Chapitre 24

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Plus rien. Le vide. Un trou noir. Tout groupe nominal aurait ou convenir à ce que pensait mon cerveau. Mais mon cœur, lui, était dans un autre corps, une autre ère, une autre dimension, un autre monde. Il était relié à celui de Pierrick.

J'avais l'impression qu'une liane encerclait cette petite partie de moi pour la serrer et la rapprocher de celle de mon ami jusqu'à ce que nous ne formions plus qu'un.

Ce baiser était rempli de douceur, de sentiments que ce garçon que j'aimais tant n'avait pas su me dire. Pourtant, tous les mots de la Terre n'aurait pas pu décrire cet instant.

Prenez un instrument de musique, par exemple. Il en existait de toutes sortes mais aucun ne sera pareil. Leur constructeur sera différent, comme leur intention. Certains allaient créer un instrument pour oublier un passage douloureux de leur vie, d'autres allaient le faire pour un projet. Il était unique. Et c'était ça qui faisait toute la différence. C'était comme les personnes qui vivaient sur cette planète. Qu'on soit blanc ou noir, européen ou asiatique, handicapé ou ce que les gens considéraient comme "être normal" ; qu'est ce que ça changeait ? Nous étions tous des humains mais nous étions particuliers. J'étais sûre que la plupart d'entre vous avaient déjà embrassé quelqu'un. Pas moi. J'étais singulière à ma façon. Vous l'êtes aussi. Et ce baiser l'était encore plus.

Je m'écartais abasourdie parce qu'il venait de se produire. Pierrick m'a embrassée. Et c'était merveilleux. J'affichais un sourire et le regardais. Aucun de nous ne parlait mais nos yeux le firent à notre place. Il me tenait toujours la main et moi j'avais mon autre bras pendant le long de mon corps. Il frôla ma joue avec ses doigts et ses yeux cherchaient à décrypter mes émotions.

- Horia...

Je voulus ouvrir ma bouche pour éviter la catastrophe car je savais très bien ce qu'il allait se passer et alors, ce serait irréversible. Je voulais avoir le contrôle de la situation parce que si je cédais, nous allions nous embarquer dans une aventure que je ne voulais pas connaître. J'avais beaucoup souffert et le laisser se frayer un chemin encore plus profond dans mon cœur, reviendrait à donner la clé qui lui permettrait d'ouvrir cette partie. Je voulais la garder fermer parce qu'elle était dangereuse. Nous prenions des risques, j'en étais consciente. Autant arrêter avant que ça n'aille plus loin. Je me détachais de lui avec regret. Je me détestais. Il ne méritait pas ça. Pas de cette manière là. Et encore moins à cause de moi. Je me dirigeais vers la sortie et refoulais mes larmes, ce n'était pas le moment de pleurer.

- Attends Horia, écoute-moi !

Le désespoir coulait dans sa voix mais la détermination prit le dessus. Je restais dos à lui mais je l'écoutais attentivement. Je l'entendis inspirer et prendre son courage à deux mains.

- Je ne peux pas te laisser partir, j'en suis incapable. J'ai essayé de te le dire à plusieurs reprises mais à chaque fois il y avait quelque chose ou quelqu'un qui m'en empêchait alors j'espère sincèrement que cette fois-ci, c'est la bonne. Tu es différente. Tu as un truc qui change, qui transperce l'âme et une fois qu'on t'a rencontrée, on sait tous qu'on est foutus. On est incapable de te laisser partir parce que tu es un ouragan et que tu changes tout sur ton passage. Tu sèmes des petits bouts de toi partout où tu vas, ce qui te rend inoubliable. Et puis tu as beau faire l'intouchable, la dure, la forte, l'invincible, ça se voit que tu vas mal ! Qu'il suffit qu'on te bouscule un peu plus fort pour que tu tombes. Mais moi je suis là ! Moi je suis prêt à t'aider. J'irais étape par étape, point par point et ça m'est égal de mettre des années avant d'arriver à te reconstruire. Je ferais tout pour toi, je ferais n'importe quoi pour que ton sourire soit vrai en permanence et pas seulement pour montrer que tu vas bien. Parce que ce n'est pas le cas. Tu as vécu ce que la plupart des gens ne vivront pas et je t'admire pour ça. Tu as fait des erreurs, tu es tombée, souvent, c'est vrai ; mais jamais et je dis bien jamais tu n'as abandonné. Tu l'as fait Horia et tu ne peux pas te rendre compte à quel point je suis fier de toi. Tu es maladroite, drôle et gentille avec tout le monde. Les gens ont beau te blesser, tu ne leur rends jamais leur méchanceté. Tu sens l'espoir et la bienveillance. Un dictionnaire entier ne fait pas le poids contre toi. Tu es tellement de choses à la fois. J'ai changé grâce à toi. Tu m'as montré ce qu'était la vie et je crois que je ne t'en serais jamais assez reconnaissant. Tu donnes envie à un feignant de se bouger les fesses, à un criminel d'arrêter de tuer et à une personne comme moi de t'adorer. Alors si tu me demandes de cesser de t'aimer, demande à mon cœur de cesser de battre. Tu es ancré dans ma mémoire Horia, tu es ancré dans ma réalité.

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