Chapitre 56 √

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J'observe le prince, figée. Personne n'ose bouger alors que je fixe l'homme qui vient de frapper un homme qui vient de m'embrasser.

Je me lève, hésitante. Solenn se précipite sur Kaled pour le stopper mais il ne l'écoute pas. Ses yeux semblent sans vie et il s'apprête à en décocher une autre à James qui est toujours encore sonné que j'intercepte son bras.

— Ça suffit.

Étonnamment, il m'écoute et reporte son attention sur moi. Je glisse ma main dans la sienne et m'approche de lui.

— Personne ne t'embrasse, souffle-t-il. Même pas lui. Personne. Sauf moi.

Solenn reste comme une idiote sur le côté tandis que je tire sur son bras pour le sortir de la salle. De loin, j'aperçois ma mère qui ne comprend pas grand chose.

— Tu ne comprends pas, Sarah. En aucun cas il n'a le droit de t'embrasser.

Je me retourne. Cette fois-ci, il y en a marre !

— Mais merde, alors ! Tu es fiancé à Solenn ! Laisse-moi partir !

Nous finissons dans le couloir, moi à bout de nerfs et lui, en colère.

Furieuse, je pointe mon index sur son torse en explosant :

— Avant de partir, tu avais l'air aux anges avec ma sœur alors dorénavant, tu vas assumer tes actes et me laisser vivre. Tu avais le droit de l'embrasser et je n'ai même pas le droit d'embrasser un homme ? Mais tu te moques de moi ?

Il me fixe, ne sachant quoi dire. Je lui tourne le dos pour m'en aller mais réplique avant de partir définitivement :

— Et si tu étais assez malin, tu aurais attendu. Tu aurais vu que je l'ai repoussé.

Je rentre dans la salle où tous les regards sont posés sur moi. Je me racle la gorge et m'approche de James qui vient de reprendre ses esprits. Il saigne un peu au niveau des lèvres et l'arcade sourcilière.

Je pousse un petit soupir discret et l'aide à se relever.

— Je vais m'occuper de lui.

— Il y a des infirmières pour cette tâche, Mademoiselle, réplique une invitée.

Je hausse les épaules et James et moi sortons de la salle.

— Au moins, on est sûr et certain qu'il te veut, marmonne James.

— Laisse tomber. C'est le dernier des idiots.

Il m'utilise comme appui, faisant bien attention à ce que je n'ai pas trop mal. Nous arrivons je-ne-sais-où, complètement perdus. Il ne connait pas le palais et j'ai perdu mes repères depuis que je suis partie.

J'observe les alentours et me rends compte que nous sommes arrivés devant ma chambre d'amis. Bon... Il doit bien y avoir quelque chose pour le soigner à l'intérieur ?

— Sinon, Maria a raison. Je peux aller voir des infirmières.

— Non, je vais le faire. Si tu es dans cet état-là, c'est à cause de moi.

— Ce n'est pas à cause de toi, Sarah. Ne te donne pas le mauvais rôle, tu n'as rien fait dans cette histoire. Je n'aurais simplement pas dû t'embrasser, quoique je ne regrette pas.

Il m'offre un clin d'œil discret et je lève les yeux au ciel. Nous entrons dans ma chambre où je lui fais signe de me suivre dans la salle de bains.

Je le fais assoir sur le bord de la baignoire et m'occupe de fouiller dans les armoires. Agacée d'avoir encore ces fichus talons aux pieds, je les enlève rapidement.

— Mademoiselle est soulagée, dit James en souriant.

Je souris aussi et trouve enfin une trousse de secours. Je me demande bien pourquoi ils ont mis ça dans ma chambre...

— Oh... Mais tu es si petite en réalité, dit-il en observant mes jambes.

— Silence.

Cet homme est un vrai mystère. En à peine quelques heures, il a réussi à deviner que le prince avait des « sentiments » pour moi et de mon côté, je ne sais toujours rien d'autre que son prénom.

Je m'approche de lui mais c'est difficile car ses jambes me bloquent. Il le remarque et m'attire sur ses genoux.

Gênée, j'essaie de me décaler mais il m'en empêche.

— Ne prends pas tes aises, répliqué-je.

Ses yeux se posent sur mes lèvres un court instant. Je soupire. Ce n'est pas gagné avec lui et son attitude... Je sors une compresse que je pose quelques instants sur l'arcade sourcilière. Je me lève et me dirige jusqu'au lavabo pour mettre de l'eau. Je reviens sur ses genoux comme si cette place m'était attribuée et repose la compresse. Il grimace quelques instants mais se laisse faire.

Une fois cette partie de son visage nettoyé, je dois m'occuper de ses lèvres... Oh non. Sans y prêter attention, mes doigts effleurent sa lèvre inférieure et il pousse un petit soupir. De satisfaction ? Je ne saurais dire.

— Sarah...

Alors qu'il se penche pour faire quelque chose qu'il regretterait probablement, je le repousse.

Kaled. Kaled. Kaled. Kaled.

— Je dois m'occuper de tes lèvres.

— Et j'ai un autre moyen pour que tu t'en occupes.

Sans me laisser le temps de répondre, ses lèvres s'écrasent brusquement contre les miennes.

Et merde.

J'essaie de le repousser mais n'en ai ni la force, ni l'envie. J'imagine un court instant que Kaled nous observe, et qu'il soit raide de jalousie alors je me laisse faire. Ça lui apprendra à me traiter ainsi.

Je me concentre sur la bouche de James qui s'occupe intensément de mon cou. Il mordille doucement ma peau, ses lèvres atténuant la douleur en déposant un délicat baiser.

Il recule quelques instants comme pour reprendre son souffle et s'empare encore une fois de mes lèvres. Nos langues entrent en contact pour se mêler dans une danse endiablée et alors que je vais pour l'attirer plus contre moi, la porte s'ouvre brusquement.

— Sarah, je suis d...

James s'écarte de quelques centimètres seulement pour décoller nos lèvres et nous nous tournons vers le nouvel arrivant.

Le prince ne pouvait pas mieux tomber.

𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐒𝐚𝐫𝐚𝐡Where stories live. Discover now