La Prophétie d'Arvel - II [BxB]

Partie 2 - Chapitre 6

Arvel était assis à côté d'Askel dans l'avion. Il n'avait pas dormi, contrairement à son frère qui s'était assoupi sur son épaule durant une heure. A présent qu'il était bien réveillé, il pouvait lui parler de ses découvertes. Arvel attrapa son dossier qu'il avait glissé dans le siège devant lui. Il l'ouvrit et prit la lettre de leur mère qu'il tendit à Aksel. Celui-ci la saisit avec interrogation.

- Lis-là et ensuite... je t'expliquerai quelques trucs, murmura Arvel.

- D'accord.

La lecture dura de nombreuses minutes. Arvel comprit qu'Aksel la relisait en boucle. Quelques larmes coulaient le long de ses joues. Quand il le lui rendit, Arvel serra son jumeau contre lui. Pendant qu'il dormait, il avait pu lire tout son dossier d'adoption. Il n'avait pas découvert grand-chose d'intéressant en soit, simplement des détails jugés sans importance à ses yeux. Aksel l'écouta attentivement.

- Voilà. Tu sais tout maintenant.

- Papa pourrait être encore en vie ?

Arvel haussa les épaules. Il n'en n'avait aucune idée. Il ne pouvait rien lui dire au risque de lui faire de faux-espoirs. Après tout, cela allait faire bientôt dix-huit ans que cette lettre avait été écrite. Tout et rien pouvait avoir changé durant ce long laps de temps. Arvel lui caressa doucement le bras.

- Nous verrons tout cela une fois là-bas.

- J'espère que ce Dark Gaald a été détruit... soupira Aksel.

Arvel acquiesça. Il tourna la tête pour regarder Thomas installé de l'autre côté de l'allée. Il dormait, le visage paisible et la bouche grande ouverte, ce qui laissait passer un filet de bave. Il retombait sur son épaule. Arvel sourit. Il trouvait Thomas adorable. En sentant son cœur battre un peu plus fortement dans sa poitrine, il se rendit compte qu'il le considérait peut-être un peu plus que comme un ami.

Contrairement à ce qu'il aurait cru, cela ne lui fit pas peur.

***

- Super. Je ne comprends absolument rien de ce qu'il y a écrit sur les panneaux. Sentrum... Qu'est-ce que ça veut dire, d'abord ?

- Thomas, ne commence pas à te plaindre. C'est le centre-ville. Allons-y, dit Arvel.

- Qu'est-ce qu'on est censé y trouver ? le questionna Aksel.

Son frère ne répondit pas.

Le groupe interpella le premier taxi qu'ils croisèrent. Ils entrèrent dedans et ce fut Arvel qui s'exprima. Thomas et Oren ne parlaient pas un mot de norvégien et Aksel n'avait plus pratiqué depuis un moment, tandis qu'Arvel continuait d'entretenir cette langue.

Après une vingtaine de minutes, ils s'éloignèrent définitivement de l'aéroport pour rejoindre le centre-ville d'Oslo.

- Tu es sûr d'où nous allons ? demanda Aksel en français.

- Je ne sais pas.

- Qu'est-ce qu'il a dit ? intervint Thomas.

Arvel lui fit la traduction.

Le chauffeur de taxi s'arrêta près d'une borne pour changer la monnaie. Arvel alla rapidement récupérer des couronnes et paya. Les quatre jeunes adultes sortirent et commencèrent à marcher dans la ville sans but précis. Tous se reposaient sur Arvel. Celui-ci se sentait étrange depuis qu'ils avaient atterri. C'était comme si un feu brûlait à l'intérieur de lui. Il espérait ne pas finir consumé.

- Les gens se comportent étrangement... souffla Aksel.

Arvel regarda les passants. Son frère n'avait pas tort. Ils marchaient tous la tête basse, une expression de terreur facilement identifiable sur leurs visages. Arvel fronça les sourcils. Ce n'était pas normal. Il s'approcha d'une dame pour lui demander son chemin, mais, effrayée, elle poussa un petit cri avant de s'enfuir.

- Belle approche avec les femmes, je comprends mieux pourquoi tu aimes les hommes, ricana Oren.

Arvel lui jeta un regard noir, prêt à répliquer. Cependant, en voyant celui suppliant d'Aksel, il ne dit rien. Ils reprirent leur marche en silence.

Au bout d'une heure d'errance, Thomas finit par demander :

- Arvel, jusqu'où allons-nous encore marcher... ?

- Jusque-là.

Un gigantesque palais se dressait devant eux. Semblant avoir été forgé dans la glace, il était aussi haut que large. Ses tours atteignaient des sommets et disparaissaient derrière les nuages.

- Nous sommes arrivés.