Chapitre 10 : Agis

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Alexander se retrouve ainsi hébergé, dans une petite auberge du village, à quelques rues du parc, le centre de Nemak.

Durant plusieurs jours, personne ne le voit, puis il réapparaît, comme sortant d'un long sommeil. Rejoignant le trio dans les collines, il s'installe sous l'un des nombreux arbres, les observants. Bâtons en mains, les deux jeunes hommes s'affrontent avec peu d'entrain sous le regard attentif d'Élya.

- Tu ne te joins pas à eux ?

La Manæn tourne un regard interrogateur sur l'Elfe, se trouvant à quelques pas d'elle, sans prendre la peine de lui faire complètement face, avant de secouer la tête.

- Je ne suis pas la mieux calée en combat armé. Je préfère me fier au mana.

- C'est faux.

- Qu...? Non, c'est vrai ? cette fois-ci la jeune femme se tourne complètement vers son interlocuteur, les sourcils froncés.

- C'est faux. Si c'était vrai, tu n'aurais pas la masse musculaire que tu possèdes. Je sais reconnaître des mains fatiguées et des cicatrices causées par la musculation. Je ne vois que celles sur tes bras mais je me doute que, intelligente comme tu es, tu n'as pas lésiné.

Faisant abstraction de l'air ahuri de la jeune brunette, Alexander se lève, se retrouvant presque instantanément devant Élya. Dans sa main, une épée en bois se matérialise.

- C'est ce que j'utilise d'habitude. Mais toi, tu veux quoi ?

Ravalant sa surprise, la Manæn retrouve son air plus ou moins sérieux, armée d'un sourire en coin.

- Une lance.

Sans rien ajouter, dans son autre main, une lance apparaît, faisant la taille d'Élya, avec une pointe en bois à l'extrémité. Il la donne à la jeune femme, qui s'en empare avec un plus grand sourire.

- Le but est d'utiliser sa taille à ton avantage. Alors, la pointe loin de tes mains, tu dois la tenir vers le centre, voir un peu avant. Au plus loin de la lame. Compense le poids avec tes mains afin de pouvoir la manipuler correctement.

Aussitôt dit, aussitôt fait, Élya se place convenablement, découvrant le poids, bien que minime de cette version, de son arme. C'est ainsi qu'un simple cours commence. Alexander venant attaquer doucement, rectifiant la jeune femme sur sa posture et sur sa technique. S'adaptant à son rythme et à ses capacités, ils s'entraînent durant plusieurs heures, laissant Jevdô et Jack travailler de leur côté afin de ne pas les déranger.

La Manæn n'a jamais vraiment appris à se battre, en dehors de la musculation, elle n'a jamais trouvé le courage de dire « je veux apprendre ». C'est pour ça que, à l'abris de tous regards et de tous jugements, elle s'y donne à cœur joie. Écoutant attentivement les conseils du draconnique, répétant les mouvements encore et encore. Ses pieds se croisent, ses bras bougent, la lance obéit. Malgré son poids se faisant plus présent, Élya ne s'arrête pas, déterminée. La fausse lame pique le vide, rapide, précise, manquant de force mais pas de volonté.

Même si ce n'est pas forcément avec juste sa volonté qu'elle peut survivre. Mais pour un premier jour c'est pas mal. C'est même plutôt bien.

C'est ce qu'Alexander lui dit lorsqu'ils s'arrêtent.

- Ta volonté va te permettre de continuer. Plus qu'à l'utiliser pour qu'en plus de ça, tu aies la force. Demain on recommence. De même pour les jours qui suivent. Les garçons n'ont pas besoin d'aide pour l'instant, alors je peux me concentrer sur une personne, c'est plus pratique.

Les bras fatigués et endoloris, la jeune femme a l'air plus détendue et calme, heureuse de ces heures à travailler. Après un court échauffement de fin, relaxant son corps, ils s'assoient dans l'herbe, profitant du calme et du spectacle servit par Jack et Jevdô, ne prêtant aucune attention aux insectes parcourant le sol autour d'eux.

Le Sorcier Vert, Tome 1Where stories live. Discover now