𝐕𝐢𝐯𝐚𝐧𝐭𝐬

Chapitre 37: I'm With You

Média: I'm with you - Vance Joy

=========================================================

J'regrette pas d'avoir dit oui, pour le psy. Le sourire de Valentin en valait la peine. Mais ça n'empêche que j'appréhende quand même. J'sais pas à quoi m'attendre. A qui m'attendre.

Valentin m'a dit que c'était quelqu'un de confiance. Il m'a expliqué qu'il avait été le voir, quand il avait eu besoin d'se remettre de la mort de son ancienne amie, et suite à la rupture avec ses parents. Il l'avait beaucoup aidé, apparemment, et c'est ce qui l'avait motivé en partie à devenir assistant social.

N'empêche que dans la salle d'attente, j'arrive pas à rester détendu. Ma jambe tressaute, mes mains tremblent, et j'regarde ma montre toutes les quinze secondes. Valentin essaie d'me rassurer, d'me faire penser à autre chose, mais j'y arrive pas. J'aimerais en être déjà débarrassé.

La porte s'ouvre. Un vieux type barbu nous salue, et nous serre la main. Il échange quelques mots avec Valentin. J'prête pas trop attention à ce qu'ils s'disent. Des mots d'retrouvailles, sans doute. J'suis trop pris par l'angoisse pour écouter, t'façon.

"Cyril?"

J'relève la tête. Valentin me regarde, l'air d'attendre une réponse. J'crois qu'il était en train d'me parler.

"Désolé, je... J'écoutais pas.

-J'disais que j'reviendrai te chercher dans une heure, et qu'si t'as le moindre problème, tu m'appelles, d'accord?"

J'hoche la tête, le remerciant tout bas. J'ai pas envie d'le laisser partir. Mais j'vais pas faire l'enfant non plus. Surtout que c'est qu'une heure. Et y a pas d'raison que ça s'passe mal.

Valentin m'sourit et m'étreint une dernière fois, avant de partir. J'regarde sa silhouette s'éloigner, la gorge serrée.

"Monsieur Soudant? Si vous voulez bien me suivre..."

J'réprime un soupir, avant d'suivre le psy dans son cabinet. Il m'fait signe de m'asseoir dans le fauteuil noir face à son bureau. J'obéis, et prends sur moi pour empêcher ma jambe de trembler. J'ai peur de c'que j'vais devoir raconter. Des blessures que ça va rouvrir.

Quand j'en avais parlé à Juliette, elle m'a assurée que ça m'ferait du bien d'en parler à quelqu'un. Et elle était assez fière que j'ai pu m'confier à Valentin. Selon elle, c'est une première étape vers l'chemin pour m'reconstruire.

Perso, j'suis pas aussi confiant qu'elle. C'est différent d'se confier à Valentin ou à un inconnu. Et puis ça m'rappelle ces réunions de thérapie que j'avais dû suivre, pour mon alcoolisme. J'aime pas ça.

"Bien, alors monsieur Soudant, on va commencer par une question relativement simple: comment vous sentez-vous?"

J'regarde son stylo effleurer la feuille blanche devant lui, prêt à noter. J'essuie mes mains moites sur mon jean. C'est pas si simple, comme question. Parce que j'ressens trop d'trucs en même temps.

Le soulagement que Val me comprenne et qu'il soit là pour moi.
La crainte de raviver la douleur des souvenirs.
L'empathie pour Maxime qui angoissait chez les psys.
Le chagrin d'avoir causé en partie sa perte.
L'espoir de pouvoir tourner la page et construire quelque chose avec Valentin.
La culpabilité d'avoir pris le risque de mourir sans penser à lui.
Pas simple, donc.