Love, Life And Tatoo.

Chapitre I.

Passé.

ONZE ans.

La vie n'avait jamais été évidente. Sa mère travaillait comme guichetier à la poste et son petit salaire lui servait à payer les factures et à boire. Remplir le frigo était une bien autre histoire pour Juliet Gibtson. Elle s'était mariée à l'âge de dix huit ans avec son petit copain du lycée car elle était enceinte de son premier enfant, un fils. La vie pour elle était belle. Son mari, militaire, gagnait plutôt bien sa vie leur permettant d'acheter un appartement et trois ans plus tard elle donnait naissance à une petite fille. Le couple s'était alors mis d'accord sur le fait qu'ils n'auraient pas d'autres enfants pour pouvoir déjà subvenir à leurs besoins. Elle avait perdu son époux deux ans plus tard en mission. Elle avait touché le pactole et avait donné une maigre partie de la dotation à ses enfants. Essayant de sortir la tête de l'eau avant de se noyer dans la dépression et l'alcool, elle n'avait alors pas eu le temps de voir grandir ses enfants. Son fils avant six ans s'occupait de donner à manger à sa soeur et de l'habiller avant de la mettre à l'école. Les marmots étaient soudés comme les doigts d'une main, livrés seuls à eux même et au caprice d'une femme alcoolique qui, allez savoir comment, réussissait à faire défiler les hommes dans leur foyer. L'appartement étant devenu rapidement trop petit pour eux, les enfants dormaient dans la même chambre jusqu'à ce que Thomas soit en âge de comprendre la sexualité. Il avait alors évincé sa mère sur le canapé qu'elle ne quittait de toute manière jamais pour que Judith puisse posséder sa chambre et à lui donner de la liberté mais lui permettant à lui aussi de retrouver la sienne.

La gamine âgée de onze ans préférait passer du temps en dehors de leur maison plutôt qu'à l'intérieur. Elle n'aimait pas des masses trouver sa mère ivre morte juchant dans son propre vomit. Elle avait dû plusieurs fois la mener à la douche avant de prendre la décision que ce n'était pas à elle de prendre soin de sa mère. Elle traînait donc dans un parc avec ses amies Lorie et Denise qui se trouvaient en plus d'être dans sa classe, super sympathiques. En une année, c'était devenu leur lieu. Elles allaient y faire de la balançoire et étaient en plus cachées pour pouvoir fumer leurs clopes en cachette. Inconnues des passants, elles n'avaient aucun souci à se faire. C'est cette année là qu'elle avait rencontré pour la première fois le meilleur ami de Thomas, le beau Isha. Les filles rentraient de leur sanctuaire et sur la route elles devaient se quitter. Judith devait continuer seule dans la cité. Il était dix huit heures, elle venait de passer deux heures dans le parc en compagnie de ses amies et elle marchait sur le trottoir la tête basse pour ne pas se faire remarquer. Dans les lieux qui craignent, la meilleure façon de ne pas se retrouver mêlée à une histoire ou à une bagarre est de faire abstraction de ce qui se passe autour de soi, de marcher en regardant ses pieds et cela le plus rapidement possible.

Elle portait son blouson vétuste, mais elle était chaudement emmitouflée, alors même s'il était vieux, décousu et qu'il sentait horriblement mauvais elle était trop heureuse de le porter. Elle vit apparaître sa maison dans son champ de vision et son corps fut parcouru de frissons en voyant une voiture garée devant chez eux. Elle avait un mauvais pressentiment et se demandait si sa mère avait encore trouvé un nouveau prétendant. Elle ouvrit le portillon donnant dans la courette menant à la porte d'entrée. Elle l'ouvrit et pénétra dans l'immeuble. Ce dernier contenait deux appartements dont l'un d'eux occupé par la famille Gibtson et l'autre par une femme d'une soixantaine d'années. Elle ne possédait aucune voiture et se faisait livrer ses courses toutes les semaines. Elle monta les escaliers et s'approcha du battant. Elle entendit des voix bien avant de pousser celui-ci. Une voix d'homme grave et vu ce qu'elle entendait, elle se demanda si elle devait finalement y entrer, car il était fort probable qu'elle assiste à des choses qu'elle ne souhaitait pas voir. C'est plutôt traumatisant à son âge de voir sa mère en position délicate.