Chapitre 18 : Underwater

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Point de vue : Clémentine

- Pourquoi te renferme-tu autant ?

Bonne question, je n'en savais rien moi-même. Jusqu'à il y a quelque jours, ma vie ne se résignait qu'à la mort. Mais depuis que je l'ai revu, je ne savais plus quoi faire. Il y avait certes, un poids en moins dans mon esprit, mais je n'arrivais pas à me faire à l'idée que ma vie pouvait des à présent devenir normal. Je n'arrivais pas à pardonner Rhydian pour tout ce qu'il m'avait fait. D'ailleurs, je ne comprenais toujours pas comment Sarah avait pu lui pardonner aussi facilement.

Il avait sûrement utilisé des arguments en béton, mais cela ne m'étonnerait même pas qu'elle lui soit tomber dans les bras aussi rapidement qu'Usain Bolt pouvait courir cent mètres. Maintenant, la question était "pourquoi me renfermer autant", je n'arrivais toujours pas à répondre, ça paraissait si simple de répondre, mais je n'avais aucune réponse à donner.

- Je ne sais pas.

- As-tu eu quelques problèmes ces dernières années ? Lança le docteur Wilde, mon psychologue.

- Non.

- Tu en es sûre ?

Pas le moins du monde, oui, j'avais eu d'énormes problèmes ces dernières années, et cela ne se résumait pas qu'à la mort de mon ancien meilleur ami. Il y avait un fil conducteur, et cela me paraissait évident, mais le départ de Sarah avait aussi un rapport.

Du jour au lendemain, je m'étais retrouvée seule, personne sur qui me confier. J'avais tout de suite souhaité le pire à celle qui m'avait abandonné, mais en la retrouvant devant cette salle de concert, toute ma haine s'était envolée. J'avais réussi à pleurer sur son épaule, alors que depuis la soit disante mort de Rhydian, je n'avais osé montrer aucun signe de faiblesse. Mais ensuite, on a gardé contact, mais j'étais toujours aussi seule. Un an après, j'avais commencé à recevoir des messages, je croyais devenir folle en le voyant à chaque coin de rue, et en un rien de temps, j'avais trouvé pour seul refuge, la drogue.

Puis tout s'est enchaîné, j'ai fugué, mes parents ne voulaient plus de moi, je suis tombée en dépression, dans l'alcool, les tentatives de suicide, et puis Sarah est revenue. J'ai cru à un moment, que tout allait redevenir normal, que j'allais enfin être heureuse. Mais quand j'ai su que nous avions tous les deux vécus la même chose, j'ai compris que rien n'était gagné, qu'il y avait encore du long chemin à faire avant de voir la lumière.

Et ensuite, la lumière s'est éteinte et je me suis résignée à ne plus jamais la voir. Dans un sens, j'avais peur, peur de retrouver mon ancienne vie.

- Je crois savoir...

- Savoir quoi ?

- Pourquoi je me renferme autant sur moi-même.

- Ah oui ? Et pourquoi donc ?

- Je crois que... J'ai peur d'être heureuse. J'ai peur de ressentir cette once de bonheur qui pourrait faire que ma vie soit à nouveau un rayon de soleil.

- C'est un bon début. Sais-tu pourquoi tu as autant peur ?

- C'est quelque chose que je n'ai pas ressenti depuis au moins... Quatre ans. Et la nouveauté doit sûrement me faire peur, c'est comme si je n'avais jamais connu un tel sentiment.

- C'est tout à fait normal. C'est très fréquent chez les patients atteints de dépression aggravée, mais si tu le veux vraiment, cette peur peut disparaître. La question est maintenant : veux-tu être heureuse ?

La réponse était simple, mais difficile à prononcer. Les autres avaient peur des insectes, du noir, des araignées, moi, j'avais peur d'être heureuse. C'était quelque chose d'effrayant dans un sens. Mais oui, j'avais la réponse.

Mysterious (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant