Maëlstrom

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Tout était prêt. Il n'y avait plus qu'à attendre l'étincelle pour que la mèche s'enflamme. Ensuite... La fin.

On toque à ma porte. Je me lève silencieusement, mon couteau déjà dans ma main, et me place derrière la porte. On toque à nouveau. Cliquetis des clefs dans la serrure. La porte s'ouvre et me dissimule. L'agent d'entretien entre dans ma chambre. D'un seul mouvement, je ferme la porte et tranche sa gorge. Elle se retourne. Peur, douleur. Ouvre la bouche. Pas un son, pas d'air. Je la regarde en silence, froid. Elle s'effondre lentement. Sang.

Il se baisse et prend le trousseau de clefs dans la main du presque cadavre. Essuie le couteau sur ses vêtements d'un air absent. Il ne lui reste plus qu'à attendre la nuit, alors il se couche et s'endort.

Bruit perçant du réveil : deux heures du matin. D'un geste mécanique, il stoppe son alarme. Pas de pensées. Juste des actes. Deux bâtiments. Environ trois cents personnes. Trente secondes par personnes. Il a trois heures pour tout finir. Mais d'abord, couper l'électricité. Il sort de sa chambre et descend les escaliers. Une fois dehors, il va dans le local technique, prend une chaise et donne un grand coup dans le tableau électrique. Il retourne dans le bâtiment, à présent plongé dans l'obscurité. Une porte. La première. Le début du maëlstrom. Il insère lentement le passe-partout de l'agent d'entretien dans la serrure, puis le fait tourner doucement. Il ouvre ensuite la porte lentement. Une respiration tranquille. Soudainement coupé par le fil de la lame. Yeux grands ouverts. Surprise, incompréhension. Trachée tranchée. La mort.

Une autre porte. Un coup de couteau. Une autre. Personne. Une autre. Le sang. Une autre. La mort. Une autre. Une autre. Une autre. Encore et encore et encore, la mort frappe par son bras, son arme. Le sang, toujours le même, les visages, indiscernables dans l'obscurité. Il n'y a plus de sens, que les gestes mécaniques. Il s'est oublié, aspiré par le maëlstrom qu'il a créé.

Enfin, la dernière porte. Vide. Il retourne dans sa chambre. Ses vêtements noirs sont imbibés de sang. Il prend une valise sur son dos et va dans le dernier bâtiment. Il sait ce qu'il a à faire. Il dispose des pains de C4 sur les murs porteurs. Il faut faire vite, n'importe qui peut le remarquer. Une fois en sécurité au loin, il sort une télécommande, change la fréquence pour celle des explosifs, appuie sur le bouton. Un son si fort qu'il en est presque physique. Un sifflement aigu. Le petit immeuble s'est effondré sur lui-même. Ses calculs étaient corrects. Il n'en retire aucune satisfaction.

Black holeWhere stories live. Discover now