Identique.

Chapitre 1.

La jeune fille qui entra dans ce café, ce jour-là avait une chevelure bleue excentrique qui était un très beau résultat de l'un de ses courageux et risqués caprices, celle-ci attirait l'œil de nombreux traditionnels ou envieux. Son style vestimentaire loin d'être rustique était un ensemble harmonieux de plusieurs genres de tenues. Elle ne tenait pas forcément à ce qu'on la regarde mais elle voulait tout simplement pouvoir dépasser une timidité la rendant totalement impuissante face à des situations imprédictibles, presque insurmontable en montrant une image soignée et audacieuse.

Contrairement à elle plus loin dans ce même café, une jeune femme tout aussi magnifique était réticente sur le fantasmagorique, coiffée d'une ordinaire queue-de-cheval, elle ne voulait pas captiver les regards parfois insistant des curieux et irrespectueux passants. Étudiante en droit elle était presque déjà adaptée à un style strict. Les nuances maussades envahissaient son armoire, tellement qu'elle en était devenu invisible aux yeux de tous sauf d'un, ce fameux serveur au charme étourdissant dont beaucoup de jeunes étudiantes avaient été envoutées.

Le lieu et l'heure de cette journée était l'une des rares choses que la jeune farfelue aux mains couvertes de peinture et l'ardente future avocate à la tenue et à la coiffure droite avaient en commun au début de leurs aventures.
L'une à droite assise sur un grand tabouret au bar, celui-ci installé devant une fenêtre donnant sur une magnifique vue de la place, dont l'écran d'ordinateur montrait des toiles et des styles d'art différents, des nuances de couleurs flamboyante ou pastel et dont les livres éparpillés partout, tachés de peinture, souligné et surligné, encombrés le comptoir. L'autre à gauche, installé à la table 4 de la petite taverne moderne, avait elle aussi un écran devant elle, un écran qui montrait des lignes et des lignes de son mémoire sur le droit pénal, accompagné de livres empilés et alignés dont les titres faisaient partie du champ lexical de juridique et dont les pages étaient marqués de nombreux pense-bêtes.

Benjamin, le serveur du café s'avança vers la jolie brunette attablée et lui servit son chocolat chaud habituel. Celle-ci eut bon nombre de fois tenté de boire du café comme tous les étudiants en droit qu'elle connaissait mais jamais ne le pu, elle trouvait son goût amer horripilant et ne jurait que pour le sucré du chocolat chaud. Elle aimait la sensation que lui procurait la douceur de la boisson cela lui donnait l'impression de revenir à l'âge innocent. Lors des journées hivernales et assombris par les nuages aux nuances de gris aussi variés que sa garde-robe, elle s'asseyait à cette table et buvait « sa » potion.
Lorsque la chaleur du liquide embrumé l'intérieur de sa bouche, la belle esquissait un sourire satisfait et détendait tous ses muscles, afin de n'apprécier que plus le nectar devenu indispensable à ses journées toutes plus épuisantes les unes que les autres.
Pour vous conter son parcours, elle avait, chaque jour de sa vie, tenté de satisfaire sa famille, elle voulait devenir la fille parfaite, sa mère était une femme qui avait dû énormément travailler pour monter dans la classe mondaine et réaliser son rêve de devenir une avocate renommée, elle avait rencontré le père de la belle brune dans un gala de charité ordonné par le directeur du cabinet où elle travaillait, ce même directeur qui c'était avéré être le père d'un magnifique homme qui demanda la main de l'avocate estimée en mangeant une crème glacée au chocolat et à la vanille.
En compétition constante avec son frère et très peu soutenue par « Souris » son american curl, elle c'était acharnée pour toujours le dépasser mais finalement ils avaient tous deux obtenus une place réservée dans le cabinet de leur grand-père.

De l'autre côté, celle qui étudiait dans l'une des plus prestigieuses universités d'art avait vécu avec un dogue allemand nommé Tyrex et son père un écrivain fortuné. Après la mort de sa mère, il lui avait annoncé l'étrange nouvelle qu'elle avait été adoptée, il lui avait expliqué que sa mère était stérile mais qu'elle l'avait défendue de tout lui révéler car elle voulait que sa fille même adoptée se sente comme « sa » fille. L'étudiante à la chevelure bleutée avait pardonné son père de lui avoir caché rapidement en sachant que tout partait en réalité d'une bonne intention et lui rendait visite toutes les vacances et certains week-ends quand elle le pouvait. Malgré tout, ce qui l'avait emmené dans ce café ce-jour là et les jours suivants, était tout simplement son but de visiter tous les salons de thé et les cafés du centre-ville afin de trouver « la » boisson qui lui donnera un frisson. Elle buvait presque toujours du thé même si elle n'en aimait pas le goût, elle le trouvait trop fade ou trop fort mais jamais assez bon, elle y ajoutait deux sucres pour ne plus sentir le goût.
Ce qu'elle aimait dans cette boisson était la sensation de douceur qu'elle pouvait sentir près de son cœur lorsque le léger liquide progressait dans son corps, elle aimait pouvoir sentir la chaleur de la tasse au creux de sa main et adorait pouvoir souffler de manière séduisante pour que la buée brûlante caresse son visage. Elle ne pouvait se passer de la sensation que lui procurer le liquide lorsqu'il embrassait ses lèvres et adorait le gonflement de ses lippes comme si sa bouche était anormalement pulpeuse. Le thé réchauffait son cœur et la rendait amoureuse de cette impression de fièvre ardente qui brulait en elle.

Elles semblaient si différentes et pourtant avaient tellement en commun, elles étaient toutes les deux liées d'une manière ou d'une autre. Et ce fut ce jour-là que tout commença pour elles, le jour où Maya trouva un thé à la douce saveur de caramel qu'elle adorait et où Amy détacha en public pour la première fois depuis des années sa continuelle et exaspérante queue-de-cheval pour laisser paraître un joli lissage ébène.
Comment deux événements anodins pourraient changer la vie de deux jeunes étudiantes, m'auriez-vous demandé si vous aviez été près de moi. Tout est relatif vous aurai-je répondu si vous m'aviez posé la question.