Adieu mon ange..

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Seule l'agitation de tes plumes ravissait mes yeux, ce mouvement léger dont je ne pouvais détacher le regard, seul le bruit de leur battement ravivait mon coeur, mis en pause depuis trop de temps. Le vent que tu créais en volant dans ma direction — futile, inutile, pauvre —, ce vent si frais nourrissait ma joie, à présent le souvenir de son toucher sur ma peau, de sa délicatesse, frappe mes joues et me rappelle que tu ne les meus plus devant moi. Ton départ fut si effrayant, si inattendu et non-souhaité, je me suis durement pris ton vent si adoré dans le visage, des larmes ont coulé, mon souffle s'est arrêté, toute ta majesté éloignée de mon être, je me suis senti si seul, si vide. Avant toi, j'avais l'impression d'être un pantin immobile dans une immensité informe et j'en étais malheureux. En ta présence, tout changeait : le dégradé de gris prenait des couleurs et l'arc-en-ciel pouvait se refléter dans ma rétine. Tu as embelli ma pauvre existence qui est devenue à tes côtés la plus riche que le monde n'ait connu. Tu me montrais la richesse du monde, tu me l'expliquais si bien que tu me l'as fait apprécier. Moi qui ne regardais rien d'autre que mes chaussures dans les rues bondées, je lève maintenant fièrement le menton et détaille le paysage urbain, moi qui ne voyageais que par obligation, je me plais à m'aventurer hors de la ville et à arpenter la campagne. Tu m'as appris à découvrir à quel point la nature est belle, à l'envier dans ses créations abruptes ou douces, à observer ses paysages qui recèlent de pépites inexploitées. Tu m'as fait comprendre l'importance des choses, « même la chose la plus insignifiante doit être vécue, et ce en premier lieu, pour que de plus grandes suivent le mouvement » disais-tu. Tu t'exprimais si bien, toi l'humain aux connaissances infinies. Je n'ai jamais pensé auparavant qu'un être humain puisse être à ce point intéressant. Tu me l'as fait découvrir. « Chaque humain se doit d'être étudié », si tu savais que j'applique avec ferveur tes principes, que j'ai tiré des leçons de chacun de tes enseignements, que tu as complètement bouleversé ma vie morne.. Si tu le savais, peut-être serais-tu juste à côté de moi, ta main enlacée dans la mienne..

Tu m'as donné les pistes pour que mes rencontres ne soient plus vaines, pour que chaque instant soit appréciable, mais là, je n'ai qu'envie de pleurer. Je suis entouré certes, mais je te sais loin.. et c'est ce qu'il y a de plus dur. Cependant tes conseils je les ai appliqués, même sans toi pour me lancer vers les autres, je l'ai fait, j'ai suivi tes paroles parce qu'elle furent et sont les plus belles choses qu'a abrité l'univers depuis sa création. Ta sagesse prend source au-delà des étoiles, et c'est peut-être pour cela que tu en sais autant sur ce qui nous entoure tout en appréciant en apprendre davantage, comme si la connaissance était un besoin vital, nécessaire en toutes circonstances.

La beauté.. cette chose que tu m'as appris, je l'ai d'abord vue en toi. Ta beauté a pu m'attirer en premier lieu — et les dieux savent que tu es magnifique — ( ou est-ce toi qui t'es dirigé consciemment vers moi pour me sauver de l'ennui ), mais dès que tes affectueuses paroles pleines d'espoir se sont répercutées sur mes tympans, dès que ta vision des choses est devenue mienne, ton esprit a primé sur ton corps. Soit tu es beau, en tout point physiquement parfait, mais ce qui se cache dans ton crâne l'est davantage.. et si quelqu'un me l'avait dit sans que je ne puisse l'expérimenter, je lui aurais ri au nez. Pourtant, dans ton cas c'est vrai : ta beauté intellectuelle est encore plus désirable que celle corporelle.

Je divague mais c'est parce que j'ai tant de choses à te dire, ... tellement.. et ces mots tu aurais tant voulu les entendre alors je les dirais pour nous à tout le monde. Malgré toute l'attention que tu me portais, je ne pouvais dire un mot en ta parole, j'étais tétanisé, j'avais en moi peur d'effacer à jamais par mon interruption toute ton inspiration, j'avais peur que tes idées si inspirantes et enivrantes disparaissent à l'entente de mes mots à peine éclos.. Et aujourd'hui, je ne les trouve plus, même si tu te tiens là devant moi, l'inspiration, le souffle de la vie, n'est plus. Il s'est approché trop près de l'horizon et a brûlé majestueusement. Mais il n'est plus que poussière. Si seulement tu pouvais transformer ces cendres en or. Tu raffinais toutes les choses que tu voyais, que tu touchais, que tu expliquais. Tel était ton passage : l'éclosion des fleurs sur le point de faner.

Adιευ (OS Vkook)Where stories live. Discover now