CHAPITRE 2

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Jour 3660. Je perds peu à peu le goût des choses. Depuis le jour 3658, j'essayai de me séparer de Nurarihyon. À chaque refus d'approche de ma part, mon cœur saigne. Des pulsions m'assaillent, me disant de le ramener à moi. De lui demander pardon. De..... m'aimer pour ma personne plutôt que pour mon rang. Mais je me dois de guérir  de mon addiction. C'est une addiction dangereuse et interdite qui pourrait me coûter mon trône et mon royaume entier.

Alors je subis. Je le regarde s'éloigner de moi, de son regard de tempête, puis quitter la salle, me laissant seul- à- seul avec mes remords pour seule compagnie. Dans ces moments, un amoncellement de questionnements me rongent.

- Suis- je encore apte à gouverner ce royaume ?

- Pourquoi suis- je dépendant de la sorte à Nurarihyon ? Quel est cet étrange sentiment que je ressens lors de nos entrevues ? Dois- je lui en parler ? Pourquoi suis- je obligé d'arriver à cet extrême ?

Les rares fois où nos regards se croisent, la même question sort de sa bouche :

- Êtes- vous sûr que tout vas bien, mon roi ? Vous aurai- je blessé sur un quelconque sujet ? Si je vous dois des excuses, dites- le moi.

La seule réponse que je lui fourni, d'un sourire forcé, est :

- Non, ne t'inquiète pas Nurarihyon. Tu es le meilleur conseillé que ce monde n'ai jamais connu. J'ai juste besoin d'être seul pour un moment, d'accord ? Je peux te dire que tu n'as rien à te reprocher.

Le pauvre ! Il est à cent lieus de s'imaginer la brûlure que je ressens à chaque mots prononcés. Bien sur, que quelques chose me tourmente ! Bien sur que je suis endolorit sur un sujet ! Et par dessus tout, bien sur que j'ai besoin de toi à mes côtés pour diriger mon royaume, c'est ton devoir en tant que conseillé ! Malheureusement, je ne peux rien faire. Et je marche en souffrant vers le monde horrible, qui est celui du règne esseulé, avec l'envie ardente de tout lui avouer.

Depuis quelques jours, il semble préoccupé. Je le sens. La douce valse de ses pas s'est transformé en tango cadencé. Le bruit qui, avant m'apaisait, maintenant me plonge dans l'angoisse. Je ne sais pas le pourquoi de ses tourments. Ou plutôt je le sais mais j'essaye de convaincre moi- même que j'ai tort. Tout ce que je sais, c'est que je souffre de ne pas pouvoir l'aider.

Depuis ce glacial jour 3658, l'isolement dans lequel je me suis muré m'a fait ressentir une sensation de solitude telle que je n'en ai jamais connue. Ce confinement étant censé me faire oublier Nurarihyon s'est révélé mortel. Plus les jours passaient, plus son abstraction me faisait le regretter. Aujourd'hui, cela fait trois jours que je l'évite. Que je ne noue plus de liens avec lui. Et qu'il se demande pourquoi. Il essaye de me convaincre de sortir et de reprendre une vie normale. En attendant, il gère mes réunions et mes rendez- vous. Plus les jours passent, plus il prend d'importance. Plus les jours passent, plus je disparais. En toute honnêteté, je voudrais lui laisser ma place. Mais avant cela, je voudrais lui faire découvrir le doux vertige qui m'envahit à chacune de ses approche. Je voudrais lui faire découvrir..... Les joies d'être aimé en tant que Yo- Kai.




Addiction- 𝓘𝓻𝓸𝓷𝓲𝓮 𝓭𝓾 𝓼𝓸𝓻𝓽.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant