Feeling Blue ( Marc x Nathaniel ) - FRANÇAIS

3- Feuille de roc

Quelques petites marques d'affection, aussi infimes soit-elles, peuvent vraiment aider quelqu'un. Être lové dans les bras de mon meilleur ami pendant quelques minutes m'a vraiment fait du bien.

Mon réveil sonne bien trop tôt. 5 heures du matin, c'est vraiment pas une heure pour se lever après une nuit comme ça. Ne vous imaginez pas des choses, je suis vraiment resté juste quelques minutes dans ses bras avant qu'il ne retourne dans sa chambre. Il faut avouer que je suis un peu triste de me lever seul, mais je dois rester fort. Je devais arrêter d'être un légume et aller en cours.

Et bordel, c'était vraiment ennuyant. Tous les cours étaient de la théorie, de la théorie, de la traduction, puis encore un peu de théorie. C'est plutôt intéressant d'apprendre des concepts philosophiques et d'améliorer mes bagages en littérature mais faire ça presque tous les jours... Ça devient vraiment lassant.

Pour être franc, j'y suis allé, mais impossible de me concentrer sur quoi que ce soit. Comment pouvais-je oublier ce qu'il s'était passé ? Mon esprit était totalement perturbé toute la journée. C'était vraiment juste le geste d'un ami inquiet ? Est-ce que mes sentiments sont réciproques ? Non, Marc, c'était juste amical, tu pleurais. Peut-être, mais me garder dans ses bras aussi longtemps pendant qu'il... Pendant qu'il caressait doucement mes cheveux... ?

Non, je ne veux pas rougir en plein cours. Assis à l'arrière de l'amphithéâtre, je sors un de mes carnets et fais semblant de prendre des notes, écrivant quelques idées pour notre prochaine BD. J'aurais préféré écrire quelques idées pour mon roman, mais je ne peux vraiment pas laisser tomber Nath. Je peux sûrement travailler sur les deux projets en même temps.

Heureusement, le temps passe rapidement. J'ai écrit quelques idées, mais rien de bien concluant, j'en ai peur. En sortant de la fac, je pense à quel point notre soirée avec nos amis va me changer les idées... Et être terriblement stressante. Ayant peur d'être en retard, j'essaye de courir jusqu'à l'appartement, fouillant pendant tout le trajet dans mon sac pour être sûr que je n'avais rien oublié en cours. Clés ? Oui. Carte de transport ? Oui. Porte-monnaie ? Pareil. J'ai vérifié pour les clés ? Vaut mieux vérifier encore une fois. Ou encore deux fois, plutôt. Je devais avoir l'air con avec ces tocs d'anxieux.

J'arrive rapidement à l'appartement, ouvrant grand la porte pour découvrir Nath, assis à la table, un crayon en main avec une feuille de papier blanc juste en dessous. Pendant cette courte seconde avant qu'il ne me remarque, je ne peux pas m'empêcher de le contempler, regardant à travers la fenêtre, sa main tenant nonchalamment sa mâchoire. Lorsqu'il m'entend, il se retourne et me regarde, un sourire sur son visage.



" Salut ! Content de te voir. Tu es prêt pour ce soir ?
- Urmh... Je dois encore me doucher, je suis pas encore prêt...
- Dans ta tête, je veux dire. Ça va mieux?
- Oh. Oui, bien sûr ! Je suis tellement content de revoir les autres.
- Ouais, moi aussi ! "



On se sourit. C'est rassurant d'avoir quelqu'un qui se soucie autant de moi. Je pose mon sac dans ma chambre, revenant pour prendre quelque-chose de frais à boire, parlant de tout et de rien avec lui avant de me préparer un peu. Rien de bien fou, juste un peu de maquillage, à peine assez pour que les autres ne le remarquent. Je prends les même vêtements, on va juste passer une soirée dans un bar, rien de plus.

Je rejoins ensuite Nath lorsqu'il est temps de partir. Le bar est plutôt proche, à peine dix minutes à pieds et on n'est pas assez flemmards pour attendre le bus pour nous y rendre. Surtout que marcher ensemble est un bon moyen pour parler un peu plus longtemps.



" J'ai toujours voulu te demander un truc mais j'ai peur d'avoir l'air méprisant, tu vois ?
- Oh, t'en fais pas... C'est quoi ?
- T'as une masse de matériel de maquillage : fonds de teints, eye-liners, des tonnes de palettes... Pourquoi t'utilises toujours d'un tout petit peu de maquillage et que tu sors jamais en mode... Super diva ?
- S... Super diva ?!
- Ouais ! Sois un peu plus fou, fais les maquillages que tu veux ! Mais peut-être que t'en as pas envie ?
- Honnêtement, d'un côté, j'aimerais beaucoup... Mais tu sais que j'ai peur du regard des autres...
- Tu sais quoi ? La prochaine fois qu'on sors ensemble, si tu veux en mettre un peu plus et porter plus de couleurs, n'hésite pas. Je resterai près de toi et je ferai des doigts à tous ceux qui oseront dire un seul mot déplacé sur toi. Parce-que bordel, j'ai vu certains maquillages que tu fais juste comme ça à l'appartement, t'es une meilleure beauty guru que James Charles ! "



Je n'arrête pas de rire, non pas parce-que je suis gêné, mais parce-qu'il me rend tellement heureux. Evidemment, je n'oserais jamais le faire.

On arrive rapidement au bar et je reconnais tout de suite des visages familiers. Marinette et ses cheveux courts bleus, Alya et sa magnifique crinière marron-orangée, Nino et son visage jovial et enfin, Luka avec ses cheveux toujours aussi teints. Ils nous saluent pendant qu'on s'assoit avec eux. J'ai l'habitude de boire et de prendre quelques cocktails, mais je dois garder un œil sur Nath. Après trois verres, il ne tient plus sur ses jambes. Je ne veux pas qu'il soit dans le mal devant nos anciens amis.



" Du coup, ça fait un moment ! Quoi de neuf dans la vie pour vous, les garçons ? "



Je sens mon visage rougir un peu. Je ne peux pas vraiment parler d'améliorations dans ma vie alors qu'elle est devenue une étudiante renommée dans son école de stylisme. En plus, sortir avec un mec aussi classe que Luka... Nath répond pour nous deux.



" On vit ensemble dans un appart' pas très loin, on a décidé de continuer à bosser ensemble sur notre projet de BDs, jours et nuits! On espère qu'un éditeur nous remarque, je sens que ça sera pour bientôt !
- Ça a l'air plutôt cool. Mais allez, maintenant soyez honnêtes, on n'est plus au collège. C'est pas JUSTE pour ça que vous vivez ensemble, hein ?
- A... Alya !!! Arrête ça !!! "



Tout le monde rit en voyant la totalité de mon visage rougir. Je fais un faux-sourire, voyant du coin de l'œil que Nath reprend un verre. Je fais de même.

On continue de discuter pendant un bon moment. Alya et Nino n'ont pas grand chose à raconter. Alya a commencé des études de journalisme, Nino une licence en musicologie. Ça leur ressemble, ils sont heureux ensemble, tout va bien. Je suis quand même surpris que Marinette ai décidé de se mettre avec Luka. Pas dans le mauvais sens, Luka est un bon type, mais elle n'avait clairement d'yeux que pour Adrien, avant.

Bien sûr, en nous remémorant les événements, nous laissons une minute de silence passer, fixant le fond de nos verres. Cela fait déjà un an que Adrien et Chat Noir ont disparu. Bien sûr, la liaison de leur disparition est clairement évidente, mais même Alya a décidé de ne pas parler de cette "théorie", supprimant tous les commentaires l'énonçant sur son blog. Tout le monde sait que Le Papillon a réussi à mettre la main sur sa bague, mais personne n'a compris pourquoi il avait soudainement disparu. Il a toujours souhaité obtenir les deux Miraculous, n'est-ce pas? Alors, pourquoi s'arrêter alors qu'il n'a que celui de Chat Noir ? Personne ne le savait, et Ladybug aide désormais la ville de Paris sans son chat. Des fois, d'autres héros apparaissent pour lui donner un coup de main, mais je me sens mal en me disant qu'elle est seule, certainement incapable de l'aider.



" Au moins, Ladybug a toujours l'intention de l'aider, n'est-ce pas, Marc ? "



Oh non. Nath a trop bu. Je commence à trembler, essayant de le raisonner.



" Nath... Je pense qu'on devrait rentrer.
- Me touche pas ! Tu me casses les couilles. Eh, les mecs, devinez quoi ? Il a passé littéralement tout le week-end enfermé dans sa chambre pour écrire sa PROPRE histoire, sans me donner ne serait-ce que le moindre petit signe de vie ! Dans son coin ! Sans moi ! On vit ensemble depuis DES ANNÉES ! Et tu me laisses encore seul ? Merde, sérieusement, tu comprends pas à quel point t'es important pour moi ?! Putain, je vous déteste, toi et ton anxiété à la con. Mais bon, au fond, peut-être que tu fais semblant juste pour avoir de l'attention. "



J'arrive plus à parler. Même pas à bouger. J'essaye de garder mes larmes coincées dans mes yeux, mais je tremble comme une feuille. Nath se lève, allant aux toilettes, les filles le suivant pour essayer de lui parler. Luka reste avec moi, l'air inquiet.



" Marc... Ne le prends pas mal. Tu sais, l'alcool joue vraiment de mauvais tours au cerveau, je suis sûr qu'il ne voulait pas te dire ça... Enfin, pas comme ça, en tout cas...
- L'alcool fait dire des vérités cachées.
- Ressaisis-toi, allez ! Tu sais que Nath t'aime beaucoup, vous êtes meilleurs amis ! Pour être franc, tout le monde pense que vous êtes même plus que ça !
- Tu l'as entendu ? Il me déteste.
- Non, Marc, tu sais que c'est pas vrai. Marc ? Hé, reviens ! "



Je fonce vers la sortie, espérant qu'il me laisse tranquille. Dehors, dans la rue, j'essaye de reprendre mon souffle, sentant mon cœur essayant de sortir de ma cage thoracique. Je fouille dans mes poches, je retrouve rien, même pas mes clés. J'ai tout foiré. Je suis quelqu'un d'horrible. La pluie me tombe dessus, une grosse pluie. Pourquoi, pourquoi je suis pas doué et malchanceux comme ça ? Pourquoi jamais rien de bien ne m'arrive ? Je tente de m'asseoir, incapable de respirer, tremblant de tout mon corps.

Nath me déteste. Il ne voudra certainement pas que je revienne dans l'appartement cette nuit. Je vais dormir dehors. On ne fera plus jamais de BDs ensemble. J'ai plus rien à faire de ma vie. Je ne vais plus le revoir. Il me déteste, il me déteste, il me déteste. J'ai tout perdu parce-que je voulais écrire ma propre histoire. Je ne veux plus écrire. Je ne veux plus respirer.

Je sens quelque-chose se poser sur ma tempe. Ce n'est pas une grosse goutte de pluie, c'est plus léger, une sensation que j'ai déjà ressentie auparavant. Et là, juste après, j'ai reconnu cette voix dans ma tête.



" Marc, je suis Le Papillon. Je suis toujours là et j'ai pu observer ce qu'il vient de se produire, tu dois te sentir terriblement désespéré. Maintenant que tu n'as plus aucune raison de vivre, je veux te donner une nouvelle chance et un nouvel avenir. Tu peux être utile et je crois en toi. Je veux que tu ailles au manoir de la famille Agreste, quelqu'un t'ouvrera la porte. Viens le plus vite possible, je t'attends. "



La voix s'estompe. Attendez. Ça veut dire que Le Papillon vit dans le manoir des Agrestes ? Ou que... Oh.

Curieux et n'ayant rien de mieux à faire, je me précipite vers le bâtiment, évitant la pluie du mieux que je le pouvais. Personne ne m'avait suivi, ni Luka, ni même Nath. Ils ne doivent pas tenir tant que ça à moi. Je suppose que je peux donc découvrir ce qu'il me veut.

A mon arrivée, l'immense portail s'ouvre face à moi. Quelqu'un m'attend devant la porte d'entrée. Je peux reconnaître la silhouette du styliste reconnu parmi des milliers d'autres. Gabriel Agreste est là, me regardant, les mains jointes dans son dos, un sourire satisfait dessiné sur son visage.



" Je suis vraiment heureux que tu ai répondu positivement à mon appel. Viens, Marc, nous devons parler. "