Tu es comme moi

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Tu détruis tout ce que tu touches


Katsuki a un bref frisson. Un sursaut. C'est toujours de derrière que les ennuis arrivent, et il aurait dû sentir cette énergie glacée, cette présence qui pue la mort la haine qui se révèle soudain. Il réagit un quart de seconde trop tard. Il pensait à Deku. Et quand une main saisit son épaule, il croit d'abord que c'est son copain. Avant que ne déferle sur lui l'aura pesante, fétide, qui l'aurait paralysé s'il était plus jeune, tant est forte la folie et la noirceur qui imprègne l'air. Le mal, tout ce qu'on redoute, tout ce qu'on haït, tout ce qu'on combat, tout ce qu'on craint. Et cet abysse le regarde en retour par des pupilles rouges, écarquillées, à demi cachées.

Un quart de seconde trop tard, et il manque par réflexe de l'exploser, de se retourner pour frapper de toutes ses forces, et de s'étrangler lui-même dans cette main prête à le saisir au vol, prête à l'anéantir. Il se fige lorsqu'il reconnait les mains. Les mains froides et livides et grouillantes, leur prise à la fois molle et ferme, sur cet être qui le dégoûte au plus haut point.

« Ta-ta-ta... » fait Shigaraki, qui fait glisser sa main dans son cou en parodie de caresse, l'index levé, à un doigt, un doigt de la mort. « On ne bouge pas. »

Katsuki se redresse lentement, prudemment, il jure intérieurement, cale sur ses lèvres son sourire bravache, méprisant. La pression sur son cou l'invite à contourner le canapé, le force à se décaler, pas à pas, pour que l'obstacle ne soit pas entre lui et l'intrus. Il songe à donner un coup de pied dans le meuble pour éjecter ce connard mais c'est trop risqué. L'autre aussi a des réflexes, et il n'y a qu'un centimètre entre son doigt et sa jugulaire.

« On t'a pas appris à sonner, lunatique de mes deux ? Tu t'invites sans prévenir et j'ai même pas ma tenue pour t'atomiser en beauté. »

Il maîtrise sa voix, il joue les durs mais il est dans la merde et il le sait. Comment le chef de la Ligue a-t-il passé la sécurité ? Fait taire les alarmes ?

Il a manqué de vigilance. S'il n'y avait pas eu cette dispute avec Deku...

« Dans ta position, je m'abstiendrais de dire atomiser. C'est bien assez tentant. » souffle le vilain de sa voix doucereuse.

Katsuki sent son estomac se retourner comme il se colle à lui, le nimbant de son odeur, de sa présence nauséeuse. C'est l'incarnation d'un cauchemar, d'une période d'impuissance, de tout ce qu'on ne peut pas éviter, la mort, la putréfaction, la répugnante déliquescence du monde. Lorsqu'on attache ses membres et qu'il faut subir et écouter toute la merde et obéir malgré lui. Lorsqu'on ne peut pas agir. Lorsqu'on ne peut pas se défendre. Cet être faible et malingre et pourtant demi-dieu, qui distribue la mort comme la peste, comme un enfant joueur. En un instant. Un geste de la main. Il est l'ennemi. Il est la créature que tous redoutent, il est instable, et il règne sur leurs nuits. Comme la peur du désastre qu'on ne peut éviter.

Shigaraki rit et son instinct lui hurle de se battre et il demeure là dans ce malaise profond, son large torse se soulevant amplement.

« Qu'est-ce que tu veux... ? » il grogne, et il se retient de le provoquer, il cherche une solution l'ouverture une faiblesse et il n'y a rien qu'un demi-centimètre entre la mort et lui.

« Mon petit Bakugou... Tu n'as pas l'air très content de me voir... Alors que j'ai fait tout ce chemin... »

Il l'a déjà affronté, mais jamais d'aussi près, jamais à la merci de son alter. C'est une chose de se battre à distance en esquivant des mains qu'on sait mortelles au moindre contact. S'en est une autre d'avoir cette main serrée contre sa gorge. Il ose à peine déglutir.

Pour le pire [Katsu/Deku]Where stories live. Discover now