L'erreur

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          La Lune se révélait en ce mois d'octobre, les arbres commençaient à s'effeuiller. Les rues se dépeuplaient peu à peu, il pleuvait à torrent dans les rues de Paris. Pierre Martin, un grand homme au visage vieillissant et une peau rêche, des yeux couleur noisette fatigués par sa dure labeur, un nez tombant, vêtu d'une tenue de travail bleue, possédant 4 boutons noirs afin de pouvoir l'ouvrir, sa manche droite était un peu déchirée et était chaussé de longues bottes noires crottées, n'était pas ravit de rentrer chez lui après sa dure journée de corvée... À chaque fois qu'il rentrait dans le hall de son immeuble, il montait les escaliers le plus lentement possible afin d'écouter les conversations de ses voisins. Pierre était un homme curieux et indiscret, il questionnait souvent la concierge afin de découvrir tous les secrets de son voisinage : il connaissait les problèmes de couple de la femme du premier étage ou bien les soucis d'argent d'un mystérieux homme du troisième étage, les rumeurs disaient qu'il n'a aucun mobilier chez lui.

          Lorsque Pierre arrivait dans le couloir du quatrième étage pour aller dans son appartement, il sentait toujours une odeur âcre : un mélange d'humidité et de moisissure, cela le rebutait. Il ne supportait plus de vivre sous ces toits de zinc bruyants et laissant écouler la pluie sur les murs blancs, devenus bruns et poreux au fil du temps. Lorsqu'il ouvrit la porte de chez lui, il s'empressa d'aller embrasser sa chère femme. Mais comme à son habitude, elle avait une haleine fétide de vin. Sa femme était une personne simple, elle était blonde et avait les cheveux partiellement gras, de grands yeux verts-gris, elle n'enlevait jamais ses boucles d'oreilles en or qu'elle avait eu lorsqu'elle était petite fille et elle avait des lèvres très fines. Elle avait ce soir là une longue robe rose clair et blanche qu'elle avait cousu elle-même, avec un tablier blanc qui tire vers l'écru. Il était tâché de vin rouge, il y avait une odeur pestilentielle qui embaumait toute la pièce, cela rendait l'air suffoquant et irrespirable. Le brouhaha émit par ses enfants l'énervait au plus haut point. On peut qualifier son appartement comme miteux : il y avait comme une odeur de boeuf bourguignon passée de plusieurs semaines mélangé avec l'odeur des souliers crottés à cause des rues de Paris. La cuisine était aussi petite qu'une cage pour animaux, les chaises autour de la table à manger avaient toutes quelque chose de cassé : une avait le barreau central fendu, l'autre avait un pied plus court que les autres... Les cinq enfants dormaient tous dans la même chambre par manque de place, les lits étaient tous collés les uns aux autres. Certains dormaient à trois dans le même lit. Dans le salon qui communique avec la cuisine, le canapé en bois recouvert de feuilles d'or avec l'assise beige de l'époque de Louis XVI se voulait luxueux mais même une table était plus confortable que ce dernier. Rien n'allait dans cet appartement.

          L'homme fut répugné par sa femme qui gobelotait toute la journée pendant qu'elle s'occupait des cinq enfants qui chahutaient dans tous les sens. Il était en train de penser qu'il avait fait une terrible erreur d'avoir épouser sa promise. Il avait repensé à sa jeunesse avec elle, fille d'une nourrice bretonne et de père inconnu qui a abandonné son amante lorsqu'il avait apprit que celle-ci attendait un enfant de lui. Ils avaient été heureux jusqu'à ce que leur premier enfant naisse. Le travail de Pierre n'était pas assez rémunéré pour trois personnes, mais il le continua, sinon ils n'auraient pas pu rester dans leur chaleureux cocon familial... Ensuite est venu le deuxième, puis le troisième et cela avait été le bouleversement. Sa femme avait commencé à sombrer dans l'alcool. Elle n'avait passé aucun jour sans qu'elle ne soit ivre. Elle n'avait plus de temps pour elle et ne pouvait pas s'occuper de plusieurs enfants en même temps. Alors sans le dire à son mari, elle avait employé une nourrice pour qu'elle s'occupe de ses trois enfants. Cette nourrice était une femme brune avec un visage rondouillet, des joues biens roses, son prénom devait être Marie ou Maria, elle prenait soin d'elle et était plutôt coquette. Elle était vêtue habituellement d'une robe rose avec un tablier blanc par dessus. Elle avait une coiffe blanche qu'elle mettait sur ses cheveux. Elle avait environ vingt ans. Celle-ci avait un corps plutôt imposant : elle passait difficilement entre la porte de la cuisine et du salon car elle était relativement étroite. Elle venait au domicile des Martin à neuf heures et repartait à la tombée de la nuit pour éviter que Pierre la découvre. Ils avaient du mal à payer la nourrice, le loyer et la soi-disante dîme de la concierge, donc ils devaient se passer de manger un repas par semaine, c'était nécessaire.

          Au fil du temps, Pierre devint malheureux, se désociabilisa, répondit toujours par non, que ce soit à sa femme, à ses enfants ou bien même à ses anciens amis. Parfois il se dit qu'il avait raté sa vie, qu'il ne méritait pas tout ce qu'il avait construit. Il regardait ses enfants et se dit qu'il était si fier d'eux mais que lui et sa femme n'étaient pas assez responsables pour les élever...

          Lorsque sa femme se leva pour rejoindre la cuisine afin d'y préparer le repas, elle chancela de gauche à droite, elle cassa un vase bleu et vert à motif fleuri sur son centre, orné de dorure. Il avait une forme ronde sur le bas et la cavité pour mettre les fleurs était longue et fine. Ce dernier était posé sur une table d'appoint peinte en blanche faite de bois sculpté à la main, qui se situe à la droite du canapé. Ce vase avait été offert par la grand-mère de Pierre en l'honneur de leur mariage, il y a de cela douze ans et celui-ci symbolisait l'alliance du couple. Pierre passa de la colère au sentiment d'aversion, de chagrin et de rage, se vit mettre une gifle à sa femme. Les enfants furent terrifiés de voir leur père mettre un soufflet à leur mère qu'ils ne comprirent pas la signification de son geste. Pourquoi fit-il cela ?                                                                                       Pierre songea que le fait qu'elle ait cassé le vase signifie que leur amour ne peut que s'arrêter maintenant.

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⏰ Last updated: May 17, 2019 ⏰

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