7. Le cœur du problème

138 10 1
                                    


Je m'élance vers ma fenêtre et entre pieds en avant dans ma chambre. J'enlève mon masque d'un coup, mon costume d'un autre. J'enfile un gros pull et range mon costume sous mon lit. Puis j'attrape un livre et m'affale sur mon lit. Un coup de main détache ma longue chevelure blonde. Je tripote une mèche. Il faut que je me lave les cheveux ce soir. May rentre en trombe dans ma chambre :
-Gwen ?
-Oui ?
Elle est essoufflée. Elle me lance un regard accusateur :
-Tu es là depuis longtemps ? Je t'ai pas entendue rentrer.
-Oui, je suis rentrée depuis...
Je lance un coup d'œil à mon réveil. Déjà 20h.
-...environ 3h.
May fronce les sourcils :
-Tu es sûre ?
-Oui.
Elle soupire. Je sens bien que May sait qu'il se passe quelque chose avec Peter et moi. Mais qui n'a rien à voir avec de l'art plastique. Je sens qu'elle souffre. Je m'en veux. Je m'en rends bien compte. Si j'abandonne, Stark arrête de veiller sur Peter. Je suis enchaînée à mon rôle. Je me lève et vais la prendre dans mes bras. Elle soupire, me lance un petit sourire triste et tourne les talons. Peter sort en trombe de sa chambre au même moment. Il essaie de sourire, essoufflé. May esquisse un rictus. Nous nous dirigeons vers la cuisine.

Je me lance vers les buildings New Yorkais. Je m'arrête sur le sommet d'un des piliers du Brooklyn Bridge. Je m'apprête à lancer ma musique, quand mon sens d'araignée s'affole. Le danger est loin, mais l'odeur familière. Peter est en danger. Je m'élance entre les voitures et buildings et arrive dans un bâtiment délabré. Je me cache derrière un pilier et regarde le combat de Peter. Il se bat avec un personnage étrange. Il a un masque vert, qui déforme grossièrement des traits humains, une combinaison mauve et verte. Sous ses pieds, je perçois une sorte d'hoverboard, comme Retour Vers le Futur mais nettement moi rose et mignon. C'est le bouffon vert. Celui qui attaque Peter. Il lance une boule au gaz vert et Peter titube. Je vois qu'il est déjà bien blessé. Le bouffon se jette sur lui et met ses mains autour de sa gorge. Je vois d'énormes griffes à ses gants. Je bondis hors de ma cachette et me jette sur lui. Je l'entoure avec ma toile, lui, son hoverboard et le reste, ne lui laisse pas le temps de se relever. Puis je le plaque et accroche contre un mur et le frappe violemment au visage, histoire de le mettre dans les pommes. Ce qui ne rate pas. Puis je m'élance vers Peter :
-Ça va p'tit ?
-Oui, répond-il en se levant.
Il regarde le bouffon, puis moi. Il me lance un petit merci, avant de sortir du bâtiment. Un regard à ma montre : Je suis à la bourre. Je sors mon téléphone et lance un appel rapide et anonyme à la police. Un criminel est neutralisé dans ce bâtiment. Mon coup de fil passé, je m'élance vers l'appartement de May.


Je passe silencieusement ma porte, enlève mon costume en silence. Un petit objet carré tombe de ma poche. Je le ramasse et le scrute: c'est mon MP3. Tout fissuré, cassé, déglingué. Je tente de l'allumer. Le bouton principal se décroche. Je soupire, retire la petite carte SD et le balance dans la poubelle. Peter passe devant ma chambre. Il a l'air fatigué, un bleu sur la pommette, et une démarche chancelante. Quand il voit que je le fixe, il se redresse, m'adresse un grand sourire et dit sur un ton forcé:

-Tu as passé une bonne journée?

L'image de mon cousin, souffrant et pourtant feignant une bonne humeur et un état de santé parfait, juste pour nous protéger, me fait un drôle d'effet. J'ai envie de pleurer. Le petit garçon que j'ai connu est un jeune homme, roué de coups tous les soirs. J'ai un gros pincement de cœur en y pensant. Je ravale la boule d'angoisse et de tristesse qui était au bord de mes lèvres, arbore mon plus beau sourire et réponds:

-Super, et toi?

Gwen StacyWhere stories live. Discover now