Chapitre 16 : l'Embuscade

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Orel arriva devant l'Embuscade. Ah l'Embuscade. Rien que la vitrine du bar aux murs rouges et accueillants suffisaient à remplir son cœur de joie. L'Embuscade était toujours là pour les accueillir. Lors des grandes fêtes, des célébrations, des moments de peines ou juste rigoler des souvenirs du passé autour d'une bière pas si excellente que ça mais qui avait le doux goût des amis et des fous rires alcoolisés.

Il poussa la porte du bar et son brouhaha familier sonna comme une musique à ses oreilles. C'est alors qu'un bras le prit par les épaules et qu'un cri, lui aussi bien familier, lui décolla le tympan.

- SALLLUUUT

- Ahah. Salut Deuklo.

Deuklo était un pote d'enfance. Il avait toujours été bruyant, joyeux et grande gueule. Tout le monde le connaissait et l'aimait plus ou moins. Deuklo c'était une pile, impossible de l'arrêter, elle devait se décharger de ses batteries seule. Il devait se douter que Deuklo serait là, c'était un abonné de L'Embuscade. Enfin, un abonné de tous les bars en général.
Quelle grosse poche ce Deuklo. Comme il avait l'air constamment bourré, l'alcool n'avait presque qu'aucun effet sur lui. Enfin, juste l'effet secondaire du vomissement mais Orel était presque sûr que son pote vomissait aussi quand il était sobre..

Il arriva devant Gringe qui lui jeta un regard désolé. Le plus vieux c'était fait accoster par la pile humaine dès son arrivée et il était impossible pour lui de s'en détacher. En voyant le caennais au loin il avait vite fait bien fait de mettre Deuklo sur sa piste afin de profiter d'un minimum de calme.

Les trois jeunes hommes se posèrent donc à une table afin de discuter.

- Alors Deuklo, quoi de neuf ?

- Rho rien de spécial les mecs, je suis sur un gros truc là.

- Ah ouais ?

Gringe jeta un faux regard interressé. Deuklo était constamment sur un "gros" truc.

- Vas y dis nous tout.

- Non. J'veux pas vous dire, vous allez me balancer je le sais.

- Aaaah et bien si tu ne veux pas nous dire...

Le basané se tourna dos à la pile humaine. Elle était trop bavarde et n'allait pas tarder à lâcher le morceau.
3.
2...

- Ok ok, je vous dit. Venez venez.

Deuklo forcea les deux compères à s'approcher avec un air conspirateur.

- Je pense qu'on va vouloir faire un shooting de moi pour l'affiche de la salle de sport de Caen.

Gringe se retint de rire. Oh oui sûrement, il était très sportif en plus Deuklo.

- Qu'est ce qu'il te faut dire ça ?

- J'y vais depuis deux/trois jours et je sens tout les regards sur moi. J'illumine la pièce. Même les coachs viennent me voir à l'œuvre.

Et c'était la vérité. Mais c'était surtout parce Deuklo portait ses haltères sous les aisselles tout en faisant des pompes et qu'il utilisait absolument chaque machine de la mauvaise manière. En plus, il comptait en hurlant le nombre de pompes, d'abdos, de squats qu'il effectuait.
Orel s'avança.

- Avec ta tête t'as sûrement plus de chance de poser sur un paquet de cigarettes avec le "fumer tue"

Alors que le caennais et la pile électrique débattaient sur la pertinence des photos sur les paquets de cigarettes, le barbu s'éclipsa.

Il soupira avec amusement, il était content d'être là. À vrai dire, Léa la tequila était chez elle mais il avait bien trop envie de voir Orel. Léa, il l'avait déjà vu il n'y a pas si longtemps que ça et, le rapprochement qu'il y avait eu entre les deux compères avait plu à Gringe, il ne voulait pas que ça cesse.

Enfin, c'était pas tout ça mais il avait envie de pisser. Il s'engouffra dans les toilettes. Et vida le contenu de sa vessie dans la cuvette avec enchantement. C'est alors qu'il entendit un bruit dans la cabine d'à côté. Des respirations haletantes et des petits rires. Avec incompréhension Guillaume sorti des toilettes et passa ses mains sous l'eau pendant que, des toilettes sortirent deux personnes, main dans la main. Deux hommes. Les cheveux en bataille, les vêtements froissés.
Alors que l'un d'entre eux adressa au barbu un sourire gêné, l'autre, le gratifia d'un regard noir, telle une mère protégeant son louveteau.

Cette vision avait dessiné un énorme sourire sur le visage de Gringe et avait semé un peu de joie dans son petit ventre de fragile. Il sorti des toilettes, pressé de rejoindre Orel. Alors une femme, la vingtaine d'année, brune et typée s'approcha de lui. Cela faisait déjà quelques minutes qu'elle l'avait dans le collimateur et elle l'avait guetté discrètement devant la porte, une bière à la main.
Quand le beau basané etait enfin sorti, elle s'était empressé d'aller à sa rencontre et de lui adresser un sourire séducteur.

- Bonjour, comment t'appelles tu ?

*

Aurélien surveillait la porte des toilettes du coin de l'œil. Ça commençait à faire long. Deuklo lui hurlait des noms de paquets de clopes dans les oreilles depuis déjà un sacré moment.
Quand Gringe sorti enfin, une femme à la magnifique chevelure crépue le prit clairement en otage. Ce qui n'avait pas l'air de trop déplaire à Guillaume qui lui répondait par des sourires. Il allait même jusqu'à rire avec elle.

Orel soupira, se leva de sa chaise, prit son plus bel air d'homme bourré et se dirigea -non sans renverser quelques verres et bousculer quelques personnes- vers son acolyte.
Il se jeta sur lui, bras tendus.

- Griiiiiinngge on rentre j'suis bourré, j'crois que je vais vomi-

Le caennais attrapa la bouteille de bière de sa rivale, vida le contenu dans ses joues et le recracha illico Presto sur la robe de cette dernière.

- Ahah beh j'ai vomi.

La femme jeta un regard assassin à Orel et leva le visage vers le barbu.

- Vas falloir que tu calmes ton pote.

Elle leur tourna le dos, sans demander son reste, faisant claquer ses talons vexés sur le sol de l'Embuscade.

- C'est ça casse toi conasse.

Gringe répondit à la remarque du plus jeune avec un fou rire incontrôlable. Il était pas croyable.

- En vrai, on peut rentrer ou pas ?

Le plus vieux posa une main sur l'épaule d'Aurelien.

- Okok. On rentre.


Johnny Dep'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant