Un peu plus que ça

Partie deux

Ça faisait presque deux ans que Sasha et Pâris étaient partis à l'aventure, rien que tous les deux. Les débuts avaient été timides car finalement, ils ne se connaissaient pas plus que ça. Mais plus les semaines défilaient et plus ils apprenaient à s'apprivoiser et à s'aimer. Sasha était raide dingue de son beau blond aux yeux bleu nuit et Pâris n'arrêtait plus de complimenter son homme. Ces deux-là s'étaient bien trouvés. Ils partageaient tout, riaient beaucoup et faisaient l'amour dès que possible.

Emi était aux anges à chaque fois qu'elle recevait de leurs nouvelles. Elle n'arrivait pas à cacher sa joie de les voir heureux ensemble. Dès qu'elle les avait sur Skype, son sourire n'en finissait plus de s'agrandir. Elle qui tenait tellement à Sasha, même s'il lui manquait terriblement, était sincèrement contente de voir son ami nager dans le bonheur avec son cousin. Mais par dessus tout, elle était ravie pour lui qu'il puisse enfin faire ce dont il avait envie, et de constater qu'il était vraiment satisfait d'avoir fait ce choix.

Pour la mère de Sasha, au début, c'était une autre histoire. Elle lui en avait voulu de l'abandonner ainsi, surtout pour partir avec un parfait étranger. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi son fils désirait tant s'éloigner d'elle. Mais un soir, alors que les deux amoureux étaient rentrés au bercail, Pâris avait eu une petite conversation avec Maïna. Elle était tombée sous le charme du jeune homme qui lui avait fait comprendre que Sasha ne souhaitait pas partir loin d'elle, mais qu'il voulait vivre sa vie, prendre son envol. Il avait été si persuasif que Maïna en avait pleuré de soulagement.

Maïna avait toujours eu ce petit défaut, entendre ce que les gens disaient mais pas ce que Sasha lui répétait. Mais l'éloignement entre la mère et le fils faisait du bien à leur relation. Sasha n'en voulait plus à sa mère et Maïna avait enfin saisi l'importance du choix de son fils. Elle avait réalisé à quel point elle l'avait maintenu prisonnier en le gardant inconsciemment auprès d'elle, et s'en était énormément voulu. Mais le temps avait filé et les regrets ne parsemaient plus l'esprit de Maïna. Tout ce qu'elle espérait à présent, c'était d'avoir des nouvelles de son fils dès que possible. Et ça, Sasha lui en donnait.

Il envoyait constamment des cartes postales, des lettres ou encore des colis à sa mère. L'un se faisait un plaisir de les envoyer, l'autre, une joie de les recevoir. Lorsque Sasha envoyait des colis à sa mère, il y mettait tout ce qu'elle aurait adoré voir de ses propres yeux ou sentir dans ses mains.

Leur relation n'avait jamais été aussi forte qu'à présent et, parfois, l'un comme l'autre se demandaient pourquoi ils n'avaient pas pris leurs distances auparavant. Ce n'est pas parce que nous sommes loin de nos proches, que nous ne les aimons pas. Au contraire, parfois ça favorise le lien qui unit les personnes. Ils l'avaient compris tous les deux.

Sasha était en train de dessiner, seul et assis au pied d'un arbre. Il n'arrêtait plus de se perfectionner et de pousser son imagination à laisser la mine mordre le papier. Plus il voyageait et plus il apprenait, plus il se métamorphosait. Ses dessins reflétaient l'intérieur de son âme, ce qu'il cachait au fond de lui, ce qu'il tentait de dissimuler aux yeux des autres. Les rencontres qu'il avait faites au cours de ces deux années l'avaient complètement transformé. Il ne voyait plus les choses de la même façon, il se rendait compte davantage que dans certains endroits, la vie était précieuse et qu'il ne fallait pas gaspiller son temps. Qu'il fallait continuer de rêver, de croire que les soucis s'arrangent, qu'un coup de main donné à un inconnu ne coûte rien. Sasha avait pu constater la bonté de son homme et avait calqué sa façon de vivre sur la sienne. Il adorait cela.