Partie 1 - Chapitre 10

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 Trois jours avant de partir. Nous étions dimanche 28, nous partions le mercredi 31. Aujourd'hui, nous avions droit à une visite de nos proches. Je me demandais si ma mère viendrait seule.

Juste après le repas, un robot m'a conduit dans un bureau au quatrième étage. Un petit bureau peu meublé avec vue sur la ville et sa grande avenue publicitaire. Deux portes, l'une par laquelle j'étais entré et qui donnait sur le couloir principal, l'autre qui donnait sur la partie fermée au public du laboratoire. J'ai tout de suite compris qu'une fois la porte derrière moi passée, je ne pouvais définitivement plus rentrer chez moi.

J'ai attendu seul, debout face à la ville, les bras croisés. La porte s'est ouverte. Ma soeur est entrée, elle m'a embrassé la joue puis ma mère aussi. Elle avait enfilé une jolie robe en laine et une paire de bottines et elle avait tout fait pour être le plus présentable possible.

— Adam ! Elle s'est jetée dans mes bras. Nous sommes restés un long moment dans les bras l'un de l'autre. Elle sentait comme dans mes souvenirs, une odeur ne s'oublie donc pas et ne disparaît jamais.

— J'ai retrouvé l'annonce sur ton lit le jour même.

— Je l'y ai laissée exprès ! Nous nous sommes assis face à face, un bureau en chêne faisant office de séparation.

— Qu'est ce que tu fais ici ? Je lui ai tout expliqué, les conditions incroyables dans lesquelles nous vivions, mes repas copieux, nos habits et le but même de l'expérience. Elle s'est levée, s'est agenouillée près de moi, m'a prise dans ses bras et m'a secoué les épaules.

— Hors de question que tu te sacrifies pour de l'argent dont tu ne profiteras pas. Tu rentres.

— Une fois cette porte passée, ce sera définitif, ai-je dit en désignant la porte derrière moi. Elle a saisi ma main et l'a serrée aussi fort qu'elle ne l'avait jamais fait.

— Non. C'est non. Je suis ta mère et je t'interdis de participer. Sa voix s'est cassée, son visage détendu s'est crispé.

— Le million te sera remis le 31 Décembre, tu pourras t'acheter un de ces beaux appartements du centre-ville, Annie, tu pourras aller dans une prestigieuse école, ai-je dit en regardant ma sour qui était toujours assise derrière le bureau, de trois quart. Elle ne m'a pas accordé un regard de tout l'entretien. Les yeux remplis de larmes, la tête baissée.

— Je ne veux pas de cet argent si tu n'es pas présent. C'est un sacrifice ! Hors de question. Tu rentres avec nous ! J'ai secoué la tête en signe de désapprobation.

Mes yeux se sont humidifiés, j'ai regardé l'océan à ma droite et je me suis levé.

— Il le faut, c'est pour vous. Je vous aime fort.

J'ai dégagé ma main de la sienne, ses ongle ont griffé ma peau. elle s'est levée avec précipitation et a fondu en larmes. Tout est allé très vite. J'ai appuyé sur la poignée, la porte s'est ouverte. Ma mère s'est précipitée pour me retenir, ma soeur a pleuré bruyamment, je les ai regardées une dernière fois pour imprimer leurs visages dans ma tête et j'ai refermé la porte. J'ai entendu ma mère pousser un long hurlement déchirant. Et leurs chagrins se sont mêlés, leurs pleurs se sont unis. Je me suis laissé glissé contre la porte jusqu'à m'assoir et j'ai pleuré silencieusement, la tête entre les genoux.

Je n'étais visiblement pas le seul à avoir eu une visite riche en émotions. Dans le couloir, assise de la même manière que moi, à quelques mètres, Kaya avait les yeux rouge écarlate.

Athéna est sortie en claquant la porte derrière elle, elle paraissait en colère. Elle ne pleurait pas, elle fixait l'autre bout du couloir, bien déterminée à rejoindre l'ascenseur sans laisser s'échapper aucune émotion.

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