OMBRE

15. Ne me ments pas (1)

Romane,

Quelques mois plus tard.

Rien à changé depuis la dernière fois. William et moi continuons à nous voir régulièrement, mais ne sommes pas totalement en couple. Du moins pas encore. On essaye de s'accommoder avec nos emplois du temps. Je travaille toujours en boîte de nuit, et lui continue sa musique. On essaye de se voir au moins une fois par mois, mais c'est vraiment compliqué.

J'essaye de gérer mon amitié avec Isiah & Anthony mais c'était pas facile non plus. Isiah a compris qu'il se passait quelque chose entre Damso et moi et m'a clairement fait une crise de jalousie, en disant que je jouais avec lui et depuis, on ne se parle plus trop.

Heureusement, Anthony est de mon côté et me soutiens dans ma « relation ». C'est vraiment quelqu'un sur qui je peux compter. Lui, de son côté est toujours en couple avec sa copine du 17ème. Il ne me l'a pas encore présenté, mais ça je devrais pas tarder.

La santé de mon père s'est amélioré, il est encore suivi par ses médecin mais tout va bien.

Du moins, tout allait bien jusqu'à maintenant.

William se plaignait que je ne faisais pas assez d'effort pour nous voir. Alors j'ai demandé à avoir mon week-end, et le passer chez lui. Il m'a laissé les clefs de son appartement, parce qu'il n'était pas présent pour venir me chercher. J'ai du prendre un taxi jusqu'à chez lui, et depuis je l'attend. Je l'attendais, donc j'ai décidé de mettre de la musique. Ironiquement, j'ai vu qu'il avait son album chez lui alors je l'ai mis. Tout allait bien. Jusqu'à ce que je tombe sur Amnésie.

« Mort est son avenir proche, les anges de l'enfer l'escorte,
le hashtag "#vie" tient peut-être d'elle,
de son cou pendu à la corde
Trop jeune pour comprendre l'impact des mots
J'm'en fous de c'qu'elle veut tant que j'ai ce qu'il me faut
13 ans déjà mon premier rapport
Depuis mon cœur a fermé la porte
Aussi bizarre que cela puisse paraître
Après l'avoir ken' j'voulais qu'elle disparaisse
Elle voulait qu'on s'aime mais je n'voulais pas
J'étais l'dernier à faire le premier pas
Plus les années passent et plus lourde est la tâche
J'la trouvais pas bonne et j'voulais qu'elle le sache
Dans la méchanceté j'me sentais si bien
J'étais loin d'imaginer son quotidien
Des larmes séchées sur ses poèmes
Qu'elle m'écrivait en recherchant plaisir clitoridien
Faux-cul j'étais comme un "Allez l'OM"
Scandé par un supporter parisien
Le jour de son suicide je n'en revenais pas
La veille elle voulait que j'la prenne dans mes bras
Mais j'suis pas doué dès qu'on s'éloigne des draps
J'suis plus dans le "suce-moi et concentre-toi"
Dernier message elle parle au répondeur
"Allo Damso j'vais faire sonner mon heure"
J'décrochais pas j'voulais pas faire d'erreur
Qu'elle me casse les couilles c'est ce dont j'avais peur
C'était la dernière fois que j'entendais ses pleurs
Elle était morte et pourtant je lui ai dit "A toute à l'heure"

Je n'arrivais pas vraiment à réagir. Mes pensées partaient dans tout les sens, mais la plupart étaient dirigés vers Magali.

Je n'arrivais pas à comprendre, ou je ne voulais pas comprendre je crois. J'étais soudainement démunie de tout bon-sens. Honnêtement, j'étais perdue.

J'ai pris mon téléphone et j'ai directement appelé William. Plus les sonneries passaient, plus je stressais. Il n'a pas répondu, donc j'ai réessayé.
Entre temps, il m'a envoyé un message pour me dire qu'il était en interview et qu'il me rappèlerais plus tard.

En attendant, je réfléchissais à la première fois que j'ai entendu Amnésie, et ce jour m'est revenu très vite. J'étais avec Isiah qui me disait que cette chanson lui faisait penser à Magali. Il n'a pas fallut longtemps pour faire le lien.

Il parlait de Magali. C'était lui. C'était de lui qu'elle parlait. C'était lui qui lui a infligé ça.

Comment il a pu ?

Je me suis levé, et je suis allé directement dans sa chambre chercher des preuves. Si c'est lui, il doit avoir la lettre. Il doit avoir sa lettre d'adieu quelque part.

Je me suis dirigé vers sa chambre et j'ai fouillé. Dans presque toute les boites, j'ai fouillé. J'essayais de tout remettre à sa place, sans montrer que je suis passé par la, au cas où je ne trouvais rien.

J'ai du chercher pendant au moins 30 minutes avant de la trouver. Elle était limite intacte, comme s'il ne l'avait jamais touchée.

Ma main tremblait pendant que je la tenais. Ignorant si je devais la lire ou pas. Puis j'ai craqué.

« William,

Je suis au bout. Au bout de tout. Et je ne peux plus les supporter. Je ne supportes plus tes insultes, tes méchants mots. Comment tu fais pour vivre avec ça ? Comment tu fais pour être méchant comme ça ? Pourquoi ? Je t'ai fais quoi ? Tu voulais que je disparaisse ? Tu auras ce que tu voudras. Je vais disparaître.

J'espère que je te hanterais du paradis, ou de l'enfer, ça dépend où j'irais.

Mon plus grand regret c'est d'être tombé sur toi. J'aurais peut-être été heureuse et eu une meilleure fin.

Dors bien. »

La lettre n'était pas signée, mais par son écriture, j'ai reconnu Magali. C'était elle.

Mes larmes coulaient du mal qu'elle ressentait. Et je m'en voulais, parce que je n'ai rien vu venir. J'ai délaissé ma meilleure amie.

En regardant la lettre plus attentivement, j'ai vu des taches de larmes ayant coulées. Elle a pleuré. Elle a beaucoup pleuré.

Et il l'a laissé.

J'ai pris la lettre avec moi dans le salon, en l'attendant. J'ai attendu, attendu, attendu, attendu. Puis, vers 22h, il est apparu.

Le sourire au lèvres de me retrouver, il a sûrement pensé qu'on allait s'amuser. Malheureusement, j'avais d'autre projets.
J'avais besoin d'explications.

- On doit parler.

Son attitude a changé, il s'est assit en face de moi en attendant que je parle.

- Je vais te poser la question qu'une seule fois, William. Ne me ment pas.

- Je t'écoute.

J'ai sorti la lettre et l'ai posée sur la table.

- C'est de Magali que tu parles dans Amnésie ?