Chapitre 4

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Quand j'ouvre les yeux et que je vois le fantôme assis sur le rebord de la fenêtre, je sais qu'on est dimanche et que tous ses problèmes seront réglés dans la journée. Grâce à Mamoun.


Dans la cuisine, ma mère essaye de déstresser en astiquant une énième fois les meubles.

_ Je suis sûre qu'elle va dire que ça fait trop moderne. Tout est toujours trop moderne avec elle de toute façon.

Elle nettoie la propreté depuis qu'elle est levée, tout en pestant. Soudain, elle se tourne vers la table, où je suis assis et la regarde faire.

_ Oh, les fleurs ! s'écrie-t-elle. Elle n'aime pas les fleurs. Prends-les et mets-les ailleurs. Vite !

_ Où ça ?

_ Ailleurs ! hurle-t-elle.

Ne voulant plus être dans ses pattes, je prends le bouquet posé sur la table et remonte à l'étage. Je les mets dans leur chambre, ne sachant pas trop quoi en faire. J'aurais dû accompagner mon père à la gare.


Je suis tranquillement en train de glandouiller sur le PC quand je vois le fantôme s'agiter.

_ Elle est là, me lance-t-il.

J'accours à la fenêtre, d'où il n'a pas bougé depuis que je me suis levé pour guetter son arrivée, et lorsque je vois mon père et sa mère sortir de la voiture, je souris. Le fantôme disparaîtra ce soir et je serai à nouveau tranquille. Je déboule les escaliers et dépasse ma mère pour aller accueillir ma grand-mère.

_ Mamoun !

Je m'élance vers elle pour la prendre dans mes bras. Elle m'a manquée.

_ Bonjour mon petit bouchon.

Le câlin ne dure pas longtemps parce qu'elle n'aime pas trop ça. Pourtant, lorsque je me détache d'elle, elle pose sa main sur la mienne et ses yeux dans les miens.

_ Je l'ai vu. Je sais ce qui te tracasse.

_ Tu vas l'aider, pas vrai ?

_ Je vais tout faire pour, mon bouchon.

_ Belle-maman, entrez donc, l'invite ma mère.

Tout le monde entre à l'intérieur et mon père prend la parole timidement.

_ Mamoun était en train de me raconter comment elle a aidé une femme à accoucher dans le train ce matin.

_ Oh, encore ? Sourit ma mère, faussement étonnée.

_ Ce sont des choses qui arrivent, soupire Mamoun, les épaules relevées.

Parce que où qu'elle aille, il lui arrive toujours quelque chose. Et je peux assurer que ses histoires ne sont pas des cracs parce que je suis témoin de plusieurs d'entre elles. Même si j'aurais préféré ne pas être présent pour la majorité. Une femme qui accouche dans le train est même commun avec elle. L'histoire d'aujourd'hui est un peu décevante je trouve.

_ Alors, c'est ici que vous habitez maintenant ? poursuit-elle en lançant un coup d'œil autour d'elle.

_ Oui Mamoun, c'est trop bien ici, je lance, devançant mes parents et leur réponse polie et merdique. Je vais te faire visiter. Viens voir le jardin.

La prenant par la main, je l'emmène à l'extérieur, laissant mes parents dans notre dos.

_ T'as vu, y a même une balançoire ! je m'écrie.

Et sans bouger pour que mes parents ne remarquent rien, je me mets à chuchoter.

_ Il se balançait la première fois que je l'ai vu.

Tae GhostWhere stories live. Discover now