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Quelques jours plus tard, j'ai été contacté par le commissariat. Kader est en détention provisoire en attendant son jugement.

Aujourd'hui je vais le voir au parloir. Abdel m'attend en bas. Emira est chez Mélissa. J'avoue que je commence à paniquer. Arriver devant la prison. Mon cœur bat la chamade. Après quelques procédures de fouille j'attend patiemment mon mari. Assise sur une chaise, je joue avec mes mains.

Ça doit faire presque deux semaines que je ne l'ai pas vu. Pas le temps de penser que un bruit me sort de mes pensées.

La porte en béton s'ouvre et laisse apparaître quelques détenus qui vont instinctivement vers leurs proche. Mais pas de Kader en vue.

Quelques secondes plus tard, un homme baraqué, les mains dans le dos entre dans la salle. Il me cherche du regard et semble être fatigué.

Quand il me voit il avance doucement à ma table. Un policier vient détacher ces menottes. Il s'installe en face de moi et me fixe, dans le blanc des yeux.

Il dépose sa main sur la table, et je viens joindre la mienne à la sienne.

Kader - Tu vas bien ?
moi - J'essaye...et toi ?
Kader - J'essaye aussi.

Il baisse le regard et joue avec mon alliance. Il dépose un baiser sur ma main et lève la tête vers moi.

Kader - Je fais de la merde...tu mérites pas ça.
moi - ...
Kader - Je te fais souffrir je le sais...
moi - Kader...dit pas n'importe quoi.
Kader - Je dis pas n'importe quoi...

Il passe ces mains sur son visage et souffle tout en regardant autour de lui.

Kader - Nisreen, t'es la prunelle de mes yeux, et si y en a un qui ose te toucher je lui flingues ces morts.
moi - Bébé...

Il me sourit, il ramène ma main à sa poitrine et je sens que son cœur bat la chamade.

Kader - T'as vu tu me fais quel effet ?
moi - Je t'aime Kader, de tout mon cœur.
Kader - T'es la meilleure j'te jure.

Il prend mes deux mains et les sert fort. J'avais tellement de choses à dire mais juste le fait de l'avoir en face de moi me suffisait. Sa barbe avait pousser, il commençait à maigrir.

Kader - Emira elle va bien ?
moi - ... Elle essaye elle aussi.
Kader - Et les autres ?
moi - Ils vont bien heureusement ils sont là.
Kader - ... Je serais bientôt de retour bébé, c'est bientôt finit.

Au son de sa voix j'entendais qu'il se retenait de ne pas pleurer.

Kader - Tu m'attendras hein ?
moi - T'es sérieux là ? Bien sûr que je t'attendrais.
Kader - Je t'aime princesse.
moi - Je t'aime aussi...tu m'écriras des lettres hein ?
Kader - Si ça te fait plaisir ouais pourquoi pas.

Nous restons à discuter quelques dizaines de minutes. Puis vient le temps où il doit me quitter. Ma gorge se noue et à tout moment je peux exploser en pleure.

Il se lève, et il me dit de venir. Je me lève et enroule mes bras et le serre de toutes mes forces.

moi - Je t'aime, je t'aime, je t'aime...
Kader - Moi aussi princesse, fait attention à toi et reste forte, je pense tout le temps à toi.

Il dépose un baiser sur mon front et un rapide sur ma bouche. Le policier vient le menotté. Il quitte la salle sans m'adresser un regard. Mes pas sont lourds mais je quitte la salle. Arriver devant la prison je retrouve Abdel.

Abdel - Alors ?
moi - C'est dur hein.
Abdel - Je sais...il va bien ?
moi - Il essaye.

Il ne dit plus rien puis démarre. Il me dépose chez moi, je le remercie bien évidemment.

KADER

Le pion me dépose dans ma chambre et me retire les menottes.

— Alors ?

Je lève le visage vers Ayoub, mon camarade de chambre.

— C'est dur...la vie de ma mère c'est vraiment dur.
— Elle va bien ?
— Elle essaye de faire bonne figure.

Il fixe le plafond et ne dit plus rien. Je retire ma paire de baskets et me couche sur mon lit.

— Ça se voit elle va pas bien.
— Elle veut te montrer qu'elle est forte c'est tout.

Oui ma femme est forte, je le sais. Mais je l'affaiblit de jour en jour. La savoir seule et loin de moi me tue. Après m'être perdu dans mes pensées, je me lève et commence à gratter quelques mots sur un papier destinés à ma femme.

Ces mots sortent spontanément, je ne cherche pas à réfléchir. Je lui crache tout ce que j'ai à dire. Je sais que ça lui fera du bien. Donc j'écris j'écris encore et encore, je noircis des feuilles et des feuilles.

J'ai une haine immense en moi qui monte. J'ai la haine contre moi, car je la fais souffrir. Ma vue se brouille, j'arrive même plus à voir. Je lâche le stylo et pose ma tête sur mes mains. Il faut que je calme.

NISREEN

Les jours et les semaines passent. Kader a prit six mois de prison pour trafiqué de stupéfiants. Ces actes datent de quelques années. Il paye simplement les pots cassés.

Cela fait trois mois qu'il est en prison. Depuis ce temps je ne suis pas passée le voir. On communique par lettre sans arrêt. C'est un moyen de se livrer. De dire ce que l'on pense. Il me disait qu'il n'avait plus la force de voir mon visage fatiguée au parloir. Alors on s'écrivait sans cesse.

Pour Emira cela commençait à peser pour elle. Vivre des jours et des jours sans son père c'était dur. Heureusement qu'elle avait ses oncles qui passaient souvent la voir, ils la sortaient pour lui faire changer les idées.

Encore quelques mois et a lui la liberté, il me manque de tout mon cœur.

@_sheita

|Tome 2| Armé il couvre mes arrièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant