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<< Don't let him hurt you, honey. >>
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Le début de mon existence ressemble bel et bien à ces histoires clichées qui me désespéraient dès que je commençais à les lire. En effet, moi, la jeune fille sans histoire de seize ans qui passait son petit temps de vie entre les murs du lycée, était tombée amoureuse du garçon qui attirait tout les regards.
Bien qu'amoureuse est un bien grand mot quand on y pense. Je pense plutôt que le terme exact serait... Que j'étais subjuguée. Subjuguée par le charisme qu'il dégageait. Subjuguée par sa beauté. Sa voix. Son odeur.
Ce garçon d'un an mon aîné s'était insinué dans ma tête et plus jamais il n'en est ressorti. Moi, je n'étais qu'une fille qui s'évertuait à avoir de bonnes notes à l'école en pensant un minimum à ne pas avoir un avenir trop pourri. J'étais cette fille qui se mettait ni au premier rang ni au dernier et qui avait un groupe d'amis limité. Oh ne croyez pas que cela me déplaisait, j'étais très bien dans ma petite vie de lycéenne.
Cependant cette réalité que j'appréciais me rappelait à chaque instant que l'Apollon qui m'attirait se tenait bien trop haut dans les cieux pour que je puisse ne serait-ce que l'effleurer.
Alors je l'observais de loin, de toute façon je ne pouvais faire que ça quand les attroupements se formaient autour de lui. Il sortait ce sourire ravageur comme on sort un chewing-gum de sa poche.
Un putain de sourire.
Il était comme ce rêve, ce rêve qui me permettait d'espérer sans trop m'avancer. Ce rêve qui existait dans le monde des chimères mais qui ici bas, ne se réalisera jamais.
Jusqu'à ce jour.
Le jour où ce garçon et moi devions ensemble préparer la fête de fin d'année. Cela faisait un an. Un an que j'avais passé mon temps à le voir sans jamais ouvrir ma bouche. Et aujourd'hui, c'était à moi que ses paroles s'adressaient.
— Erika ? Tu m'écoutes ?
Combien de fois avait-il répété cette phrase de sa voix ensorcelante ? Quand il voyait mon regard vide et perturbé à la fois, il dégainait une nouvelle fois sa dentition blanche et posait sa tête entre ses bras, prenant l'air d'un enfant malicieux qui faisait trembler mon coeur. Alors je reprenais avec lui, l'esprit embrumé par la personne se trouvant à mes côtés. Son épaule effleurait la mienne, tout comme nos doigts de temps à autre.
Maintenant que j'y pense, cela faisait peut-être partie de son plan. Car depuis ce jour, cet être qui me hantait était devenue la personne avec qui je parlais le plus souvent au lycée. Peu à peu, alors que mes pas me guidaient vers lui, je m'éloignais de mes amis qui ne voyaient pas ce rapprochement d'un bon oeil. Je pensais qu'ils étaient stupides et jaloux.
C'était moi qui était stupide. Une bien belle conne dans cette histoire à vomir.
Il aura fallu d'un baiser pour que je sois définitivement enchaînée à lui. Il pouvait me faire ce qu'il voulait que je le suivrai, tel un pauvre cabot dépendant de son maître. Cependant, ce que ce garçon cachait au reste du monde, c'était une chose bien assez sombre pour que moi même je m'y brûle les ailes.
Un trafiquant de drogue.
Un putain de trafiquant de drogue.
Je n'avais jamais été exposée à ce genre de chose avant de sortir avec lui. C'était à peine si je pensais que ça existait. Et pourtant ces êtres de l'ombre existaient bel et bien, prospérant grâce à leurs ventes dans les plus petites rues de la ville.
Evidemment que je l'avais aidé. Quand il me caressait la joue avec la plus grande des tendresses et qu'il chuchotait à mon oreille d'une voix grave que j'étais la seule qui pouvait le faire, comment résister ? C'était un appel, un appel pour plonger en Enfer et je l'avais fait avec le plus grand des plaisirs parce que c'était pour lui.
Il aura fallu un an pour plonger.
Entre les ventes, la production, les échanges... Ma tête ne tournait plus rond, l'improbable était devenu normal et dans tout ça, le démon qu'était mon petit ami de l'époque tirait les ficelles en regardant avec joie tout le mal que je me donnais pour lui. Pour son pauvre petit cul plein aux as.
Et arriva ce qui devait arriver.
La police. Ma tendre amie celle là. Elle avait débarqué dans un des ateliers de fabrication. Comme par hasard mon cher et tendre était parti une demi-heure plus tôt, me disant de le rejoindre une fois que j'aurai fini.
Au final je n'avais jamais fini.
Huit ans. C'était la sentence que l'on m'avait imposé. Huit ans à purger dans une prison pleine de folles furieuses prêtes à tuer pour avoir une minable cigarette.
Vous savez ce que ça fait quand une pauvre lycéenne intègre un tel milieu, rempli de débauche et d'horreur ? Elle se transforme. Elle change. Elle crée une carapace pour pouvoir survivre. Et rien de mieux qu'une douce idée de vengeance pour résister à l'appel du suicide.
Aujourd'hui, je viens de passer les portes de la prison en femme libre. J'ai maintenant vingt-quatre ans.
Et je suis bien décidée à faire payer à Kim Taehyung tout ce qu'il m'a fait.
