Partie 1

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Il y a quelque chose de plus fort que la mort; c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants...Tel est ma souffrance, et la votre aussi. Pour certains, ce mal de cœur dure quelques jours, ou quelques mois, voire quelques années...Mais moi, je n'ai jamais pu trouver le pansement pour ce mal, il accompagne mon cœur pour le restant de mes jours, à jamais inguérissable...Vous vous demandez sûrement qui ai-je perdu ? Et pourquoi son image ne m'a jamais quitté l'esprit ? Je vous dirai tout simplement, je l'ai perdu elle, la lumière qui illuminait mes nuits les plus sombres, et me guidait vers mon épanouissement, elle qui m'a sorti des ténèbres, et m'a accepté tel que je suis, pour finalement me quitter emmenant avec elle les couleurs de ma vie, mon bonheur, laissant un trou noir dans mon âme, je ne pourrais jamais me défaire de ce passé, on m'a dit beaucoup de fois de passer à autre chose et de ne plus penser à mes disparus, qu'il fallait aller de l'avant et oublier ses peines, mais j'y suis coincé à jamais, et tant mieux, je ne veux pas en ressortir...

20 ans auparavant...

Je suis Elliot Grover, je vis avec ma mère et ma petite sœur dans un petit appartement à New York, et je suis étudiant en faculté de droits. Je n'ai que de vagues souvenirs de mon père, et malheureusement, ils ne font pas du tout plaisir. En effet, mon père n'était pas un homme bien, et j'aurais bien préféré ne pas le connaître, il avait transformé la vie de ma mère en enfer, elle qui était toujours radieuse et sourire aux lèvres avant de l'épouser. Cet homme avait profité de sa naïveté et son innocence pour l'attirer avec des mots doux par ci par là et la convaincre de l'épouser juste pour son plaisir et surtout, lui voler ses biens et les dépenser aux casinos, mais il ne se contentait pas de ça, il n'hésitait pas à faire passer sa colère sur elle, même enceinte de moi et de ma sœur. Et quand il nous a abandonné tout les trois, et est parti sans même nous adresser un regard, ce fut le moment de délivrance pour nous, et surtout pour ma mère qui ne pouvait rie faire contre lui car il la menaçait de s'en prendre à moi et ma sœur si elle osait faire quoi que ce soit, depuis ce jour là, je me suis promis de la protéger et prendre soin d'elle. Elle a fait beaucoup pour moi et ma sœur, elle n'a pas hésité à faire les travaux les plus durs et fatigants pour nous faire grandir et nous offrir une bonne scolarité, et malgré ses souffrances, elle gardait toujours son sourire rassurant qui faisait rayonner son visage amaigri par le manque de repos et de bonne alimentation, elle ne manquait pas de nous montrer à quel point elle nous aimait. Ma mère était l'héroïne de mon enfance, et maintenant je me dois de lui rendre la pareille, elle ne cesse de me dire qu'elle n'attendait rien de moi en échange de ce qu'elle a fait mais, je tiens beaucoup à la rendre fière de moi un jour, et pour ça j'ai toujours travaillé sur à l'école et fait partie de l'élite, et grâce à ça, j'ai été admis dans l'une des plus grande universités de droits à New York, bien que je sois affronté à des humiliations des autres élèves qui sont bien issus de bonnes familles, je fais en sorte de ne pas trop y prêter attention et me concentrer sur mes études, et je me suis vite fait distingué dans tous les domaines, et j'ai l'intention de rester le meilleur le plus longtemps possible, car comme on dit, il y en a qui naissent grands, et il y en a qui conquièrent la grandeur.

Après mes cours, je faisais un petit boulot de livraison pour un restaurant du coin, pour nourrir ma famille et acheter les médicaments qu'il faut à ma mère. Ce soir, tout semblait calme et mort, un peu comme si le vent froid et salé de l'océan avait cristallisé la ville pour en faire une ville fantôme. En début de soirée, je suis passé chez moi en coup de vent avant de repartir travailler. Vendredi j'avais un autre petit boulot dans un bar populaire de la ville, bien sûr j'aurais préféré rester chez moi en compagnie de ma mère et ma sœur, on aurait pu tranquillement profité de la soirée tous les trois, préparer un bon repas, allumer le feu de cheminée, parler de tout et de rien, mettre de la musique et passer un bon moment, mais je ne pouvais refuser une occasion de gagner de l'argent. Noël approchait, cette fête était une source de joie pour moi, mais c'était aussi une source de dépenses. J'embrassai ma mère et donnai des friandises à ma petites sœurs et fila dans la nuit. Mon service commençait dans une demi-heure et je suis arrivé à temps, et commença de suite à servir les clients. Le temps était vite passé, mon service était arrivé à sa fin, et je ne tardais pas à quitter cet endroit, et à ma grande surprise, je trouvai un garçon qui me semblait familier, et qui n'était d'autre que mon vieil ami d'enfance Josh, j'étais content de le revoir, mais aussi pressé d'aller retrouver ma petite famille, et je me contentai de griffonner son numéro à la va vite pour le rejoindre après et je le quittai sans attendre.

Le lendemain, il faisait beau, du moins le soleil est venu nous saluer avec ses chaleureux rayons dorés. C'était samedi, jour de repos pour moi et j'en profitais pour me donner un peu de temps. Après avoir avalé mon bol de céréales, mis un survêtement et mes chaussures, et me regardai dans le miroir de la salle de bain, «Tu aurais bien besoin de vacances mon petit Elliot» pensais je en observant de plus près les fines ombres bleutées qui s'étaient logées sous mon regard pendant la nuit, et je sortis pour un petit footing à Central Park. Il y avait partout les illuminations de Noël. Je m'assis sur l'herbe humide pour reprendre un peu mon souffle en contemplant le paysage et les grands bâtiments luxueux de New York. Soudain le visage de mon ami surgit dans ma tête, et je devais l'appeler, je composai son numéro difficilement, bien sûr, vu la grâce avec laquelle je l'avais griffonné sur un bout de papier la veille ! Je l'appelai, ça sonnait, et enfin une réponse, mais ce n'était pas la voix de mon ami, mais une voix féminine, je me doutais que j'avais composé mal le numéro mais je tenais à demander si c'était bien son numéro, mais non...de honte je raccrochai vite fait et je rentrai chez moi un peu déçue, peut être que je ne reverrai plus mon ami et qu'il attend toujours mon appel, mais ce n'est pas grave je vais essayer de le retrouver et m'excuser de cette faute banale.

Peu après, vers 11h du matin, la fille me rappela, et ça me paraissait louche, après qui vous a jamais rappelé quand vous vous êtes trompé de numéro ? Je n'avais pas répondu, mais elle continua de m'appeler encore et encore, et j'avoue que ça m'a fait perdre mon sang froid, puis j'ai répondu à son appel en criant un «QUOI ?» énervé, et elle répéta ma parole sur le même ton, «POURQUOI TU N'ARRÊTES PAS DE M'APPELER ?» avais-je demandé en maintenant mon ton sévère, mais elle a répété encore une fois ma parole presque en m'imitant, je continuais à la sermonner et elle continuait de répéter tout ce que je disais, ce qui n'a fait qu'intensifier ma colère et finir par décrocher. Je ne comprenais pas pourquoi elle faisait ça,probablement pour se moquer de moi. J'allai à la fenêtre pour me calmer, la neige commençait à tomber, une nuée de gros flocons tourbillonnaient devant les vitres et s'accumulaient sur le rebord des fenêtres. Pendant un moment je laissai errer mon regard sans but, je nageais dans mes pensées les plus profondes,quand mon téléphone vibra dans ma main, je vérifiai pour voir, et ce n'était d'autre qu'un message de cette fille, me disant « Qu'est ce que ça fait de te voir dans un miroir ? Tu es bien moche quand tu t'énerves tu ne trouves pas ? La vie est courte, ne la gaspille pas en t'énervant », je ne pus m'empêcher de sourire, «Tu m'as bien eu maligne» avais je répondu, et elle ne tarda pas à répliquer «On peut devenir amis ?»    

Loin des yeux, près du cœur.Where stories live. Discover now