Leïla

Épisode 24

                    ***Leïla***

Je n’en reviens pas de ce que j’aie sous les yeux. Des photos de mon homme avec une autre. Cette même femme que je l’ai vu embrasser au centre. Cette même femme qui lui tourne autour depuis je ne sais combien de temps. Ils sont ensembles dans un lit et un sachet de préservatif déchiré juste à côté. Quoi elle veut vraiment nous montrer qu’ils ont couché ensemble ? En tout cas c’est réussi, tout est clair là. Il y a d’abord une photo d’elle assise sur ses cuisses dans une boite de nuit. Ensuite eux rentrant dans un hôtel et les deux dernières eux dans un lit, lui dormant torse nu et elle couché sur lui d’abord souriant puis ensuite l’embrassant. Elle l’embrasse. Elle embrasse mon mec. Et comme si ça ne suffisait pas il y a écrit en légende « Enfin j’ai réussi ».

Je veux mourir.

Je veux mourir parce que je ne suis pas sûr de pouvoir supporter ça. Supporter cette humiliation. Tout le pays, non le monde entier voit ces photos. Elles circulent sur toutes les pages Ivoiriennes voir même étrangères. Il y a la date sur les photos et c’est le même jour où il est rentré à 4h. Je le savais qu’il me cachait quelque chose vu comme il bégayait mais…je n’aurai jamais imaginé que ce serait ça.

Je veux mourir.

Non je vais mourir.

Je veux tout casser. Casser son putain d’ordinateur. Casser ces bouteilles de Jack mais je me souviens qu’il y a des enfants pas loin et donc je ne dois pas faire de scènes. Je dois me retenir bien que difficile jusqu’à ce que tout le monde s’en aille. Kelvin a osé me faire un tel coup ? Et quand je pense que ce même jour je me suis donné à lui. Il a fini de culbuter une autre et il est venu me toucher. Je le déteste. Oui c’est sûr je le déteste. J’essuie les larmes qui m’ont échappé puis je sors avec les bouteilles. Je me rends au jardin les mains tremblantes et les larmes au bord des yeux. Je ne sens même pas le poids des bouteilles que je transporte.

Enfin j’ai réussi. C’est bien ce qu’elle a dit en légende !? Enfin elle a réussi. Elle a enfin réussi à coucher avec le mari d’une autre. Waoh quel exploit !

J’arrive et je dépose les bouteilles sans lever les yeux. Je crains qu’ils ne voient que j’ai pleuré.

Beau-Pa : Leïla il y a encore des viennoiseries ? J’en veux encore.

Moi (timidement) : Oui papa.

En levant les yeux pour débarrasser la table des assiettes déjà utilisées je tombe sur Kelvin qui me sourit et cet imbécile de cœur veut chavirer mais aussitôt des flashs me reviennent et je revois les images sous mes yeux. Mes mains se mettent à trembler faisant claquer les assiettes que je tiens.

Belle-Ma : Leïla ça va ?

Moi : Oui, oui ça va.

Kelvin : Tu veux que je t’aide ?

Moi (sans le regarder) : Non ça va. Excusez-moi j’ai oublié de vous rapporter des verres.

Je me retiens encore de pleurer jusqu’à la cuisine et là je lâche prise. C’est trop dur. Je sanglote en silence. Je n’arrête pas d’imaginer Kelvin entre les cuisses de cette femme. Je l’imagine elle gémissant sous ses coups de reins. Je l’imagine lui prenant du plaisir en elle. J’ai mal. Le bruit du fracassement des assiettes sur le sol me ramène à moi.

Bella-Ma (derrière moi) : Oh. Leïla tu es sûr que ça va ?

Moi (la voix tremblante) : Oui maman ça va.

Je me baisse pour ramasser mais elle m’en empêche au même moment Kelvin rentre.

Kelvin : Qu’est-ce qui se passe ?