Chapitre 3

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Mon frère se pétrifie sur place, comme s'il avait entendu la pire chose de sa vie. La petite le regarde longuement, puis baisse la tête d'un air coupable.

« Je... Je vais chercher le dessert... » bredouille t-elle en sautant du sofa.

Mon frère reste un moment immobile, comme pétrifié. Au bout d'une interminable minute, il vient s'asseoir à côté de moi.

« Tu ne peux pas t'en souvenir, mais juste avant que notre père ne parte pour toujours, je lui ai demandé s'il reviendrait bientôt... Il m'a dit « non... » exactement de la même manière, c'était le même regard... C'est sans appel. Il me suffit d'y repenser pour trembler de peur...

– Ne t'en fais pas, frérot, la situation est totalement différente aujourd'hui. Je sais à quel point ça a été dur pour toi, et tout ça... Mais, comme tu l'as dit toi-même, ce ne sont certainement pas les lokires qui vont nous mettre à genou. »

Je suis vraiment mauvais pour rassurer mon frère, c'est pitoyable, je suis pitoyable.

« Huko... »

Il pose ses mains tremblantes sur mes épaules et me regarde droit dans les yeux, avant de fondre en larme. J'ai l'habitude de rassurer mon frère, mais je ne l'avais jamais vu comme ça.

« J'ai peur, petit frère... J'ai si peur... »

Alrick m'agrippe la main de toutes ses forces au point même de me faire mal, mais je ne dis rien, ce n'est pas le moment. Mon pauvre frère... En le voyant dans cet état, je me sens encore plus mal que si j'y étais moi-même.

Au fond de la pièce, je vois la petite nous regarder avec son air désemparé. Je lui fais signe de disparaître immédiatement dans la chambre d'Alrick, ce qu'elle fait en réprimant un sanglot. Tss... Elle croit qu'elle peut mettre mon frère dans un état pareil et s'en tirer si facilement ?

Je commence à croire que cette rumeur est fondée, entre les réactions de la petite et mon frère

« Frérot, je commence d'une voix qui se veut apaisante, après ça, nous irons voir les dirigeants du village avec la... (je me retiens de dire 'sale') gamine. Je sais que tu désapprouves cette décision, mais peut-être qu'elle pourra leur apporter des informations précieuses, et en plus, je n'apprécie pas cette décision de rester ici. Nos défenses ne suffiront pas contre une armée qui semble avoir acquis une telle ampleur : je pense qu'il faut fuir, pour mieux organiser notre défense...

– Ou... oui... Mais... Huko... Tu les connais, ils ne diront jamais oui... On va tous mourir ici... (il me serre la main encore plus fort, je réprime un gémissement de douleur) On va mourir...

– Non, frangin, on ne va pas mourir. Nous allons fuir le village pour prévenir les autres dès demain matin, peu importe la décision des chefs.

– Tu veux dire... Leur désobéir... ? S'inquiète mon frère dans un frisson.

– Il le faut, tu vois bien que c'est la seule option, j'explique d'une voix que je souhaite douce. Mais si ça se trouve, on n'aura pas besoin d'en arriver là, ils choisiront peut-être de fuir d'eux mêmes.

– Je... je... Tu as raison, Huko... C'est toujours toi qui as raison de toute façon... J'ai beau essayé de toutes mes forces de prendre mes responsabilités, ne serait-ce qu'avec Maryla, c'est toujours toi qui gère les choses en fin de compte.... Et pourtant tu es le plus jeune de nous deux... Je suis un grand frère vraiment minable.

– Tu veux bien arrêter de dire des bêtises plus grosses que toi ?

Je lui relève la tête pour qu'il me regarde de face.

– Tu es un grand frère merveilleux, d'accord ? Tu ne corresponds peut-être pas à la définition que tu t'en fais, mais tu m'apportes tout ce dont j'ai besoin, tu comprends ?

– Oh... Huko... »

Mon frère fond en larme, s'écroule dans mes bras, et je lui rends son étreinte.

« Dites... J'ai cru comprendre qu'on allez voir des gens... c'est ça ... ? » bafouille la gosse qui se tient à quelques pas du sofa.

Mon frère a un instant d'hésitation, mais finit par la traiter comme si de rien n'était, avec douceur et gentillesse. Pour ma part, je lui lance un regard que je qualifierais sans honte de méprisant. La mioche détourne aussitôt les yeux, visiblement abattue, comme si c'était moi le fautif dans l'histoire. Mon frère fait comme s'il n'avait rien vu.

Nous nous couvrons de nos plus beaux manteaux en peau d'ours pour aller voir les dirigeants, puis sortons de l'igloo.

Comme à l'accoutumé, notre petit village est vide de monde. Nous marchons sans bruit, passant devant les igloos des autres habitants. Je remarque avec amusement que la taille des empreintes que nous laissons dans la neige est croissante : il est facile de savoir à qui chacune appartient.

L'ambiance est assez tendue, j'en veux toujours autant à cette sale gamine, et l'angoisse de mon frère est gravée sur son visage. Moi aussi je suis terrorisé, mais je cache mieux mes émotions que lui. A part ça, la marmot aussi a l'air apeuré, mais je m'en fiche ! Le pire, c'est qu'elle n'a même pas l'air de comprendre le mal qu'elle a fait à mon frère.

« Tu peux me porter, Alrick ? » demande la mioche.

Pour toute réponse, mon frère la soulève du sol et la dépose sur ses épaules. C'est pas la fatigue qui va la tuer, ça c'est sûr.




Eh voilà la source de l'image ! 

http://www.topit.me/item/11301453

(le lien ne marche pas chez moi, peut-être que c'est spécifique à mon ordi alors je ne le mets quand même :d Sinon voilà le lien Pinterest : https://www.pinterest.fr/pin/493988652849640485/


PromesseWhere stories live. Discover now