Une famille pour Ethan © - Tome 1 ( Magcon)

Chapitre 10 : Lorsque tout devient sérieux

Sous le soleil de la Floride, une jeune fille marchait, les bras chargés de sacs en papier, caractéristiques des supermarchés américains.

Elle atteignit l'hôtel où elle résidait depuis quatre jours avec ses amis.

Elle ne pouvait s'empêcher de regarder sans arrêts autour d'elle de peur de voir quelqu'un.

" Arrête Alice, t'es stupide. Ils sont tous en ville"

Elle se dépêcha de rejoindre sa chambre. Elle avait demandé une chambre qu'elle et son fils partageaient. Sa mère avait prit le bébé avec elle et la jeune fille s'en voulait. Elle claqua la porte, s'enferma à clés, éteignit son portable, sachant très bien que quelqu'un tenterait de la joindre et se jeta sur les sacs en papier.

En effet, l'adolescente avait eu une très mauvaise semaine. Pour une raison qui lui était complètement inconnue, Shawn était froid et distant alors qu'elle avait besoin de lui puisque Johnson ne remplissait plus son rôle d'ami comme il le faisait auparavant lorsqu'elle avait besoin d'aide. La jeune fille recevait chaque jour un peu plus d'insultes sur son poids. Elle n'était pas parfaite, elle en était consciente. Mais ses petits complexes d'adolescente étaient devenus une source d'angoisse. Non seulement elle passait ses soirées à pleurer seule, refusant ainsi la compagnie du reste du groupe, à regarder ces filles qu'elle n'avait jamais vues avant se moquer ouvertement d'elle sans même la connaître. Elle en était malade. Elle avait toujours aimé la nourriture. Le problème étant que son rapport à son poids devenant très compliqué, la jeune fille noyait ses angoisses dans les paquets de gâteaux, la pâte à cookies, le pain, les biscuits apéritifs, mélangeant sucré et salé tant que son estomac était rempli. Elle avait honte, tellement honte. Elle avait refusé de voir Cameron, et lorsque le jeune homme avait essayé de la voir pour comprendre ce qui n'allait pas, il avait essuyé la colère de la jeune fille, qui n'était en réalité qu'un réflexe pour éloigner ses amis d'elle. À force de ramasser les insultes d'Alice, Cameron avait fini par abandonner, regardant tristement la jeune fille lorsqu'il la voyait. Elle se détestait tellement. Elle se détestait d'être une mauvaise mère pour son petit garçon. Elle avait l'impression de ne plus avoir aucun pouvoir sur l'humeur de son propre bébé et elle s'était surprise à demander de l'aide à Jack G plusieurs fois car il semblait que le jeune homme avait un réel don pour calmer le petit garçon, qui n'était autre que le sien. Alice pensait que cette alchimie venait du fait que Jack était le père de son fils et elle détestait avoir l'impression de lui donner un rôle de papa dans le dos du jeune homme. Ce n'était pas une mauvaise mère, bien sûr. Juste une jeune fille qui devait faire face à beaucoup de situations toute seule.

Et elle se voyait laisser de plus en plus souvent son bébé à sa mère qui acceptait, pensant aider sa fille. L'adolescente s'en voulait vraiment et dévorait. Elle ne parlait plus de " manger" mais bien de " bouffer".

Cette fois encore, à peine assise sur le lit, sa main partait toute seule chercher la nourriture dans les paquets pour à tout prix remplir son estomac et se sentir mieux. Elle était intarissable et elle se faisait peur. Mais elle était hors de contrôle et elle ne pouvait pas s'arrêter avant que tout ce qu'elle avait acheté soit terminé.

Elle en pleurait, se rendant compte à la fin du massacre de ce qu'elle venait de faire. Elle pleurait et rien ne pouvait l'arrêter. Recroquevillée contre la tête du lit, elle se sentait grosse. Elle finissait par croire ce que ces jeunes filles lui disaient.

Cette dépendance à la nourriture devenait fréquente. Cela devait être la troisième ou quatrième fois depuis les premières insultes qu'elle faisait ça. Et elle avait terriblement honte de se comporter comme cela.

Elle se leva d'un bond et se dirigea vers les toilettes de la chambre pour vomir tout ce qu'elle avait ingurgité. Elle était impressionnée de la quantité et elle se mit à pleurer de plus belle. Cependant, elle se sentait légère et aimait cette sensation malgré le fait que le manque de nourriture se faisait encore sentir atrocement.