Gabrielle

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Première semaine des vacances d'hiver terminées. La neige n'est toujours pas là. Chaque jour, je pense à Lise. Elle me manque plus que je ne l'imaginais. Je garde mon téléphone sur moi au cas où elle m'appellerait. À plusieurs reprises j'ai composé son numéro avant de l'effacer.

Après ma séparation avec Adèle, je n'ai eu aucun mal a supprimer son nom de mon répertoire. Aujourd'hui, j'en suis incapable. Pourquoi ? Notre relation n'a duré que quelques mois par rapport aux trois années vécues avec Adèle.

Finalement, j'en viens à me demander si j'aimais réellement mon ex. Je me rends compte que l'amour que je porte à Lise est bien plus fort. Malheureusement, j'ai tout gâché.

Je retiens la crise de larmes qui se profile lorsque je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je respire profondément, mon cœur bat plus vite. Est-ce Lise ? J'attrape le téléphone, je retiens ma respiration. Je visionne l'écran, tous mes espoirs se sont envolés à la vue de la photo qui apparait.

—    Rachel, qu'est-ce que tu veux ?

—    Bonjour à toi aussi !

—    Je ne suis pas d'humeur, fais vite.

—    Je voulais prendre de tes nouvelles. Je vois que tu as besoin de moi !

—    J'ai besoin de personne ! m'emporté-je.

—    Moi je pense le contraire. Je t'imagine chez toi avec un pantalon de coton dix fois trop grand, un vieux tee-shirt. Les yeux rougis et gonflés tellement tu pleures toutes les larmes de ton corps. Je peux continuer la liste est longue.

—    Stop ! Oui je suis une vraie loque ! Tu es contente ? Tu as encore raison.

—    Gabrielle arrête de te morfondre. Tu as déconné, c'est vrai. Lise t'en veut et je la comprends...

—    Toi aussi, tu es de son côté. Tu approuves sa décision...

—    Laisse-moi finir. Je la comprends, mais je suis sûre que vous êtes faites l'une pour l'autre. Tu es malheureuse et elle aussi...

—    Comment ça, elle aussi ?

—    Je ne devrais pas te le dire. Je lui ai rendu visite avant qu'elle ne sorte il y a trois jours. Elle m'a semblé complètement ailleurs.

—    Elle vient d'avoir un accident c'est normal.

—    Figure toi que ce n'est pas l'accident qui la perturbe, mais bien toi ! Elle t'aime Gabrielle.

—    Pourquoi me repousse-t-elle ?

—    Elle souffre, tu l'as blessée en te laissant embrasser de la sorte. Elle doute aussi, se pose de nombreuses questions. Est-ce que tu recommenceras ? Peut-elle te faire de nouveau confiance ? L'aimes-tu réellement ? je peux encore t'en énumérer, mais je pense que tu comprends, tu es bien placée pour le savoir.

—    Merci de me le rappeler. Rachel, je l'aime vraiment. Je suis une idiote, j'ai laissé filer le parfait bonheur en l'espace de cinq minutes.

—    Il n'est pas trop tard pour vivre ce bonheur !

—    Si ! Ça fait une semaine qu'elle m'a rejeté. Je n'ai pas de nouvelle, pas même un message pour me dire qu'elle va bien, qu'elle est sortie.

—    Elle ne peut pas oublier en seulement une semaine. Sois patiente, elle va revenir.

—    Tu es bien optimiste.

—    Oui ! Maintenant, tu te bouges, dans une heure je passe te prendre pour faire les boutiques.

—    Rachel... j'ai horreur du shopping !

—    Tu vas faire un effort, n'oublies pas que Noël approche. Je veux un cadeau au pied du sapin !

—    Très bien, je me prépare. Tu l'auras voulu, tu vas devoir me supporter ! conclus-je.

***

Rachel me traine dans toutes les boutiques de la ville. Les rues sont noires de monde. Je ne me sens pas du tout d'humeur festive malgré les chants de noël et les odeurs de cannelle qui émanent dans le centre-ville. De nombreux petits chalets rouges sont alignés dans la rue centrale. Sur la place de l'hôtel de ville, une patinoire est installée, de nombreux enfants s'essaient aux joies de la glisse. Les gens semblent heureux. Cette période de l'année est synonyme de partage, de regroupement familial autour d'un bon repas et l'échange de cadeaux. Habituellement, j'aime Noël pour les douceurs que l'on mange en famille, les rires des enfants, la surprise de certains à l'ouverture des cadeaux.

Cette année, c'est différent, je ne veux pas participer à tout cet étalage de bonheur. Je préfère m'enfermer chez moi devant un vieux film.

—    Gabrielle ! Tu avances où je dois te donner la main comme aux enfants !

—    J'arrive ! râlé-je. C'est toi qui a voulu que je vienne, assumes de trainer un boulet avec toi.

—    Premièrement, tu n'es pas un boulet. Deuxièmement, je le fais pour ton bien. Troisièmement, tu n'as toujours pas trouvé mon cadeau.

—    Tu ne le mérites pas ! la taquiné-je.

—    Oh que si ! Tu vois je te redonne le sourire.

—    Allons le trouver ton cadeau !

Nous faisons de nombreux magasins en tout genre pour trouver le cadeau qui lui ressemblerait. J'ai finalement jeté mon dévolu sur un parfum qu'elle m'avait fait sentir il y a quelque temps. Nous continuons à flâner dans les rues quand Rachel s'arrête précipitamment devant une bijouterie.

—    J'ai trouvé !

—    Qu'est-ce que tu as trouvé ? Tu veux demander mon frère en mariage ?

—    Oh ! certainement pas, c'est à lui de faire la demande pas à moi !

—    Dis-moi ? Tu veux m'offrir un bijou ? Tu sais que je n'en porte pas.

—    Non, tu ne mérites pas un si beau cadeau ! Par contre, toi, tu vas offrir ce magnifique collier à Lise.

Elle me montre une superbe parure avec une émeraude. Le pendentif est très travaillé, il donne l'impression que la pierre est retenue par un côté et que l'autre le soutient. Le vert de l'émeraude s'accorde parfaitement avec la couleur de l'iris de ses yeux.

—    Il est très beau, mais tu oublies qu'elle ne veut plus me voir.

—    Je ne te demande pas de te pointer chez elle à Noël, la bouche en cœur. Tu dois faire preuve d'imagination...

—    Si elle ne veut pas me voir, je ne vois pas quoi faire de plus.

—    Il faut vraiment tout te dire à toi !

—    Explique-moi parce que je ne te suis pas du tout.

—    Bon, tu achètes ce collier. Tu le gardes précieusement, jusqu'à la rentrée.

—    Oh non ! Je n'y pensais plus ! On va se croiser tous les jours. Comment je vais faire ? paniqué-je.

—    Ne panique pas, au début ça sera compliqué. Comme je vous connais, vous allez jouer au chat et la souris. Après un moment, la situation va s'arranger, j'en suis sûre.

—    Tu veux que je lui offre le collier au collège ? Tu délires complètement !

—    Pas du tout ! Tu vas le glisser dans son casier avec un petit mot d'accompagnement... Sois sincère et elle te pardonnera.

—    Je n'ai rien à perdre au point où j'en suis. Allons-y !

Le bonheur retrouvé (terminé)Where stories live. Discover now