Chapitre 26

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Kaede

— Ne pars pas ! hurlai-je.

Je me réveillai en sursaut. Mes cheveux étaient imbibés de sueur et un sentiment de panique était encore ancré dans mon esprit. Encore ce cauchemar. Voilà bien huit ans que j'en rêvais constamment. Mon père partait, loin de moi, m'abandonnant entre les griffes de ma mère.

Aussi loin que je me souvienne ma mère et moi ne nous étions jamais bien entendus, ce n'était pas une relation violente mais discordante. J'avais vécu les premières années de ma vie avec ma mère et mon père dans un petit royaume. Je crois qu'à ce moment de mon enfance, mon père connaissait déjà Frank Shardhose.

Je n'avais jamais été un élève modèle. Rester assis sur une chaise toute la journée en restant sage comme un ange, merci, mais non merci. Je faisais beaucoup de bêtises, pourtant j'avais la chance d'avoir un père aimant qui me couvrait à chaque fois. Enfin quand il était impliqué dans les devoirs non-faits de son fils, il fallait bien qu'il se disculpe. Ma mère avait pris l'habitude de m'enfermer dans ma chambre en guise de sanction. Je n'aimais pas être emprisonné, j'avais besoin de ma liberté, et la savoir entravée, m'insupportait. La fenêtre était un excellent moyen de fuite, et la raison de nombreuses blessures.

Tout se passait pour le mieux, jusqu'au jour où mes parents s'étaient violemment disputés. Et pour cause, ma mère avait trompé mon père avec un autre homme, ils avaient fini par se séparer, ma mère avait obtenu ma garde et mon père était parti, me promettant qu'à mes quinze ans nous partirions les deux. Après le départ de mon père, mes yeux avaient commencé à rougeoyer. Je ne savais pas ce qui m'arrivait jusqu'au moment où j'avais compris que j'avais hérité du gêne démoniaque de mon père.

Ma mère avait honte de moi, il fallait s'en douter. Pourtant, son regard dégoûté m'avait permis d'assumer ma nature magique peu commune. J'avais alors rencontré mon futur beau-père, un certain Marc Darcy.

Je n'avais jamais pu le supporter, ce n'était pas mon père et il ne le serait jamais. Je n'obéissais aucunement à ses demandes et ma mère avait pensé à me mettre en maison de correction, ce qu'elle ne fit finalement pas car son cher amant avait réussi à la convaincre. 

Quelques semaines après cet épisode, j'avais appris la grossesse inopinée de ma mère. Ce fut un véritable choc, et j'avais pour la première fois envisagé la fugue. Mais je ne devais pas décevoir mon père, alors j'étais resté. Ces huit ans avaient été une véritable torture. Ma mère me sermonnait constamment, c'étaient les seuls moments où elle m'adressait la parole. Tous les jours, j'essayais de ne pas faire une crise de nerfs...

La cuisinière de la maison m'avait alors aidé. C'était grâce à elle si je savais cuisiner. Une véritable passion que j'abandonnerais pour rien au monde. Peut-être pourrais-je en faire mon métier si je ne parvenais pas à entrer dans l'armée ? Je n'aimais pas le calme de la vie quotidienne, faire mon service militaire était la meilleure solution pour briser cette mélancolie. Ma vie actuelle commençait à me plaire, il ne restait qu'une ombre au tableau : les cours.

Je détestais ça, particulièrement l'histoire, j'étais incompétent, si ce n'était plus. Je n'étais même pas avec Gwen, et je devais supporter Dermingham, il ne m'aimait pas et c'était réciproque. Je m'ennuyais durant les cours, j'étais assis à côté d'Isa, au moins ça, et près de la fenêtre. J'adorais m'amuser avec mon crayon, mais sans faire exprès, je l'avais balancé par la fenêtre. Du coup je ne pouvais rien écrire, alors j'avais dormi une bonne partie du cours.

Je regardai le réveil, 6h30. Je n'allais pas me rendormir, je le savais pertinemment. Alors je me levai, passai mes habits, et m'approchai de la porte, mais ma légendaire maladresse avait décidé de me faire commencer la journée du mauvais pied, je m'encoublai dans le tapis et me cassai la figure.

Ce manoir luxueux me mettait terriblement mal à l'aise, je n'avais pas l'habitude d'un si riche décor. Je soupirai et me relevai. Je pensai à Adams, ce démon dont le gène démoniaque s'était mal développé. J'avais de la chance d'avoir une essence stable.

 J'avais de la chance d'avoir une essence stable

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