C H A P I T R E 21 - Josef Damste

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Retour à la civilisation

La semaine qui suivit leur excursion sur la plage inhabitée, Josef et Aroha ne se parlèrent pratiquement pas. Le jeune homme passait la plupart de son temps avec Natai. Il prenait des cours de maori et établissait une stratégie pour retourner auprès de son équipage et leur annoncer cette nouvelle alliance. Aroha, elle, accomplissait ses responsabilités en tant que chef et pêchait énormément.

Leurs premiers rapports avaient été magiques pour Josef. Aroha s'était ouverte à lui et ne l'avait pas repoussé. Il savait qu'elle avait ressenti un plaisir intense, tel qu'ils avaient fait l'amour chaque soir depuis. Leurs rapports étaient à la fois doux et passionnés. C'était leur façon de se découvrir et de s'apprivoiser. Josef savait qu'il tombait indéniablement amoureux de cette déesse qui était maintenant sa femme. Cependant, la jeune cheffe l'ignorait dès qu'ils sortaient de leur cabane. Elle ne voulait pas afficher leur complicité naissante aux yeux de tout le monde, et surtout pas à ceux d'Eimeo.

Josef la comprenait mais cette distance le faisait souffrir. Jouait-elle un rôle quand ils étaient ensemble la nuit ? Ou était-elle simplement perdue dans ses sentiments ? Quelle que soit la raison, le Néerlandais était impatient d'être ce soir-là pour la retrouver. Le lendemain, il devait repartir pour le camp des européens.

La nuit était tombée depuis déjà une heure quand Aroha rentra enfin dans la cabane. Josef l'attendait depuis que son cours avec Natai s'était terminé. Les cheveux mouillés et dégageant une forte odeur de sel et d'algues, la jeune cheffe s'assit par terre, en face de son mari, épuisée. Le jeune homme remarqua rapidement que sa déesse était blessée.

— Uruhua ? Blessée ? 

Ne sachant pas encore faire des phrases complètes, Josef s'exprimait comme il le pouvait. Sa femme acquiesça. Elle lui présenta l'entaille sur son bras et lui expliqua tant bien que mal qu'elle était tombée de la pirogue et s'était coupée à un rocher.

Haussant les sourcils, Josef ne dit rien. Aroha semblait être née dans l'océan. Elle était faite pour naviguer. Comment avait-elle pu tomber et se blesser d'elle-même ? Il attrapa une feuille de palmier et le reste de bouilli d'algues qu'Amaria avait faite pour lui quand il avait été blessé. Il essaya d'imiter la guérisseuse du village et enroula le bras de sa femme de ce bandage improvisé.

Aroha le remercia et s'avança vers lui pour lui déposer un baiser sur les lèvres. Elle s'allongea ensuite sur la paillasse, dos à lui. Elle ne semblait pas vouloir parler avec lui mais il était hors de question de laisser passer cette blessure. Quelqu'un lui avait fait mal, il en était convaincu.

— Wai waka ? Qui dans la pirogue ? 

Aroha soupira et se redressa. Elle s'assit, faisant dos à son mari et posa doucement sa main sur sa blessure.

— Moana rāua Ivoa. Moana et Ivoa. 

Josef se redressa à son tour et attrapa la main de sa femme pour qu'elle se retourne vers lui. Il planta ses yeux dans les siens et sut qu'elle mentait. Il y avait quelqu'un d'autre avec eux. Était-ce Eimeo ? Non, Ivoa n'aurait pas accepté cela, même s'il détestait le nouveau mari de sa sœur.

— Wai ? Qui ? insista Josef.

— Poeti, souffla-t-elle. 

Poeti. Le jeune homme était sûr d'avoir entendu ce prénom quelque part. Avant qu'il n'ait pu l'identifier, Aroha reprit.

— Tāina Eimeo. La petite sœur d'Eimeo. 

Josef écarquilla les yeux. Afin d'être absolument sûr que c'était bien cette Poeti qui l'avait blessé, il posa sa main sur la blessure avec un regard interrogatif. Elle hocha la tête, baissant les yeux. Elle était visiblement honteuse. Cependant, même si Josef était au courant de son histoire passée avec Eimeo, il ne comprenait pas en quoi cela regardait la sœur de ce dernier et pourquoi elle l'avait blessé. Voyant que cette histoire peinait vraiment sa femme, il décida de passer à autre chose. Il tira un peu plus sur la main d'Aroha pour la rapprocher de lui. Elle releva doucement les yeux vers lui et se laissa envelopper par les bras protecteurs de son compagnon.

Josef déposa un baiser tendre sur ses lèvres et ils s'allongèrent tous les deux, impatients de retrouver le corps de l'autre.

*

Josef fit un dernier baiser à Aroha avant de sortir de la cabane. Il rejoignit son beau-père pour discuter une dernière fois du petit discours que le Néerlandais avait préparé. Il partit ensuite en direction du chemin par où il était arrivé, il y avait de cela plus de deux semaines. Grâce à Natai, il avait pu compléter sa carte et tracer un parcours à suivre pour rejoindre la baie où avait accosté son équipage.

Le jeune homme marcha pendant plusieurs heures, se débattant avec la nature peu clémente de cette jungle. Après quatre heures, il regarda sa carte et remarqua qu'il n'était pas loin du bout de la plage. Natai lui avait conseillé de passer par les rochers plutôt que de descendre par la falaise. Il serait moins vulnérable et aurait un effet de surprise plus conséquent.

Une demi-heure plus tard, Josef arriva sur une petite plage. Au bout, il aperçut des rochers léchés par les douces vagues de la mer. Il rangea sa carte et se dirigea vers son point d'arrivée. Accélérant le pas, le jeune homme fit tomber sa boussole. Il se pencha pour la ramasser et épousseta le sable humide qui la recouvrait. Il la rangea et releva les yeux vers les rochers qu'il devait franchir.

Pourtant, ce qui se dressa devant lui n'était autre qu'une ligne de fusils. Josef s'arrêta net et leva les mains en l'air pour leur signifier qu'il ne représentait aucun danger. L'un des soldats européens s'avança, rompant la ligne en son centre. Le fusil à hauteur d'épaule, le soldat s'approcha du Néerlandais qui plissait les yeux pour essayer de reconnaître un allié.

— Josef ! s'exclama une voix familière et rassurante. 

Derrière le soldat, le jeune homme aperçut son vieil ami Andreas courir vers lui, sa pipe à la main.

— Baissez les armes ! Il est des nôtres ! C'est celui qui s'est fait enlever par les sauvages ! dit-il dans un anglais presque parfait. 

Josef plissa le front. La dernière fois qu'il avait entendu Andreas parler, ce dernier le soupçonnait de s'être enfui avec Natai et Ivoa. Pourtant, il parlait d'enlèvement aux autres. Soulagé par ce retournement de situation, le néerlandais sut que sa tâche serait plus facile si Andreas et Abel étaient convaincus qu'il s'était fait enlevé, plutôt qu'autre chose.

Le linguiste arriva à hauteur de son ami et le serra dans ses bras. Avant que Josef ne puisse trop se réjouir, Andreas s'approcha de son oreille et lui souffla :

— Tu es mon ami, mais je sais que tu es un traitre. 

____

Hello ! 

Je suis vraiment désolée pour ce retard... J'ai été très occupée et je n'ai pas eu le temps de répondre aux commentaires rapidement et de vous publier ce chapitre qui est écrit depuis longtemps pourtant ! 

Bon, notre petit Josef est séparé de notre Aroha et va peut-être se mettre en danger... Quels sont vos prédictions pour la suite ? 

Merci encore d'être là et d'être toujours plus nombreux à découvrir mon histoire <3

Clara

Aroha - TERMINÉEWo Geschichten leben. Entdecke jetzt