L'Appel

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La soirée touchait à sa fin et l'on venait de servir ce qui devait être 'le dernier pour la route'

Ethan, l'esprit légèrement embrumé par les volutes de l'alcool se dit qu'il avait bien de la chance d'avoir de pareils potes. Copains de virées mais surtout amis fidèles, inséparables depuis leurs études secondaires, lui, François et Christophe, aujourd'hui accompagnés de quelques connaissances, se retrouvaient régulièrement, toujours par plaisir. Soirées resto, cinéma, journées passées à visiter ce qu'il pensait être intéressant, concerts, festivals ou encore de mémorables vacances dans les campings espagnols ou dans un club en Tunisie. Chaque moment était apprécié, chaque instant vécu avec intensité.

- « Allez ... le der des der ? » proposa François après avoir vidé son verre en une seule traite

- « Merci, pas pour moi », rétorqua Ethan en se levant, bien déterminé à en rester là pour ce soir « Demain boulot, boulot ... »

- Et alors ? nous aussi on travaille ... mais cela ne doit pas nous empêcher de nous amuser » répondit Christophe

Malgré l'insistance de ses deux amis, Ethan tint bon et les salua. Christophe et François comprenaient qu'Ethan, au vu de ses responsabilités professionnelles ne pouvait se permettre d'abuser de cette soirée. Néanmoins, il était de bon ton de se charrier, et chacun y passait à un moment ou l'autre. Un de ces moments ou malgré les copains ou plutôt à cause des copains, on se sent seul, vraiment seul.

Ethan regagna son domicile situé non loin du centre-ville. La localisation de son studio l'avantageait. Il pouvait en effet se déplacer pédestrement sans se soucier de rester 'Save'.

La soirée était douce et seule une petite brise venait de temps en temps déranger les mèches de ses cheveux qu'il aimait porter mi- long. Il n'y a pas si longtemps, il avait dû se résoudre à se couper les cheveux qu'il portait alors jusqu'aux reins. Conscient que ce look, assimilé à la vague 'hardeux' constituerait un frein à sa recherche d'emploi, il s'était coulé dans un certain conformisme de bon ton, abandonnant également au passage les piercings. Toutefois il conserva une longueur de cheveux qu'il considérait comme acceptable.

Son studio, situé au 3ème étage d'une spacieuse maison, comportait quatre pièces. Outre le séjour et la cuisine, Ethan disposait d'une chambre et d'une salle de bain, le tout communiquant via un petit hall. L'ameublement, d'origine suédoise, était tel qu'il le souhaitait. Réduit au minimum mais néanmoins suffisant. Sa passion pour l'informatique et pour tout ce qui traitait de l'image en général encombrant une bonne partie de son espace vital. Ses deux ordinateurs avec scanner, imprimante, imprimante 3D et tables graphiques, trônaient dans le séjour. Une télévision plasma avec home cinéma et une installation vidéo digne d'un studio de montage complétant l'ameublement.

Comme à son habitude, il voulut actionner l'interrupteur de la lumière une fois la porte d'entrée fermée ... habitude prise alors qu'il vivait toujours chez ses parents et qui consistait à ne pas déranger la famille avec des éclairages intempestifs. Et comme d'habitude, l'interrupteur semblait avoir changé de place.

C'est donc en tâtant qu'il trouva l'objet de sa recherche et qu'il actionna avec la satisfaction de celui qui vient de remporter une grande victoire !

A ce moment, il aperçut du coin de l'œil, sur le mur opposé du hall, un mouvement qui le fit sursauter .... Mais se ressaisissant, il comprit vite qu'il venait d'avoir peur de son propre reflet dans le miroir.

Le lendemain, il se leva avec la bouche pâteuse et une douleur lancinante au niveau des tempes.

Il s'assit au bord du lit et sachant que la douleur ne le quitterait pas, car trop bien lovée dans son crâne, il se décida pour un cocktail magique de son invention composé d'une dose de codéine et d'une autre dose d'aspirine, le tout mélangé avec du Coca. Il n'était pas peu fier de sa trouvaille découverte, il est vrai, au hasard d'un lendemain de cuite en tâtonnant dans sa boite à pharmacie et qui depuis plusieurs années déjà, constituaient son remède infaillible aux gueules de bois et autres petits désagréments encourus par une consommation d'alcool qu'il considérait somme toute comme modérée.

L'AppelWhere stories live. Discover now