Premier niveau.

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C'est un soir durant lequel le wagon de Simon est en panne. Il est vrai que ça peut paraître étrange de commencer l'histoire d'une vie pendant la panne du wagon de ses émotions, mais c'est comme ça. De toute façon, rien n'est très logique dans la vie de Simon. Il est là, simplement là, allongé sur son lit, le dos collé au matelas et le menton levé vers le plafond blanc.

Simon pense. Il tente de redémarrer son wagon en pensant. À des choses drôles. Sauf qu'il ne rit pas. À des choses tristes. Sauf qu'il ne pleure pas. À des souvenirs. Sauf qu'il n'est pas nostalgique. Il est juste... indifférent. indifférent aux choses drôles, aux choses tristes et aux souvenirs. Pas même un sourire.

Pas même un soupir.

Il se dit que c'est peut-être parce qu'il a un peu trop ressenti ces temps-ci. Et peut-être un peu trop de chagrin.

Il se dit que c'est sûrement une armure que forge son esprit quand il le sent en danger. Sûrement qu'il se mettait un peu trop en danger.

Tout ce dont il est certain, c'est qu'il doit attendre.

Attendre.

Attendre.

Attendre.

Il en a un peu marre, de toujours attendre. Mais bon. C'est ainsi, alors il fait comme ça. Il attend, en ayant un peu marre d'attendre, mais sans avoir envie de rechigner.

Il ne se sent pas d'humeur à rechigner, dans ces moments-là.

Son téléphone lui affiche un message.

Oh, ce n'est pas pressé. Il peut toujours y répondre plus tard, ça ne tuera personne.

L'heure nocturne avance, mais il ne voit pas le temps passer. Pour lui, chaque seconde est équivalente à la précédente, chaque minute ressemble à la suivante.

Pendant les pannes de son wagon, c'est comme si le temps n'avait plus aucune emprise sur lui. Comme s'il y était totalement étranger.

Une musique qui ne lui plaît pas trop emplit soudainement la pièce, ce qui l'agace, un peu.

C'est le seul détail qui lui permet de se rappeler son existence. Le léger agacement. Il n'est pas énervé, ni en colère. Juste agacé. C'est cet agacement qui le pousse tout de même à répondre à quelques messages ou à changer la musique. L'agacement est sa seule force quand son wagon est en panne.

Simon ferme les yeux. La fatigue le gagne progressivement. Il faut comprendre, c'est fatigant d'être dans un wagon en panne.

Et Simon est un peu agacé d'être fatigué à cause de son wagon en panne.

Simon et le secret des montagnes russes.حيث تعيش القصص. اكتشف الآن