Chapitre 5

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Vexée. Oui, voilà je suis vexée. J'arrache le joli avertissement que l'on vient de me donner et me dirige tout droit vers le salon. Je sais que Lucas était au courant de ce mot sinon il ne m'aurait pas souhaité « bonne chance ». Toutefois, j'aimerai qu'il me confirme qu'il vient bien de ce Roman. Le Casper de cette maison !

En arrivant devant lui, je croise les bras sous ma poitrine et attends en tapant volontairement du pied pour qu'il relève le menton de son pc.

-Tu veux quoi Picasso ?

Sans ménagement, je lance la feuille qui virevolte dans l'air avant de se poser sur l'accoudoir du fauteuil dans lequel il est assis.

- Ça veut dire quoi ça ?

- Aucune idée, me nargue-t-il, le nez collé à son ordinateur.

Cette fois, je perds patience et m'agenouille pour être au même niveau que l'écran de son portable. Je baisse légèrement celui ci en espérant qu'il me regarde droit dans les yeux.

- Tu fais quoi là ? Il peste en levant les yeux pour mieux me fixer méchamment.

- C'est lui, n'est-ce pas ? j'insiste.

- Pourquoi tu poses la question si tu le sais déjà.

Petit malin...

Comme je l'avais prévu, il me l'affirme en utilisant la fameuse technique de l'autruche. Lui et moi, on va avoir du boulot pour communiquer. Je garde cette petite pensée pour moi, me relève et tourne les talons sans demander mon reste. Intérieurement, je me note de m'occuper de lui, plus tard. Je n'arrive toujours pas à piger ce qui les divise tant. D'un côté, nous avons une équipe de filles, ravies de m'accueillir parmi elles et de l'autre, deux mecs qui expriment tout l'inverse. C'est quoi leur problème à la fin ? Cette Fleur est bien gentille mais je fais comment moi pour trouver ma place au milieu de tout ça ?
Carl serait là, il me dirait qu'il s'agit de mon prochain challenge. Cap ou pas cap de me faire accepter telle que je suis. Libre, blonde, artiste et totalement tarée d'avoir dit oui à cette colocation complètement chelou dixit la même nana qui ne retournerait pour rien au monde dans son ancienne vie bien au carré !

Toutes ces interrogations provoquent en moi une poussée d'adrénaline. Je monte quatre à quatre les marches sans réfléchir. La dernière fois que j'ai ressenti cette sensation, deux jours plus tard, je quittais l'Ecosse avec mon sac sur le dos.
En général, je ne prends rien au sérieux. Mais ce soir, je me sens piquée au vif ! Ce Roman joue avec mes nerfs. Je ne sais pas ce qui l'anime et au final, c'est peut être ça qui m'agace le plus ici. Ne pas savoir qui il est, à part un colocataire de plus dans cette drôle de maison.

Foutu « man in black »

Frustrée, je me prépare finalement sans provoquer de troisième guerre mondiale et enfile mon uniforme de serveuse bien sous tout rapport. Enfin, ça c'est vite dit ! Le patron nous oblige à porter une jupe crayon avec un tee shirt rose flashy. Mais le plus excentrique reste cette perruque rousse avec une coupe au carré que je dois porter trois soirs par semaine. Plus sérieusement, on se croirait au Crazy Horse version New York. Ma mère verrait ça, elle ferait une attaque direct ! Ma pauvre enfant dans quel monde as-tu basculé ?

Du coté obscure.

En me dirigeant vers la coiffeuse bleue installée sous la fenêtre de la chambre, je remarque de nouveau le même faisceau de lumière rouge filtrer à travers le petit hublot du cabanon au milieu d'un jardin arboré et joliment entretenu.

Je suis sure qu'il est présent à l'intérieur et je me paierai bien le culot d'aller frapper à sa porte pour me présenter physiquement. Et surtout officiellement.

Le MessagerWhere stories live. Discover now