JEDUSOR : La Prophétie du Phoenix

Prologue

Harry Potter s'arrêta devant le bureau de Minerva McGonagall, le souffle court. Il avait hâté le pas tout le long du chemin, et désormais, il n'en pouvait plus. Il se tourna vers ses amis de toujours Hermione Granger et Ronald Weasley, qui l'accompagnaient, pour se donner du courage, avant de frapper plus ou moins délicatement à la porte. La réponse de la directrice de Poudlard ne se fit pas trop attendre :

-Par la barbe de Merlin, entrez donc et arrêtez de malmener ce malheureux battant, enfin ! 

Ah, il avait donc dû frapper trop fort, malgré ses précautions. La nervosité, sans doute. Tant pis, de toute façon, il ne pouvait rien y faire. A cette heure-ci, il y avait bien plus important qu'une pauvre porte maltraitée. Il obéit à son ancienne professeur de métamorphose, et s'introduisit dans son bureau. La pièce n'avait pas beaucoup changé, depuis le temps de Dumbledore. McGonagall, aussi nostalgique que lui, y avait veillé. Mais Harry n'y prêta pas trop attention, préférant se concentrer sur le problème qui les occupait. Il s'avança à grands pas vers l'épais bureau en bois de chêne derrière lequel se tenait la vieille dame.

-Bonjour, Harry Potter, lança t-elle sans préambule. Je constate que devenir Auror ne vous a pas enseigné la délicatesse. C'est fort dommage. Mr Weasley, Mrs la Ministre. Je suppose que vous venez tous pour notre évident problème, pour le moins... délicat.

Harry serra les lèvres, un peu agacé par le ton détaché qu'employait la directrice de Poudlard.

-En effet. 

Hermione prit la suite, visiblement outrée.

-Il est hors de question que cette école accueille un nouveau Jedusor. Nous n'avons pas besoin de cela en ce moment. Imaginez qu'il devienne comme...

Elle hésita un court instant, peu habituée à prononcer ce nom.

-... comme Voldemort ? Nous ne pouvons pas prendre le risque. Non, mieux vaut le laisser dans l'ignorance de la magie. Il sera bien incapable de la découvrir par lui-même, de toute façon.

Harry vit clairement Minerva McGonagall froncer les sourcils.

-Justement, si. Malgré son jeune âge, il se trouve qu'il est doué d'une magie extrêmement puissante. Il semblerait qu'il s'agisse d'un des rares sorciers qui n'ont aucunement besoin d'une baguette magique pour contrôler leurs pouvoirs. Il fait déjà pas mal de dégâts considérables. Comment voulez-vous qu'on lui interdise d'utiliser sa magie pour s'en prendre aux Moldus, s'il ne sait même pas la maîtriser ? Je crains que nous n'ayons pas le choix, même si ça ne m'enchante pas plus que vous.

Harry passa une main sur sa cicatrice, toutes ces discussions l'exaspéraient.

-Ne pourrait-on pas chercher un compromis ? S'il se rend à Poudlard, il ne sera pas seulement un danger potentiel envers les autres - même si c'est surtout ça qui m'inquiète -, les autres seront aussi un danger pour lui-même ! Car n'oubliez pas que nous leur avons appris à exécrer Voldemort, et donc les Jedusor en général. Comment vont réagir ses petits camarades, à votre avis, quand ils découvrirons qu'ils ont un nouveau Voldemort potentiel dans leur classe ?

-Je crains qu'aucun compromis ne soit envisageable, Mr Potter ! rétorqua McGonagall d'un ton ferme. Je comprends tout à fait votre point de vue, mais de votre côté, n'oubliez surtout pas que si il a des chances de devenir comme son ancêtre, le tenir à l'écart est loin d'être la solution idéale. Je veux pouvoir le tenir à l'œil. C'est la seul solution que j'ai trouvé pour cela. Avec la présomption d'innocence, vous ne pouvez pas le faire jeter à Askaban. Et je n'approuverai certainement pas cela ! Quoi que vous en pensiez, pour moi, ce n'est qu'un enfant. Un enfant, qui mérite sa chance. Ne vous inquiétez pas, je le surveillerai de très près. Au premier écart de conduite, je le renverrai directement de Poudlard. Cela vous convient ?

Hermione, Ron et Harry acquiescèrent à contrecœur.

-Oui, mais on a un autre problème, autrement plus inquiétant, ajouta la Ministre de la Magie tout en fouillant dans l'une de ses poches, les sourcils froncés. Où l'ai-je mis ? Ah ! La voilà.

D'un mouvement brusque, elle abattit un curieux objet de forme circulaire sur le bureau de la directrice, l'exposant à la vue de tous. C'était une montre. Une simple petite montre à gousset, d'à peine cinq centimètres de diamètre. Une montre en bronze, tout ce qu'il y avait de plus banal. Seulement, quelque chose dans l'objet retint visiblement l'attention de Minerva McGonagall. Elle rajusta ses lunettes sur son nez et se pencha davantage en avant, sans paraître oser ne serait-ce que toucher le petit appareil pour le regarder de plus près. Elle releva presque aussitôt la tête, l'air aussi intriguée qu'inquiète.

-Est-ce que c'est bien ce que je crois que c'est ? murmura t-elle davantage pour elle-même.

Mais Harry daigna cependant lui fournir une réponse, ainsi qu'une explication :

-Hélas, oui. La montre de Salazar Serpentard, offerte par Godric Griffondor lui-même. Celle que l'on croyait perdu depuis des siècles. 

Il inspira à fond, et une expression inquiète apparut dans ses yeux verts :

-Nous ne l'avons pas retrouvée par hasard. Selon une ancienne prophétie, le jour où l'on découvrira sa cachette annoncera dans un avenir très proche le combat entre un phœnix et un dragon - ils sont d'ailleurs représentés sur la montre. 

Hermione plissa les yeux, l'air grave.

-Et, poursuivit-elle, on raconte que ce combat, cette bataille pourrait bien entraîner la fin du monde tel que nous le connaissons. Une nouvelle ère de ténèbres et de terreur. A cause d'un nouveau Voldemort. Vous voyez ce que je veux dire ? 

Elle attendit un moment, avant de reprendre :

-Nous devons trouver à qui s'applique cette prophétie. Qui est symbolisé par le phoenix, et surtout, par le dragon. Le plus tôt sera le mieux. Et ensuite, nous devrons tout faire pour empêcher le dragon de l'emporter. Et ce, quel qu'en soit le prix.