Entre le jour et la nuit

Chapitre 8

Le dimanche d'après, Jade décida de se rendre à nouveau à la vieille case créole. L'ultimatum de Mark arrivant à son terme, elle n'avait plus le choix. Elle avait donc couché Tom. Puis dans l'intention de passer par la plage, elle avait enfilé une paire de jeans et des tennis. Elle avait ensuite prévenu ses parents qu'elle sortait un moment.

En traversant la plage, elle se souvint avec une certaine nostalgie de l'époque avant sa rencontre avec Mark, où elle venait souvent admirer le coucher de soleil sur cette plage.

Elle était tellement naïve et insouciante en ce temps-là, se dit-elle amèrement.

Mais aujourd'hui, elle n'était plus une gamine. Elle était la mère d'un petit garçon de quatre ans, et tout ce qui comptait était le bonheur et le bien-être de son fils. Et, pour le bien de Tom, elle avait donc pris la décision de mettre ses propres sentiments vis-à-vis de Mark de côté, et envisageait de faire des concessions... dans la limite du raisonnable. Elle devrait donc, par conséquent, absolument garder sans sang-froid pendant cette conversation avec le père de son fils.

En s'avançant vers la maison, Jade constata qu'il y avait de la lumière dans le salon. Elle ressentit soudain un peu d'appréhension. Elle aurait tant souhaité retarder ce moment, mais à quoi bon ? Elle ne l'avait déjà que trop repoussé !

Se préparant mentalement à l'affrontement, Jade redressa les épaules, et frappa à la porte-fenêtre.

Mark lui ouvrit assez rapidement. Tout en sentant son cœur s'accélérer, l'espace d'une seconde, elle crut déceler une lueur de triomphe dans ces yeux, mais ce fut si furtif, qu'elle préféra penser qu'elle s'était trompée.

— Bonsoir, Jade, dit-il de sa voix chaude avec cet accent, qui l'avait toujours troublée.

— Bonsoir, Mark.

Il s'écarta pour la laisser entrer, avant de refermer la porte derrière elle. Il lui désigna le canapé.

Cependant, ne commettant pas la même erreur que la dernière fois, elle s'installa, raide comme prête à mener un combat, dans un des fauteuils style créole au dossier canné.

Mark se dirigea vers le meuble en acajou au fond de la pièce, où étaient rangés les bouteilles d'alcool et les verres.

— J'allais me servir un rhum vieux que m'a conseillé un ami, tu veux m'accompagner ? lui demanda-t-il tout en se servant une rasade du liquide à la jolie couleur ambrée.

— Non, merci. Je ne bois pas de rhum.

— Je peux te servir autre chose si tu veux, lui proposa-t-il en parfait hôte.

Un petit verre d'alcool pour lui permettre de se détendre, et se donner la force de l'affronter, ne lui ferait pas de mal, se dit-elle.

— Un fond de liqueur, m'importe laquelle, fera l'affaire, merci.

Il la servit et s'approcha avec les deux verres. Il lui tendit le sien, avant de prendre place dans le canapé.

Jade trempa les lèvres dans le breuvage. C'était de la liqueur de mangots Bassignac à l'odeur délicate et au goût subtil. Elle finit le verre en quelques gorgées et le déposa aussitôt sur la table basse.

En la voyant boire aussi rapidement, Mark souleva un sourcil.

Mais Jade le toisa. Il pouvait bien penser ce qu'il voulait, elle s'en moquait comme d'une guigne.

— Quelle est ta décision ? demanda Mark sans détour.

— Tu as raison, Mark, Tom a le droit de savoir que tu es son père.