Chapitre 1

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 - Waaaaah !!! s'écria Piper en entrant dans la petite maison blanche aux volets verts. C'est trop trop trooooooop mignon !!!!

Annabeth entra à sa suite, capuche sur la tête, écouteurs enfoncés dans les oreilles, et ne put retenir un petit cri de surprise. En effet, contrairement à ce qu'on aurait pu imaginer au premier abord, l'intérieur était très coquet. Un tapis blanc s'étendait sur une partie du parquet clair et ciré. Quelques fauteuils s'entassaient autour d'une table basse en verre sur laquelle trônait un bouquet de tulipes.

Frank, Léo, Will et Grover entrèrent derrière elles, portant les valises de la petite Amérindienne qui en avait emporté plus que tous ses amis réunis.

Ils étaient en France, sur l'Ile de Ré, plus précisément. C'était Piper qui avait organisé ce voyage entre potes, et normalement, Annabeth n'aurait pas dû être là. Son père, sa belle-mère, ses deux demi-frères et elle auraient dû passer leurs vacances d'été en Floride, mais, au matin de leur départ, la jeune fille blonde s'était réveillée seule dans leur appartement. Sur la table de la cuisine, un petit mot de son père l'attendait sagement, lui apprenant qu'ils s'étaient envolés sans elle.

"Sommes bien partis. Espérons que tu comprends. Piper a un billet d'avion pour toi."

Quinze mots, griffonnés à la hâte sur un post-it jaune qu'elle s'était empressée de déchirer. Ils l'avaient abandonnés. Alors qu'elle avait attendu ce moment avec impatience. Celui où elle pourrait passer du temps avec l'homme qu'elle considérait autrefois comme son père.

Elle n'avait jamais vraiment compris pourquoi il ne faisait pas attention à elle. Elle était sa fille aînée. Le résultat de sa première aventure. Quand sa mère s'était faite interner pour cause de schizophrénie, il s'était refermé sur lui-même. Et puis, il avait rencontré cette femme. Isabelle. Elle ne portait pas Annabeth dans son cœur. D'elle, l'homme qui fut confident et compagnon de jeu eut deux jumeaux. Bobby et Matthew. Peu à peu, il s'était éloigné de son aînée, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un détail dans l'histoire de sa vie. De sa propre fille, il ne connaissait que deux yeux anthracite et une chevelure blonde. Il ignorait si elle avait des amis, un copain, de bonnes notes, si elle pratiquait un sport, quel âge elle avait, la date de son anniversaire. Peut-être ignorait-il aussi son nom.

Parfois Annabeth avait envie qu'il disparaisse, qu'il la laisse tranquille ou qu'il redevienne celui qu'il avait été. Pas nécessairement dans cet ordre.

La jeune femme qu'elle était aujourd'hui était une petite fille qui avait grandi trop vite. Un être abandonné et trahi, avec ses amis pour toute famille.



Il y a longtemps, elle avait fugué. Un soir, en pyjama, elle avait attendu que tout le monde dorme, et elle était partie. Mais à sept ans, elle avait eut vite fait de s'égarer. C'est alors qu'elle avait connu sa première amie. Une ado aux cheveux noirs tranchés de mèches bleues, au nez piqué de taches de rousseur, vêtue d'un jean noir et d'un blouson militaire élimé. Malheureusement, une après-midi, elle était entrée dans un supermarché dans l'espoir d'y dérober quelque chose de bon à manger. Annabeth l'attendait dehors, pour faire le guet. Mais quand les voitures de polices avaient débarquées, elle n'avait rien pu faire. Elle se souvenait encore du visage résigné de son amie quand les policiers l'avaient embarqués, des sirènes hurlantes, des lumières rouges et bleues. Comme elle avait pleuré, alors. Seule, au milieu d'une ville qu'elle ne connaissait que très peu. Elle avait fini pas retrouver sa maison, sa mère et son père, avant de se rendre compte qu'elle ignorait le nom de la fille qui s'était occupée d'elle. Ne lui restait que le souvenirs de ses yeux bleus électrique.

Elle avait rencontré Piper en cinquième. Elle sortait alors du drame de l'internement de sa mère. L'Amérindienne, quant à elle, venait d'entrer en sixième. Son père à elle n'était pas très présent. Elle avait tout de suite plut à Annabeth, avec ses petites tresses brunes, ses yeux multicolores et sa tendance à dépouiller les snobs de leurs biens sans qu'ils ne s'en aperçoivent. À l'époque, elles ignoraient qu'elles allaient devenir les meilleures amies du monde. Tant et si bien qu'on finit par les surnommer "les Inséparables", "Tic & Tac" ou "Tom et Jerry". Toujours fourrées ensemble, à rire, sourire, lire, jouer. La Californienne aux yeux gris et l'Amérindienne aux tresses. La grande blonde et la petite brune. L'intello et la cleptomane. C'était grâce à elle que la jeune fille avait put se relever. Avec elle, elle était plus forte, plus belle, plus drôle. Avec elle, Annabeth pouvait vivre. Vraiment.

L'été suivant, elle était partie en colonie de vacances, où elle avait rencontré son meilleur ami, Grover. La colonie des sang-mêlés avait été comme une seconde maison pour elle, et Chiron, le directeur, son père adoptif. Comme elle avait ri ! Elle passait des journées entières sous les fraisiers avec l'afro-américain en béquilles. Il racontait des blagues, sa vie, ses peines et ses bonheurs. Elle lui avait parlé de ses parents, de sa mère surtout, de son père qui l'ignorait, elle lui avait parlé de sa passion pour l'architecture, de son amour pour le dessin. Quelle joie cela avait été de se rendre compte qu'ils habitaient dans la même ville !

Will était arrivé après, alors qu'Annabeth faisait sa rentrée au lycée. Il était souriant, joyeux et drôle. Il brillait autant que le soleil, et avait aussitôt été accepté par Piper l'année suivante. Il était gay, et personne ne l'embêtait avec ça. Il l'assumait totalement et avec lui, les conversations n'étaient jamais ambigües. Ses yeux bleus pétillaient, même quand il ne parlait pas. Et pourtant, il avait perdu son père, atteint d'un cancer intraitable. Will envisageait une carrière de médecin. Ses deux amies le soutenaient autant que possible.

Léo avait été introduit dans leur groupe par Piper. C'était un de ses amis d'école primaire, qu'elle avait retrouvé pendant une soirée. Il ressemblait plus à un lutin latino qu'à un véritable être humain, et ses passe-temps favoris étaient de l'ordre de faire des mauvaises blagues ou brûler des avions en papier. Il riait de tout et de n'importe quoi, cabriolait, dépensait son énergie. Et pourtant, quelque chose de brisé brillait dans ses pupilles. En plus d'être dyslexique, il était aussi hyper-actif qu'un ouistiti enragé, et jamais une seconde ne passait sans qu'il ne bricole quelque chose.

Frank était le dernier arrivé dans la bande. Joueur de football américain, il était pourtant aussi doux et gentil qu'un gros nounours et se faisait charrier sept jours sur sept par Léo. D'origine asiatique, il était canadien et fier de l'être. Il s'entendait très bien avec les animaux et ne manquait jamais une occasion d'en voir. Son visage poupin trahissait sa gentillesse. Il avait été élevé par sa grand-mère, sa mère était morte à l'armée et il ne connaissait pas son père. Intolérant au lactose, il adorait le tir  l'arc, discipline pour laquelle il avait beaucoup de talent.

La blonde sourit en repensant à tous ces moments qu'ils avaient partagés. Toutes ces fois où ils l'avaient aidés à se relever quand son père l'ignorait ou que sa belle-mère la rabaissait.

Et puis, il y avait au le drame. Sa mère était morte. Overdose de médicaments. Et cette fois là, personne n'était au courant... Ses amis ignoraient ce qui la consumait de l'intérieur. Toute cette peine qu'elle gardait pour elle. Toutes ces larmes qu'elle refoulait.

Annabeth avait chuté, et personne ne l'avait jamais rattrapé...


Publié le 1er mai

Un aller simple pour mon cœur [PERCABETH AU]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora