Le songe se termine enfin.

Je rêve seulement de

tes chevilles effleurées par de sombres violettes

et les abeilles qui volent autour de tes bras.

Comment te prouver que je t'aime

si je n'existe pas ?

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⏰ Last updated: Jul 29, 2018 ⏰

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Bribes hasardeusesWhere stories live. Discover now