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Les fêtes passent sans que je n'aie osé reprendre la carte au fond de mon portefeuille. Jusqu'à présent, je me suis dit que ce type avait à me dire me ferait plus de mal que de bien. Pourquoi aurait-il fait autant de mystère sinon ? Et puis, avec les fêtes de fin d'années bien chargées, j'avoue que je n'y ai plus pensé jusqu'à aujourd'hui.

Cette nuit, Josh est comme à l'accoutumé, à nouveau revenu dans mes songes. Sauf que cette fois-ci, je l'ai entendu un peu, et même si je n'ai pas tout saisi, j'en ai compris l'essentiel. Fait-lui confiance ! M'a-t-il dit.

En me réveillant, j'étais totalement désorientée par ce rêve. Partagée entre la joie d'avoir entendu sa voix chaude et sensuelle, et perplexe quant au message qu'il m'a transmis. A qui veux-t-il que je fasse confiance ? Il m'aura fallu plusieurs minutes avant de penser à la carte.

Me voilà donc avec cette carte dans les mains, de bon matin, à réfléchir sur ce que je dois faire. Pour faire simple, cette carte est on ne peut plus simple. Juste son nom et son numéro de téléphone sur un fond gris. Et puis surtout Notown écrit sur l'envers. La curiosité me reprend à nouveau. Il me faut savoir ce qu'il a à me dire. Je vais l'appeler et lui demander de s'expliquer au téléphone, et s'il refuse de m'en dire un peu plus, c'est que ses intentions sont probablement louches.

Après avoir pris mon petit déjeuner et m'être habillée, une idée me vient. Je file dans ma chambre et me connecte sur internet. Après tout, à l'heure actuelle, la plupart des gens y sont repérable. Peut-être obtiendrais-je un minimum d'information sur ce Jérémy Baker. Je tape son nom dans le moteur de recherche.

Malheureusement pour moi, ce nom à l'air super fréquent. Si j'ouvre les liens un à un, j'y passerais des jours, sans même être sûre d'avoir à faire à la bonne personne. Je dois m'y prendre autrement. Je lance ma recherche sur Facebook, avec les photos j'arriverais peut-être à mettre la main dessus. Les résultats y sont nombreux aussi.

J'observe les photos d'avatar une à une, et pour ceux qui ne mettent pas leur propre photo, je recherche sur leur profil directement si une photo apparait. C'est incroyable le nombre de gens qui s'affiche ainsi aux yeux de tous, sans même prendre garde à sécuriser leurs comptes.

Après une bonne heure de recherche, il me semble avoir trouvé mon lascar. J'agrandi sa photo de profil, et oui, il s'agit bien du type qui m'a abordé avant les fêtes. Je n'apprends pas grand-chose de ma recherche, hélas !

Tout ce que je peux voir, c'est qu'il a été à l'université de Philadelphie en Pennsylvanie, qu'il a trente ans, et qu'il est censé être célibataire. Bon, je crois que je perds mon temps, là ! Ça ne m'apprendra pas si je peux lui faire confiance ou pas. Je me décide alors à appeler l'avocat de papa, pour savoir s'il a un moyen de se renseigner sur ce type. Je lui joue un peu du pipeau pour lui expliquer ma demande étrange. Je lui raconte avoir rencontré un homme, mais que j'aimerais autant en savoir plus sur lui avant de m'engager à le revoir. Il est ravi pour moi.

En fait, je lui ai juste raconté les faits, et c'est lui qui les a interprétés à sa sauce. Ah ! Le pouvoir des mots ! Je m'assure de sa discrétion vis-à-vis de mes parents. Il m'affirme de ne pas avoir à m'en faire pour ça, il sera muet comme une tombe. Par contre, ce genre de chose n'est pas de son domaine de compétence, et il n'est pas sûr de pouvoir faire quelque chose pour moi. Il me contactera par mail pour plus de discrétion. Parfait !

Je suis en train de faire mon jogging de fin d'après-midi quand enfin je reçois son mail sur mon smartphone. Je ralenti ma course, puis marche tranquillement jusqu'à trouver un banc où m'assoir. J'ouvre le mail et suis ravi de sa réponse positive.

Apparemment, un de ses amis de la police a fait ces recherches pour lui. Rien à signaler ! Jérémy Baker passe pour être un honnête citoyen, sans problèmes particuliers si ce n'est quelques contraventions pour défaut de stationnement. Bon, c'est un bon point pour lui je dois dire. Maintenant, il faut que je me lance, je ne peux rien faire de plus pour me rassurer. Je recherche son numéro dans le répertoire de mon téléphone et me lance. Il répond presque instantanément.

— Bonjour ! Jérémy Baker ? C'est Ana Straw à l'appareil ! Me présentais-je.

— Mademoiselle Straw ? Demande-t-il d'une voix étonnée. J'avoue avoir pensé ne plus jamais avoir votre coup de fil ! Quand pourrions-nous nous voir ?

— Un instant, je vous prie ! Je ne vous appelle pas pour vous voir, mais pour avoir des informations.

— Je vous dirais tout dès que nous pourrons en discuter de vive voix ! Me répond-t-il.

— Hors de question ! Si dans les minutes qui viennent, vous ne m'avez rien dit pour me convaincre, vous pourrez m'oublier ! Dans le cas contraire, peut-être pourrais-je consentir à en discuter avec vous ! D'accord ? Et c'est non négociable ! Maintenant, c'est à vous d'être persuasif !

— Vous êtes dure en affaire, mademoiselle Straw ! Alors d'accord, je vais vous donner de quoi alimenter votre curiosité ! Il paraitrait que vous ayez vécu quelques temps à Notown ! Oh ! Bien-sûr, tout le monde vous dit que c'est issu de votre imagination, n'est-ce-pas ? Sauf que, imaginez un instant que ce qu'il vous est arrivé soit bel et bien réel, et ne soit pas arrivé uniquement à vous ? Imaginez que je sois en mesure de vous prouver que d'autres personnes sont également passés par Notown, n'aimeriez-vous pas savoir pourquoi et comment c'est arrivé ? Oh ! Je ne suis pas en mesure de vous apporter toutes les réponses, mais je pense qu'ensemble, nous pourrions essayer d'y répondre.

— Mais comment pouvez-vous savoir pour Notown ? Qui vous l'a dit ?

— Je vous le répète, vous n'êtes pas la seule, et vous êtes saine d'esprit, enfin j'espère sincèrement ! Ri-t-il. Bon, vous accepter enfin de m'accorder un peu de votre temps ?

— Oui, je crois que oui ! Quand ?

— Ecoutez, vu votre méfiance à mon égard, que je comprends parfaitement, je vous invite à diner dans un lieu publique, mais suffisamment discret pour que l'on puisse discuter en toute tranquillité !

— C'est d'accord ! Où ça ?

— Heu ! Je n'ai pas l'adresse en tête, mais je vous l'envoie par sms dans la minute qui suit ! Rejoignons-nous là-bas vers vingt heures si cela vous convient.

—C'est parfait !

— A toute à l'heure, mademoiselle Straw !

Dans les minutes qui suivent, je reçois l'adresse. Un restaurant italien bien côté, dans le centre-ville. Il faut que je me dépêche de rentrer à la maison si je veux arriver à l'heure là-bas. Je reprends mon pas de course, et file chez mes parents aussi vite que possible.

Serait-il possible qu'il dise vrai ? Je ne suis pas folle ! Je ne suis pas la seule ! Les larmes me montent aux yeux, mais bien vite je me reprends. S'il passe pour être honnête aux yeux de la société, je ne sais pas qui il est, et je pourrais bien vite déchanter de ses intentions. Marc pourrais tout aussi bien avoir préparé un sale coup à mon égard. Prudence ! Il me faudra éviter de trop m'emballer dans cette affaire.

Reviens-moi   (Histoire complète)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant