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La première fois que je l'ai vu , il faisait beau, le ciel était dégagé et rien ne laissait prévoir une seule goutte de pluie. C'était le milieu de l'été, personne dans les rues. Les habitants du quartier étaient partis en vacance ou travaillaient encore, même à cette chaude période de l'année. Pour ma part, les vacances scolaires avaient déjà commencés et je passais le plus clair de mon temps dans mon jardin à lire tout en buvant une citronnade, à planter des fleurs où même à m'allonger dans l'herbe et contempler les nuages. Il faut dire que je n'étais pas le genre de fille qui sortait avec des copains pour aller boire et s'amuser à la belle étoile, j'étais plutôt ce type de personne qui préfère rester chez soi et lire un classique sur le perron de sa maison tout en observant la nuit tomber. En fait, je n'ais pas d'amis. J'en avais mais je n'en ai plus. Je n'ai jamais été ni "groupe" ni soirée. Tous les jeunes de dix-sept ans aiment, dans la majorité des cas, " bouger " mais pas moi. C'est peut-être ce sentiment qui fait que je ne supporte plus la compagnie d'autres personnes de mon âge. Cet après-midi d'août, j'étais allongée sur le sol à respirer le parfum sec de l'herbe d'été tout en lisant quand un bruit de vrombissement venant d'un peu plus loin m'a intriguée. Je me suis relevée et suis partie regarder par la haie qui sépare ma maison de la maison voisine, à gauche. J'étais dans mon souvenir, très surprise de voir une très jolie Audi A5 dans l'allée avec, derrière elle, un gros camion portant le slogan : " Le déménagement facile avec Franck Déménagement". Cela faisait déjà un moment qu'il n'y avait pas eu de propriétaire et je ne pensais pas que quelqu'un rachèterai cette maison. Il faut dire qu'elle commençait à se faire un peu vielle cette "baraque". Je scrutais donc à quelques mètres, curieuse de savoir qui allait habiter cette maison. Tout le monde se connaissait dans le quartier alors dès que quelqu'un de nouveau arrivait, il était tout de suite l'objet de tous les regards et de toutes les discussions. Pendant plusieurs secondes je me languissais à me répéter que je serai donc la première à voir à quoi ressemblerait les nouveaux arrivants : serais-ce une famille ? Une femme ? Un homme ? Un couple ? Qui aurait pu le savoir ? Quelques secondes plus tard, ma curiosité était comblée : c'était un homme et pour le coup, un très bel homme. Le genre de garçon qu'on voit à la télévision dans les publicités pour les shampoings ou les parfums. Un beau bruns aux cheveux ni trop long ni trop court, bouclés. Pas assez long pour tomber sur ses épaules mais assez pour qu'on puisse facilement passer la main dedans. Il portait des lunettes de soleil donc impossible pour moi de desceller son regard et le couleur de ses yeux. Son teint était bronzé et il semblait venir d'un endroit où le soleil n'est pas mesquin. Pour finir ses bras et son cou étaient remplis de tatouages divers impossible à décerner de là où j'étais.Bizarrement, cela faisait totalement contraste avec sa peau avec sa peau mate. Mais aussi noir et grand que soient-ils, Ces tatouages ne le rendait ne rien vulgaire et cela lui collait parfaitement à la peau. Il sortait de sa voiture, seul, avec une certaine prestance et semblait pouvoir tenir le poids du monde sur ses épaules tant sa carrure était impressionnante. En y repensant, il n'était peut être pas si musclé que ça mais je n'avais jamais vu un homme pareil, je n'avais donc aucun point de comparaison. Alors qu'il sortait ses bagages de son automobile, je l'observais discrètement : tantôt il prenait une valise et la posait par terre, tantôt il s'essuyait le front en soulevant son t-shirt laissant apercevoir une musculature bien tracée et encore des tatouages. Les garçons de mon quartier ressemblaient tous à des asperges à côté. Et je ne peux m'empêcher de comparer cet homme à mon voisin de droite ,Tommy Jordan. Qui lui n'a absolument pas la prestance et le charisme que cet inconnu dégage. Au contraire, je suis persuadée que si Tommy venait à se rendre aux côtés de cet homme, il semblerait enfantin et perdrait sans aucun doute la confiance abusive qu'il a en lui. Cependant quand l'homme souleva une nouvelle fois son t-shirt pour absorber la sueur de son front et qu'il laissa voir en entièreté ses abdominaux et son corps sculptés à la vue de tous, je crois m'être surprise à rougir violemment. Je baissais les yeux gênée de ma réaction. Qui suis-je pour pouvoir observer un inconnu comme ça ? Je le reluque clairement. Après m'être calmée, quand mon regard se repose à nouveau sur lui, il était occupé à discuter avec un homme portant une casquette bleue marine comportant le même logo que celui sur le camion. Il semblait assez préoccupé. L'homme à la casquette haussa les épaules, tira la cigarette posée sur son oreille pour la prendre en bouche avant de l'allumer. Quelques secondes plus tard, il expirait la fumée et ouvra la bouche pour parler. De là où j'étais je n'arrivais pas à entendre clairement ce qu'ils se disaient. Je n'entendais que des bribes de mots comme " perdus - affaires - rien faire " suivit d'un autre haussement d'épaule. Il semblait donc y avoir un problème. Mais lequel ? Ma curiosité ayant d'un coup pris le dessus, je continuai d'écouter tout en tentant de me rapprocher le plus possible en me penchant vulgairement pour tenter de tout comprendre. " - Moi aussi je vais te dire quelques chose Stan , déclara le bel homme sur un ton colérique, si tu ne retrouves pas cette putain de valise, je te jure que je te fou la raclée de ta vie !" Cette fois, j'avais très clairement entendue. La voix de cet homme était un peu comme je me l'étais rapidement imaginée, grave et dure. Dans un geste brutal, il retira la cigarette de la bouche du dénommé Stan et l'écrasa contre le sol. J'étais surprise de l'attitude de cet homme, il avait les poings serrés et ses muscles raidis. Sa poitrine se soulevait dans un rythme effréné et énergique. Cette valise avait l'air d'être importante à ses yeux. Dans cet état là, il ne ressemblait plus à l'homme attirant que j'avais aperçut tout à l'heure et semblait être quelqu'un d'autre, quelqu'un de beaucoup plus sombre et dangereux. Stan acquiesça vivement et partit passer un appel tandis que l'inconnu retournait décharger sa voiture. Quant à moi j'étais là sans rien faire. Il s'était rapprocher de la haie et il pouvait maintenant me voir rien qu'en levant un peu plus la tête, je priais pour qu'il ne le fasse pas, me disant qu'il me prendrait pour une fouineuse qui se mêle des affaires des autres et mon dernier souhait aurait été de devoir me confronter à lui alors qu'il était en colère. Pendant que je l'admirai d'un œil effrayé tout en tentant de ne pas faire de bruits. Je me promettais de ne pas l'approcher, de ne pas lui parler et de rester loin, bien loin de cet homme qui pourrait m'attirer des ennuis. " - Je peux vous aider, déclara une voix forte à quelques mètres. "


Je sursautai et laissai échapper un hoquet de surprise, il m'avait remarqué. Je ne pouvais plus ni fuir ni partir loin, la confrontation allait être immédiate et je ne pouvais pas y échapper, cela semblait comme une volonté du destin, un destin forcé certes, car j'aurai put partir et retourner à mes occupations sans me soucier de cet inconnu tatoué, mais je l'avais choisis autrement. Et il y avait une raison à cela, en tout cas c'est ce que je m'efforçais de croire.

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⏰ Last updated: Apr 14, 2019 ⏰

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