Chapitre 17 - Blessures

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Quand le psy partit enfin j'étais soulagée dans un premier temps, mais ensuite je sentis l'angoisse monter car la seconde phase de test commençait sans Elliott. Le repas me fit apporter directement en chambre et l'idée de devoir me battre contre cette maladie seule me faisait peur. Je n'étais pas totalement inconsciente au fil du temps, je me suis bien rendu compte que quelque chose n'allait pas mais j'ai juste... Fais l'autruche. Cependant une cuillère après l'autre j'ai mangé, très peu je l'avoue mais mon plateau-repas était quand même copieux, sans grand étonnement. Pourtant j'ai tout de même dû faire un effort un peu plus important car les infirmières faisaient le pied de grue devant mon lit. Jusqu'à ce qu'elles s'accordent sur le juste milieu entre ma limite mentale, physique et ce qui était selon elles le minimum syndical, elles sont restées. Résultat j'avais fini mon plat principal en me forçant vraiment, luttant contre la nausée à chaque bouchée. Ça faisait un moment que je ne m'étais pas sentie aussi mal après avoir mangé. Que ce soit la gravité ou la sensation de mon corps, tout me semblait plus lourd. Bien sûr je le savais au fond que la gravité n'avait pas changé, mais j'avais besoin de faire un peu d'humour en étant légèrement dramatique pour m'aider à supporter ce changement qui se profilait à l'horizon. Parce qu'honnêtement il m'effrayait plus que je ne voulais l'admettre.

J'aurais aimé vous dire que j'ai été forte, que j'ai digéré non sans difficulté mais que j'y suis arrivée. Malheureusement, 10 minutes plus tard tout était dans les toilettes. Je n'avais rien forcé mais vu comment chaque bouchée était un calvaire autant du fait d'être forcé que d'avaler une nourriture sans goût, franchement je m'y attendais. Dans ces conditions ça n'a rien de naturel, rien de facile, rien de normal, c'est même un peu glauque. La tête dans la cuvette je rendais tout ce qu'il était possible de rendre venant d'un corps humain mais pour la première fois depuis longtemps en me relevant j'avais faim. Pas un petit creux, une vraie famine plutôt ! J'enlevais alors toutes ces conneries à mon bras et regardais dans l'armoire afin de sortir un peu de cette chambre si petite pour essayer d'aller me chercher de la nourriture normalement constituée qui donne envie d'être mangé. Heureusement Diana avait tout prévu visiblement puisqu'une tenue flanquée d'un petit mot était pendue dans mon armoire.

« Pour quand tu iras mieux, Darling ! »

Je partis me doucher et enfiler cette sublime robe noire au dos scandaleusement nu. Elle était simple et efficace, exactement ce que j'avais besoin pour gagner un petit peu plus de confiance en moi. Penser que Diana pourrait oublier quelque chose est un mensonge. Son organisation quasi militaire est à la limite du compulsif chez elle alors voir qu'elle a même pensé à prendre mes chaussures préférées ne m'a finalement pas tant surprise. Je me suis contentée d'un sourire de biais en les enfilant, remerciant qui dort là-haut d'avoir mis sur mon chemin une fille aussi extraordinaire. En sortant de la chambre j'étais coiffée et habillée prête à conquérir le premier taco qui passerait. J'attrapais mon sac au vol avant de sortir de la chambre cependant au fond du couloir mon regard tomba sur celui d'un groupe d'infirmières, je compris immédiatement leur message. Je ne partirais pas d'ici tout de suite. Reçu. Je leur offris donc un grand sourire affreusement faux tout en reculant légèrement avant de faire un demi-tour et me dirigeai vers un des nombreux distributeurs pour gens tristes dans les couloirs. Tant pis pour le taco je me contenterais de ces sucreries affreusement mauvaises pour la santé.

Une fois devant le distributeur, je ne sus quoi choisir. Franchement ce n'est pas pour dire mais ce n'est quand même pas fait pour vous donner envie de manger. Moi je ne voyais pas écrit Jambon/beurre sur ce club mais : « Mange-moi si t'as pas le temps. Sinon en vrai passe ton chemin je suis pas terrible. »

Dans un soupir je me reculais pour m'affaler sur les sièges contre le mur d'en face sans quitter ce distributeur de malheur des yeux. Soudain je tournais la tête vers la personne assise à côté de moi que je n'avais même pas remarquée avant. C'était une gamine de 16 ans peut-être, assise juste sur le siège à côté du mien. Avec un peu de réflexion, je savais que c'était l'étage pour les problèmes mentaux liés à l'alimentation. J'avais entendu les infirmières en parler, elle devait être comme moi une patiente de l'étage sinon elle ne serait pas si maigre quoiqu'elle semblât plus en chair que moi. Avec un sourire rassurant je tentais de percer ce petit mystère.

Et Demain ?Where stories live. Discover now