L'oiseau

Dans le clair obscure d'une nuit sans lumières,

Le monde sombre flambe et brille ...

C'est le trésor du roi avachi qui pourrit sous ses grands airs

C'est le trésor du roi Grand-Père qui, de sa bouche édentée, sourit

Quand l'or et les diamants sombrent au large de ses paupières.

Dans l'obscurité claire d'une journée naissante et sans pluie,

La vie fragile et frémissante du matin naissant erre et s'oublie.

C'est le trésor précieux des nomades avides et sédentaires

C'est le trésor des vagabonds Gitans, qui, dans leur malheur, rient

Quand le trésor du roi sombre au large de ses paupières.

Le petit oiseau, lui, n'a qu'un seul trésor,

Plus précieux pour lui, que l'argent et que l'or ...

Il veut qu'en une bouchée, l'azure du firmament

L'avale, comme un ballon d'hélium lourd et laid

Qui, s'aventure derrière les nuages, côtoie l'infini puis disparaît,

Et oublie la couleur ocrée et douce de la notion du temps.

Il veut se perdre à l'horizon, comme un voyageur errant

Il veut vivre en vagabond, redonner à son cœur son éclat d'antan.

Il veut marcher dans le désert de sable et de poussières d'étoiles tombées

En s'enivrant des mirages, et de la soif, en ne rêvant que de perles de rosée.

Il veut qu'on l'humilie, sans qu'il ne baisse la tête.

Il veut traverser les océans, braver les tempêtes

Sans que ses os ne se fendent, ne se craquent, ne se cassent

Sans que ses bateaux ne se perdent, et qu'ils ne boivent la tasse.

Il veut boire des rêves à s'en enivrer

Il veut assister les amoureux qui se séparent sur les quais.

Il veut crier au vent à en effrayer les échos

Et rire à en rendre jaloux les oiseaux.

Il veut pleurer à en assécher les plus grandes mers

Et il veut nager à contre courant dans les rivières.

Il veut atteindre le paradis,

Sans cheminer pour trouver la sortie.

Il veut sauter comme sautent les amants

Dans les bras d'un feu de bois, dans le feu ardent.

Il veut faire de la lune sa lampe de chevet

Et allumer la nuit quand il le voudrait.

Il veut mourir sur la plage, sous le soleil flamboyant

Sans cramer, sans souffrir, sous les cris des goélands.

Il veut pouvoir partir, s'évader, s'enfuir,

Sans amour et sans haine, pour le retenir.

Il veut faire chavirer le cœur de sa prison,

Survivre au combat, mener la rébellion.

Il veut être, des murs, du naufrage, l'unique rescapé

Et rester à jamais, l'esclave de sa liberté...

Dans le claire obscure d'une obscurité claire et sans pluie,

L'oiseau magique sombre flambe et brille ...

C'est le trésor des vagabonds sédentaires qui, pourrissent sous leurs grands airs,

C'est le trésor du roi avachi, à la bouche édentée, qui dans son malheur, rit

Quand les plumes mortes de l'oiseau libre se teintent de mille lumières...