Chapitre 1: Le commencement

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Du haut de ses 1m60, Abigail dansait au beau milieu de tous ses Irlandais sans même se soucier une seule seconde des autres. A ce moment précis, la jeune femme pouvait sentir l'alcool prendre possession de son corps mais c'était bien le cadet de ses soucis. Vivre sa vie, c'était presqu'une obligation qu'on lui avait imposé et elle qui avait du mal avec les obligations n'avait pas grand mal à en profiter. 

Riant, profitant de chaque moment, Abigail avait fini par rejoindre un endroit plus calme. Revenant à la réalité, la jeune française de 20 ans fit tout ce qu'elle put pour s'éloigner du bruit assourdissant provoqué par les enceintes et par les personnes saoules qui l'entouraient. Finalement, l'extérieur devint plus intéressant, peut-être parce que marcher dans les rues Dublinoises lui permettrait de penser. Penser au passé. Penser au fait qu'elle aimerait tant y retourner. Ne pas faire les mêmes erreurs, être une autre personne. Et pourtant, elle se tenait au milieu d'O'Connell Street à porter des valises beaucoup trop lourdes qui contenaient majoritairement son passé.


« - Abi, attends ! » s'était exclamée une voix qu'elle connaissait plutôt bien. « - Tu n'as pas froid ? » Jules avait fini par la suivre. Après tout, cette soirée dans laquelle ils avaient été invités était entrain de déraper. Mais ni l'un, ni l'autre n'allait s'en plaindre pour autant. 

Jules. Abigail l'avait rencontré lors de nombreuses sorties. Il était d'une gentillesse inégalable et semblait être aussi perdu qu'elle,alors, automatiquement les deux jeunes gens s'étaient rapprochés. Avec tout ce qu'elle avait pu vivre dans le passé, Abi ne saurait dire si cette relation était purement amicale ou sentimentale, sans doute étais-ce là la définition-même de l'ambiguïté ?

 Quoiqu'il en soit, c'est en laissant le silence s'installer entre eux qu'ils parcouraient O'Connell Street mais alors que le décompte de la nouvelle année débutait, sur un défi silencieux, les deux décidèrent de se semer respectivement pour se retrouver. Peu importait qu'ils soient les seuls à courir dans cette foule, Abi ne pensait à rien. Alors que minuit approchait, Jules avait fini par la retrouver. Sans doute grâce à sa grande taille. Les étreintes, les rires, les pleurs, s'enchaînaient et sans chercher à comprendre, les deux jeunes gens avaient fini par échanger un baiser.


Minuit.

C'était l'heure à laquelle, dans le conte de fées, Cendrillon avait du fuir ce bal pour éviter de révéler sa véritable identité. L'heure à laquelle les cris avaient retentis dans les rues de Dublin pour accueillir cette nouvelle année. Alors que les chants irlandais inondaient les rues, Jules et Abigail n'avaient pas bougé. Bien que le froid en ce Jour de l'an était présent, les deux jeunes gens restaient l'un contre l'autre à découvrir la véritable signification des sentiments. 

La joie se répandait dans les rues et foyers à l'idée de remettre les compteurs à zéro. Pour certains,ce n'était qu'une année parmi tant d'autres, pour d'autres c'était bien plus que cela. C'était l'opportunité pour changer, pour tirer un trait sur le passé. C'était dans cet esprit là que se déroulait le nouvel an. « Ne plus penser au passé ».


Ce qui n'était qu'un baiser comme les autres déclencha quelque chose chez Abigail, quelque chose de si important qu'elle avait décidé de mettre fin à cette étreinte avec une seule idée en tête : tirer un trait sur le passé. Ils avaient fini par rentrer et si ce baiser-probablement provoqué par l'alcool- avait pu la bouleversé, Abi s'était enfermée dans une chambre dès qu'ils furent rentrés. Pourquoi ? Pour écrire. Ecrire sur ce qu'elle avait sur le cœur et sur ce qui était beaucoup trop lourd pour ses épaules de jeune femme de 20 ans. La jeune femme avait été tellement motivée pour écrire qu'elle ne fit pas attention au nombre de fois où elle dut recommencer ou encore le nombre de feuilles qu'elle avait déchiré ou même roulé en boule. 

Les heures avaient défilées mais elle avait fini par y arriver. Et c'est lorsqu'elle termina enfin, qu'elle lisait encore et encore cette lettre qui lui tenait tant à cœur qu'elle remarqua que Jules avait fini par la rejoindre et s'était endormi en l'attendant. Alors que le soleil se levait sur la ville, Abigail allait rejoindre le jeune homme, un sourire aux lèvres,fière d'avoir vidé son sac après tant d'années. Déposant un baiser sur la joue du jeune homme alors qu'elle allait s'installer à ses côtés, un petit sourire étirait ses fines lèvres alors qu'elle murmurait : « Bonne Année ! ».

La Lettre qui avait tout changéWhere stories live. Discover now