Partie Unique

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Un pas. Silence. Un autre pas. Cris. Stop


L'enfant avance dans ces couloirs froids mais plein d'effervescence. Les femmes et les hommes se dépêchent, courent, hurlent parfois. Ils bougent dans un mélange glacial et sanglant.



Blanc.Rouge.


Reste calme, Mel.

Ce sont des médecins, des infirmières, des urgentistes, du personnel d'hôpital. Il y a eu un énorme accident, une quinzaine de véhicules sont impliqués, beaucoup de personnes sont blessées, certaines sont déjà mortes.

Pourquoi?

On sait pas vraiment. Ce n'est pas important maintenant.   

Mais l'enfant, la petite fille, marche lentement, elle va bien, parfaitement bien. Elle avance tranquillement, calmement, sans aucune crainte. Elle est sereine. La fillette tient fermement la main de son frère. Ce dernier tremble d'effroi, son corps est secoué de spasmes. La terreur a pris place dans son cœur, elle lui broie l'estomac et un vide profond se creuse à l'intérieur de son être. Il ne comprend pas, il est perdu ; seule la main de sa jumelle le rassure. Il a mal au bras et à la tête, il sent un liquide chaud couler près de son oreille. Mais sa sœur avance, alors il suit,sans trop savoir où ils vont. Les adultes ne font pas vraiment attention à eux, ou le peu qui le font leur crient dessus. Un petit chien aboie soudainement, faisant sursauter le petit garçon. Il se demande pourquoi il est ici, des tâches rougeoyantes colorent son pelage. Il veut le caresser car lui aussi doit avoir peur dans ce monde si mobile.

Non. Ne t'arrête pas.

Le garçon veut se boucher les oreilles, ne plus entendre les hurlements des victimes, la panique des proches, les ordres des médecins. Les aboiements du chien. Son propre cri, aigu mais presque inaudible.Tous ces sons se mélangent, créant une horrible dissonance. Mais la petite main le serre plus fort encore et les pas s'accélèrent.Les voilà à l'extérieur, le voile de la nuit s'étend et semble tout engloutir.


Un pas. Deux. Trois. Stop.


La fille se tourne vers son frère, et elle le serre dans ses petits bras. L'enfant n'a aucune expression lorsqu'elle lui murmure ces mots qui brisent leur insouciance d'enfant.

Papa est mort.


Silence.





Melchior! Dépêche-toi !

Un vague grognement se fait entendre dans la pièce, l'adolescent ne fait que se tourner dans son lit. Il n'a pas envie de se lever,d'aller au lycée et de suivre les cours. Mais il se force, comme beaucoup de monde. Il fait semblant de vivre, comme d'autres. En sortant de sa chambre il croise sa sœur qui l'accompagne à la cuisine.

Bien dormi, Ambroise ?

Un sourire lui répond, mais lorsqu'il pose la même question à sa mère, celle-ci le regarde avec des yeux larmoyants. Melchior veut la questionner sur son état, la rassurer mais elle fuit, laissant les adolescents seuls.


SEULs


Il sait qu'elle ne s'en est toujours pas remis et la réconforter devient difficile.

On va être en retard.

«Comme tous les jours » répond le regard de la jeune fille.

Ils s'assoient dans le bus, une place pour deux située vers le fond du véhicule. Ambroise se place du côté de la fenêtre, posant sa tête contre celle-ci. Melchior démêle ses écouteurs avant de les placer dans ses oreilles, jetant un coup d'œil à sa sœur. Il la voit se concentrer sur le paysage défilant. Elle observe la route, le goudron puis les marques blanches au sol.


ChocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant