Chapitre **1**

13K 320 469
                                    

- Oh, gros, t'es debout ?

- Mmh, putain, maintenant oui !

Je retirai mon téléphone de l'oreille et snipai l'heure affichée sur l'écran. Dix-huit heures. Je repris ma conversation téléphonique avec mon poto Elyo :

- Tu veux quoi, je grognais.

Je tenais mon téléphone d'une main et jouais avec l'élastique de mon jogging avec l'autre.

- Soirée chez oim.

- Du coup, tu t'es dit que t'allais m'appeler déjà à six heures ?

- Désolé frère. J'avais besoin d'un volontaire pour m'accompagner acheter de la tise.

- T'as trouvé personne d'autre ?

- T'es le premier que j'appelle.

Je passai une main dans mes cheveux, soupirai un bon coup et prévins Elyo que je passerais le prendre pour sept heures. En me levant, je me souvins de ma fin de soirée. Bourré, foncedé, j'avais fini je ne sais comment sur le scoot d'Ormaz. Il avait tenté un vieux wheel' alors qu'il tenait à peine debout, on avait fini par se ramasser comme deux merdes. J'avais plusieurs égratignures aux bras, et deux gros bleus sur le ventre.

Devant le miroir de ma salle de bains, j'examinai les stigmates laissées par notre chute. J'allais enchainer sur une autre soirée ; pire encore. Elyo était toujours le plus chaud quand il s'agissait d'inviter du monde chez lui. Il prévoyait suffisamment de tise pour tout le 14e, et on repartait rarement de chez lui sans au minimum, deux grammes dans chaque bras. Plus tous les tarpés, ça promettait...

J'avais un mail de Flav, mon manager, qui m'informait que le lendemain, dix heures, je devais préparer la une pour un magazine hype. Je les enchainais ces temps-ci, les interviews et les shootings. Mon skeud sortait deux semaines plus tard, fallait soigner ma promo. Pour ça, Flav me bichonnait. Même si à la longue, répondre toujours aux mêmes questions pouvait parfois me gonfler.

Je filais sous la douche et réprimai un cri de douleur quand je me cognai le ventre contre la porte de la cabine, en voulant l'ouvrir. Rester dix longues minutes sous l'eau m'avait fait un bien fou. Devant mon miroir, j'avais inspecté mon visage. J'avais une infime écorchure sous ma mâchoire.

J'étais grave, je ne me souvenais pas m'être fait mal au visage. Parfumé, coiffé, j'étais retourné à ma piaule et j'avais pioché mon jean's Armani et mon hoodie Wrung dans tout mon bordel. La dernière go que j'avais ramené dans ma piaule n'avait pas pu s'empêcher de commenter ma vision très personnelle que j'avais du rangement. Tant que je m'y retrouvais, j'en avais rien à carrer du reste.

***

- Yo mec ! Remis ?

- Pourquoi tu dis ça ?

- T'es parti hier soir, tu faisais pas le malin.

- Ouais, on s'est viandé avec Ormaz derrière chez moi quand il m'a ramené.

- En scoot ?

- Ouaip, je répondis en même temps que je me grillai ma première clope de la journée.

- Putain, les tocards !

- Ta gueule, je marmonnai.

Je tirai sur ma garette, inspirant longuement chaque bouffée de nicotine. Il avait mis la radio. Mon crâne, lourd, me faisait mal. C'était quoi cette décharge que je m'étais mise, encore ?

BunkoeurWhere stories live. Discover now