Qui vivra verra

Chapitre 5 : Léo, mon meilleur ami

Je suis assis seul à une table proche de la fenêtre de la bibliothèque universitaire. Les écouteurs dans les oreilles, les feuilles de brouillons s'empilent : je bloque sur un exercice de chimie organique. C'est bête que Jules ne soit pas là car il est fortiche dans le domaine. Soudain, mon portable vibre, c'est Léo. Il m'écrit dans son texto que le cours s'est bien passé et que par conséquent il sort dans 5 minutes de l'amphi et me donne pour point de rendez-vous la fontaine à côté de l'entrée du métro. Je regarde de nouveau mon portable est, en effet, il est 16h40. Tant pis pour le devoir ça attendra. Je rassemble mes affaires, range mes écouteurs dans mon sac et pars rejoindre mon meilleur ami.

Dehors la pluie a fait son grand retour. Je rabats tant bien que mal la capuche de mon coupe-vent sur ma tignasse. Je réalise alors une étrange sensation plus bas... Merde, mes chaussures en toile prennent l'eau. Ça m'apprendra à ne pas regarder la météo avant de sortir de la maison. J'accélère le mouvement et deux minutes plus tard me voilà à la sortie du campus. Au loin, proche de la fontaine j'aperçois une silhouette qui m'est familière. Léo est un peu plus petit que moi. Il porte, comme souvent, son jean slim noir, qui accentue sa sature svelte. Un peu comme moi son visage a gardé les marques de l'enfance : les vestiges de l'acné d'adolescent, la lutte pour faire pousser un semblant de barbe, les dents droites après avoir été domptées par l'appareil dentaire année après année. Léo se distingue par ses petites taches de rousseur qu'il a hérité de sa Normandie natale. De plus, et c'est selon moi son atout charme, il a deux beaux yeux vert émeraude qui se marient très bien avec ses cheveux bruns. Léo et moi sommes complémentaires et c'est ce qui explique notre longévité amicale. Tandis que lui a le contact plutôt facile avec les gens, je vais avoir tendance au premier abord à être un peu sur la retenue. Il est arrivé qu'il s'emporte et même qu'il se bagarre tandis que moi cela doit bien faire dix ans que je n'ai frappé personne. Mais finalement nous nous équilibrons bien, comme le yin et le yang, comme un couple mais sans le sexe.

En parlant des amours, Léo avait connu sa première amoureuse au collège. J'avais été au première loge et avait pu voir la débrouillardise et la technique dont il faisait preuve pour aborder une personne qu'il appréciait. Léo avait connu d'autres histoires mais il était toujours resté honnête et fidèle : pas de plan d'un soir et hors de question de mettre ses amis sur la touche. Léo était mon modèle dans ce domaine. Ils nous arrivaient rarement de discuter amour : ce n'était pas ma zone de confort et Léo le voyant n'insistait pas. Il me racontait ses péripéties amoureuses et je l'écoutais assidument. J'arrive à sa hauteur mais il ne me voit pas de suite ; monsieur rêvassant en écoutant de la musique. Je décide alors de jouer les sournois en passant derrière lui puis en approchant ma tête tout doucement à sa gauche tout en mettant ma main sur sa taille. Effet garantie : il sursaute se met à gueuler à plein poumons dans la rue « Mais lâche moi sale pervers, je vais te buter » répète-t-il en boucle avant de réaliser que le pervers en question n'est autre que son ami de toujours. Il reprend ses esprits calmement puis me réprimande de nouveau pour ces retrouvailles mouvementées. Mais bon, ça lui passe et très vite son sourire refait surface. Nous descendons alors les marches du métro suivis par de nombreux autres étudiants de la fac et des parisiens en tout genre : le métro va encore être surchargé...

Je demande alors à Léo comment s'est passé son dernier cours. « Le cours était pour une fois intéressant. Je n'ai pas vu l'heure passer, le prof est jeune dynamique et surtout, surtout il arrive à capter son auditoire et ça fait plaisir !» me répond-il avec entrain. Je lui demande alors la thématique de ce cours si passionnant. « C'était sur les molécules qui servent de traceurs dans les traitements du cancer » me répondit-il. Ça me parle vaguement. Mais il faut dire que depuis que nous avons légèrement divergés de formation nous n'étudions plus trop les mêmes choses. Mais cela en fait un atout car nous en apprenons les uns des autres et nos journées sont alors différentes.