Je ne peux pas

Je l'ai tué, j'ai tué Andrew Handerson

-Alors...Commence le monsieur devant moi. Comment vas-tu aujourd'hui?

Je répond en haussant les épaules. 

Je me trouve dans une pièce peint en jaune avec trop de plantes à mon goût. Je visite cette pièce minuscule une fois par semaine depuis maintenant six longs mois. Je suis présente devant cet homme à chaque lundi matin. Nous passons notre soixante minutes à se regarder droit dans les yeux sans jamais échanger de mots. Il tente mieux que personne de me faire parler, mais vous voulez que je parle de quoi? J'ai fait une erreur, point. J'ai tué un homme. Il est décédé par ma faute. je pourrais décrire son corps gris, froid et inanimé. Je peux vous le décrire parfaitement. 

-Mademoiselle Pears? M'interpelle l'homme devant moi. 

Ses yeux perçants tombent dans les miens et je soupire. 

-Oui?

Je peux voir un rictus se former sur le bord de ses lèvres. Parfait, il se moque de moi maintenant. Je soupire de frustration. 

-Comment allez-vous aujourd'hui? Il me répète cette question avec un sourire aux lèvres. 

Comment je vais? Bonne question. Je vais...Je respire, je dors, je mange. j'imagine qu'on peut dire que je vis. 

-Ça va. Je répond et l'homme habillé de brun soupire. 

-Vous évitez la question depuis beaucoup trop longtemps. Pourquoi vous ne parlez pas? 

-Je n'ai rien à dire.

Cela est vrai. Je n'ai rien à dire.

-Cela est impossible. Il est certain qu'en six mois vous avez trouvez quelque chose à dire. 
Il dit ces mots en me regardant droit dans les yeux. J'ai l'impression qu'il a le pouvoir de lire mon âme. Il me regarde de la tête aux pieds et on aurait dit qu'il attend que je dise quelque chose de précis. Comme s'il avait la chance de lire mon esprit. Je n'en peux plus. Je n'en peux plus qu'on me demande toujours de parler. Que veuillent-t'ils que je dise? Que j'ai fais une erreur? Que je le regrette? Je pense que cela est assez clair.Je peux le crier, je peux le pleurer, je peux faire tout ce que vous voulez. 

"Pears?" Le psychologue devant moi me sort de ma tête. "Je pense qu'il serait temps que vous parlez"

"Qu'est ce que vous voulez tous savoir? Dis-je agressivement. Je n'en peux plus! Je n'ai rien à dire. J'ai fait une erreur et c'est tout! Cessez de tous me poser les mêmes questions merde!" Je crie et le psychologue me sourit. Son sourire est fier et il me donne envie de lui crier dessus. 

"Cela a fait du bien? C'est important que tu laisses ta colère sortir Ella."

Je ne sais pas pourquoi, mais ses mots me mettent davantage en colère.

" Parle-moi de lui maintenant, parle-moi d'Andew."
Ses mots touchent mon coeur et me donnent le vertige.

Je refuse de parler de lui. Personne a le droit de me demander de parler de lui. Cela fait six mois que je n'ai pas prononcé son prénom et cela est parfait de cette manière. La colère monte en moi, j'ai chaud et j'ai mal au coeur. J'ai le vertige et je ferais n'importe quoi pour quitter cette pièce. Comment peux-t'il me demander cela?
Ma tête tourne de plus en plus et je vois des points noirs.

"Ella?" C'est le dernier mot que j'entend avant de m'endormir tranquillement.

"Juste un café! Promis vous ne le regretterai pas."
Son sourire éblouissant fait monter le rouge sur mes joues.

Cela fait déjà vingt minutes que monsieur Handerson me demande d'aller prendre un café avec lui. Je sais bien que je ne peux pas. Handerson est mon client. Je l'aide à se sortir de son malheur, je ne peux pas accepter son invitation. Il me regarde, les étoiles dans les yeux, en attendant une réponse de ma part. Je me bats contre la tentation. Allez Ella, tu ne peux pas.

"Ne laisse pas ta vie professionnelle envahir ta vie personnelle."

"Je suis désolé Andrew, mais je ne peux pas."

Le sourire du jeune homme disparaît pour faire place à une moue triste. Mon coeur se serre. Quoi? Non Ella.

"D'accord alors."
Il s'approche de moi et sans que je ne m'en attende, il presse ses lèvres sur ma joue.
Mon visage devient écarlate lorsqu'il s'éloigne de moi et pose ses yeux dans les miens.

"Un jour tu accepteras, Ella." Ses mots créer un frissons chez moi et je le regarde quitter mon bureau en fermant la porte derrière lui.

J'ouvre les yeux et un mal de tête me tombe dessus. Je prend du temps avant de prendre conscience de l'endroit où je suis. 

"Tout va bien?" Demande l'homme habillé de brun devant moi. 

Ma tête tourne et mon coeur se débat contre ma poitrine. Je répond par un simple hochement de tête avant de porter ma main à celle-ci. 

"Vous avez perdu conscience." 

J'hoche la tête une nouvelle fois. 

"Cela vous arrive souvent?" Me demande-t'il avec un air inquiet sur le visage. 

Honnêtement je n'en sais rien. Est-ce que cela se passe souvent? Je peux dire que d'avantage ces derniers temps, mais pas au point de faire un drame. 

"Seulement ces derniers temps." Je répond de façon brève. 

"Vous devriez aller voir un médecin. Je roule les yeux. Sérieusement, mademoiselle ce n'est pas normal. Sauf que, nous ne sommes pas ici pour cela. Alors, monsieur Handerson?" 

La panique m'envahit de plus bel. Pourquoi veulent-ils que je parle constamment de lui?

"Quoi?" Je demande en espérant que cette conversation n'aille pas trop loin. 

"Que s'est-il passé?" 

Non, non, non. 

Tout le monde connait cette histoire. Tout le monde sait l'erreur que j'ai fait. Tout le monde sait comme j'ai été stupide... Tout le monde me disait que je ne pouvais pas le sauver. 

"On ne peut pas sauver les gens, on peut seulement les aider a diminuer leur douleur." 

Je l'ai fait. J'ai tenter de le sauver. J'ai tenter de le changer. Regarde ce que cela a donné maintenant? Mes yeux se mettent a brûler. J'ai des hauts de coeur et l'envie de m'enfuir en courant me revient. Ma gorge fait mal, car je retiens mes larmes et mon corps à de spasmes. Si je pouvais me venger sur quelqu'un à ce moment précis ce serait sur moi-même. Si je pouvais changer quelque chose, je mourrai à sa place. 

"Je l'ai tué. J'ai tué Andrew Handerson. Il est mort par ma faute." 

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Coucou, qu'en pensez-vous?